Mais qui veut la peau du renard ? C’est sous ce titre qu’est paru aujourd’hui le contre-article que nous avions demandé. Perso, je le trouve bien condescendant. Rémy Beurion donne à fond dans les clichés. Selon lui, les membres du « collectif réuni par Nature 18 » (mais qui sont-ils ? le public ne le saura pas) auraient insisté en ces termes « la pauvre bête n’est pas à jeter aux chiens. » No comment. On lit aussi que le renard se nourrit de 3 à 400 rongeurs par an mais en réalité, c’est 3 à 4000! Le service rendu aux agriculteurs n’est pas tout à fait le même! Est-ce donc si difficile de rendre justice à cet animal? Enfin, le journaliste prend un malin plaisir à en rajouter sur l’opposition naturalistes-chasseurs.
L’ennui, c’est que ce deuxième article, paru en page 7, ne modifiera que de manière infime l’impact de la « une » initiale dont le message a été reçu par un nombre de personnes dépassant largement le lectorat du Berry. Le mal est fait: le renard a été désigné comme le coupable et c’est bien connu, la foule crie toujours « Mort au coupable ». C’est là, la force du lobbying. Les chasseurs sont peu nombreux mais fort bien organisés.
Nous, les naturalistes, et, plus largement, les écologistes, nous n’avons bien souvent comme arme à notre disposition que notre sincérité et cela ne pèse pas lourd face à une stratégie bien rodée. C’est pourquoi le travail réalisé par des associations totalement indépendantes comme l’Aspas est fondamental. La bataille juridique est incontestablement le seul recours efficace face à l’arrogance et au mensonge. Mais c’est long.
Quant à nous, journalistes, nous nous devons de détricoter les scénarios basés sur la manipulation des informations et nous avons fort à faire. Zoomer sur un fait, c’est déjà déformer donc désinformer. Et taire une partie des infos, c’est déjà du mensonge. Déformer ou nier les données scientifiques est une autre stratégie encore plus insidieuse. Mais il n’existe aucun scrupule lorsqu’il s’agit d’orienter la pensée collective et d’affaiblir les résistances. Je me prends quelquefois à rêver d’un monde qui passe derrière le miroir et où tous les succédanés de notre société de consommation se déliteraient. Et je me surprends de plus en plus souvent à faire un petit pas de côté pour sortir du somnambulisme ambiant.