Je vous présente mon nouveau livre qui vient de paraître aux éditions Jouvence. Les abeilles vont-elles disparaître ? Où sont passé les papillons ? Des questions que tout le monde se pose aujourd’hui. Les chiffres sont terrifiants : selon une étude allemande publiée en octobre 2017 dans la revue PLoS One, 75% des insectes ont disparus en 30 ans. En France, une étude en cours menée par le CNRS de Chizé (79) constate également un effondrement des populations d’insectes depuis 2000 sans être encore en mesure de donner des chiffres. Selon un rapport de l’Agence européenne de l’environnement, entre 1990 et 2011, les populations de papillons en Europe ont diminué de presque 50 %. Bref, toutes les études convergent : le déclin des insectes est bien réel et s’est accentué ces cinq dernières années. Dans ce livre où l’on découvre aussi la vie des insectes, je donne quelques clefs pour essayer de les aider, à son niveau, dans son jardin, en leur offrant le gîte et le couvert.
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Accueillir les insectes dans mon jardin – ma contribution à la biodiversité, éditions Jouvence, 125 pages, 8,90 €
Et voici le texte de l’introduction « Les insectes : un monde magique à préserver de toute urgence » agrémenté de quelques images :
La nature réserve de merveilleuses surprises pour ceux qui sont à son écoute. Apprendre à observer les insectes et découvrir leur comportement nous permet de mieux les comprendre et donc de mieux répondre à leurs besoins. Toutes les abeilles ne vivent pas dans des cités de cire sous le regard attentif des apiculteurs. Des milliers d’abeilles méconnues, dites sauvages, construisent leurs villes dans le sable ou sous terre. D’autres, solitaires, cachent leurs œufs dans des coquilles d’escargots ou des cigares en feuille de rosier. Comme vous allez le découvrir dans ce livre, la diversité des abeilles est incroyable. Elles se sont adaptées à tous les climats et à toutes les fleurs. Il n’y a qu’une chose pour laquelle elles ne réussissent pas à faire face : l’essor d’une autre espèce sociale, un bipède ravageur qui perturbe tout sur son passage à grand coup de chimie et d’égoisme.
La disparition des abeilles est un sujet préoccupant qui fait souvent la une des journaux télévisés. De fait, l’enjeu dépasse largement le miel de nos tartines. Tout autour du monde, les abeilles fécondent gratuitement les fleurs de la plupart de nos fruits et légumes. Des chercheurs ont fait de savants calculs : les bénéfices liés aux insectes pollinisateurs sont estimés à 4 milliards d’euros en Europe et à 15 millliards aux États-Unis. Les études montrent que le déclin des pollinisateurs menace au moins 35 % de l’approvisionnement alimentaire mondial.
Il n’y a pas que les abeilles qui vont mal mais tous les insectes, les auxiliaires comme les coccinelles et les chrysopes qui régulent les ravageurs et les recycleurs qui contribuent à la bonne santé de la terre. De fait, dans la nature tout est lié. Aucun animal sauvage ne peut vivre sans le milieu naturel dans lequel il se nourrit et s’abrite. L’ensemble des êtres vivants qui l’occupent y compris les microbes constituent un écosystème : les fleurs sont fécondées par des insectes butineurs, les plantent nourrissent des herbivores qui nourrissent à leur tour des carnivores. Leurs déchets sont recyclés par de petites bêtes et retournent à la terre sous la forme d’un engrais grâce auquel poussent les végétaux. Chaque maillon de cette chaîne alimentaire doit être préservé, sinon c’est le système entier qui est désorganisé.
Beaucoup d’entre nous se réfugient derrière un « aquabonisme » et demeurent passifs pourtant on peut encore espérer inverser la tendance. L’action peut être quotidienne en assurant l’accueil des insectes. Fabriquer un hôtel à insectes, des nichoirs et des abris selon les besoins des espèces, est à la portée de tous. Ces quelques aménagements rendront service aux abeilles et guêpes solitaires qui connaissent une véritable crise du logement. Leur assurer le gîte est une première étape, il ne faut pas oublier le couvert. Chacun, dans son jardin, sur sa terrasse, son balcon et même sur son rebord de fenêtre peut créer un environnement accueillant pour les insectes sauvages. Cultiver son jardin au naturel, sans insecticides et autres biocides, en intégrant une grande diversité de plantes et en laissant fleurir les sauvageonnes, ce n’est pas très difficile. Il suffit de passer à l’acte.
3 juin 2019 © Danièle Boone
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