Rougequeue à front blanc

Rougequeue à front blanc

Ce bel oiseau enchante mon été. Il a niché dans un muret de pierre. J’ai assisté à sa parade nuptiale. Le couple dansait dans des battements d’ailes éblouissants. Et puis, tandis que sa compagne couvait, « mon » rougequeue à front blanc traînait esseulé. Un jour, le couple s’est enivré des derniers rayons du soleil. Je me suis dit que les oisillons devaient être nés. Elle, étant plus discrète et pouvant facilement se confondre avec les femelles de Rougequeue noir, c’est surtout lui que je remarque. Le matin, lorsque je prends mon petit déjeuner, il apparaît et se pose en hauteur à quelques mètres de moi, bien exposé dans la lumière. Puis il pique vers le sol s’emparant d’une proie, invisible pour moi. Depuis quelques temps, la famille habite mon jardin, les parents et deux jeunes arborant leur livrée mouchetée. Hier, l’un d’eux s’est posé innocemment à moins d’un mètre de moi. Le jeune écervelé n’avait pas dû me voir. Il m’a observé dans mon immobilité et, tout à coup,  s’est envolé. Cette beauté joyeuse offerte quotidiennement me remplit de bonheur et de gratitude. J’ai conscience de la chance de pouvoir bénéficier de ce spectacle gracieux mais plus encore celle de l’apprécier. Cela me libère sans aucun effort des tentations du consumérisme ambiant. Voilà exactement 5 ans aujourd’hui que je vis à la campagne et ma vie dans cette sobriété heureuse si chère à Pierre Rabhi est légère et, j’ose l’écrire, magique.