Le cyprès s’est brisé comme un minaret
et il s’est endormi
en chemin sur l’ascèse de son ombre,
vert, sombre,
pareil à lui-même.
Mahmoud Darwich était l’un des plus grands poètes arabes. La Palestine lui fera des funérailles nationales à Ramallah et a décrété un deuil de trois jours mais en France, qu’est-ce que la mort d’un poète? Une brève dans le JDD, une annonce rapide en fin du 20h plus de 24 heures après sa disparition… Il faut dire qu’entre J.O. et guerre en Géorgie, l’info ne manque pas de sujets. L’info surtout télévisée, telle qu’elle est diffusée aujourd’hui, c’est un zoom qui grossit démesurément, donc déforme pour mieux désinformer! Rappelez-vous, lors de la libération d’Ingrid Bettancourt, la mort de deux jeunes étudiants français à Londres a été reléguée à la portion congrue. En tant de disette, elle serait passée en boucle. Bien, me direz-vous, et Mahmoud Darwich? Il était au théâtre de l’Odéon le 7 octobre dernier pour lire ses poèmes en arabe et c’était comme une émouvante musique… Pas besoin de comprendre le texte, cela faisait sens par la seule puissance de sa présence, de sa voix si particulière qui savait subjuguer le public. Ses mots, bien sûr, vont poursuivre leur chemin… mais l’absence de cet homme de paix va laisser un grand vide.
Le poème Le cyprès s’est brisé est paru dans le recueil Ne t’excuse pas publié chez Sindbad – Acte Sud
Merci pour ce témoignage à la mémoire de celui qui, immense poète, a écrit :
« ….J’ai deux noms qui se rencontrent et se séparent, deux langues, mais j’ai oublié laquelle était celle de mes rêves…. »
et
« Nous souffrons d’un mal incurable : l’espoir »
et encore
« …Dépose ici et maintenant la tombe que tu portes et donne à ta vie une autre chance de restaurer le récit….. »
et aussi
« ….Une soldate me crie soudain :
Encore toi ? Ne t’ai-je pas tué ?
Je dis : Tu m’as tué … mais, comme toi,
j’ai oublié de mourir. »
Merci, Danièle de m’avoir, moi l’anonyme, offert ce réconfort bienfaisant de lire quelqu’un qui dit qu’elle a aimé Mahmoud Darwich.
Kalecik Karasi