Tous les articles par D.B.

La Rivière de Dominique Marchais

Ce beau documentaire contemple la rivière. Le son ? Le flot qui coule et les chants d’oiseaux. Bientôt une silhouette se détache, anonyme. La caméra se rapproche. C’est un membre d’une équipe associative qui ramasse des fragments de plastique. La collecte est pesée, analysée. On continue le parcours entre paysages et rencontres : des pêcheurs, militants associatifs, chercheurs et chercheuses en biologie ou climatologie, étudiants, éleveurs et agriculteurs, naturalistes. Des choses sont dites sur la pollution, la politique, les changements, l’avenir, sur les nappes, tout un système d’autant plus compliqué qu’on ne le voit pas.
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Vertige – Dix ans d’enquêtes sur la crise écologique et climatique

La revue dessinée a rassemblé dans ce livre dix enquêtes sur la crise écologique et climatique publiées entre 2017 et 2023. Quelle bonne idée ! On les (re)lit avec un grand plaisir même si elles donnent franchement le « Vertige », titre donné à l’ouvrage.

Résultat de dix ans de travail, le tour d’horizon est sévère mais parfaitement réaliste : les stratégies des grandes entreprises et des lobbies (Et pourtant Total savait ; Alerte aux algues vertes, le poison des Antilles), les dégâts du réchauffement climatique (Suivez le guide; Un dégel glaçant), les fausses mesures pour sauver la biodiversité (Le choix du koala; Nature à tout prix), la gabegie numérique (Les crimes du mobiles), les limites de la planète (Hors limites; La fin d’un monde ?). Chaque sujet est actualisé dans une double page intitulée tout simplement « Aujourd’hui » qui clôt les différentes enquêtes.

Qualité des reportages et des dessins dont le style est différent selon les auteurs sera apprécié de tous les amateurs de romans – on dira plutôt nouvelles – graphiques mais aussi de tous les citoyens en quête d’informations justes. Malgré les difficultés d’exercer leur travail de plus en plus entravé, les journalistes dénoncent notamment l’énorme inertie de l’État voire ses mensonges. Un livre qui pourrait saper le moral et provoquer un surplus d’écoanxiété, mais qui dope aussi la révolte et l’envie d’agir. Et la bande dessinée est particulièrement intéressante pour traiter ces graves sujets.

La revue dessinée, 228 pages, 24,90 € – www.larevuedessinee.fr

Un plan loup à contre courant

C’est comme si plus les signes du dérèglement climatique et de la baisse de la biodiversité sont visibles, plus nos gouvernants prennent des décisions suicidaires. Récemment nous avons dépasser la limite planétaire du cycle de l’eau, celle qui coule dans les cours d’eau, les lacs, les nappes phréatiques. La notion de limite planétaire est développée depuis 2009 par le Stocholm Resilient Center.  Neuf grands processus biophysiques et biochimiques dont la perturbation par les activités humaines menace la stabilité et la résilience du « système Terre » ont ainsi été répertoriés. Nous venons donc de dépasser le 6ème. Les hydrogéologues tirent les sonnettes d’alarme sur le fait que les nappes phréatiques ne sont plus remplies pendant l’hiver. Mais nos gouvernants et leurs partenaires économiques continuent à promouvoir les mégabassines au prétexte justement de l’abondance d’eau de l’hiver, de l’eau perdue disent-ils ! Ce n’est même plus une solution à court terme, c’est une fuite en avant et, plus grave, du vol organisé d’un bien commun vital, l’eau !

Aujourd’hui, mais ce n’est pas nouveau, le complot est contre le loup, bouc émissaire qui cache le lamentable état de l’élevage d’ovins en France avec ses troupeaux toujours plus grands, abandonnés à eux mêmes, qui surpâturent les estives déjà mises à mal par la sécheresse et la canicule. Donc l’État vient de rendre public le plan d’action national loup 2024-2029, un document scandaleux. « Les points d’engagement de l’État concernent la modification du statut du loup et son déclassement d’espèce strictement protégée, la facilitation des autorisations et modalités de tirs, aboutissant à une augmentation des destructions de loups à proximité d’élevages subissant très peu d’attaques. Alors que ce PNA (plan national d’action) devrait garantir la bonne conservation de l’espèce en France tout en assurant le soutien et l’accompagnement du pastoralisme, il n’est fait mention que des impacts négatifs de la présence du loup et pas des bénéfices qu’elle apporte, notamment pour la régulation des populations de grands ongulés nécessaire au bon fonctionnement des écosystèmes forestiers. En outre, ce plan contient de nombreuses inexactitudes et des affirmations mensongères, en particulier sur l’état de conservation de l’espèce en France et sur le bilan des dommages. »

Je comprends et soutiens donc les 6 organisations de protection de la nature (dont je viens de citer un extrait de leur communiqué de presse), WWF, LPO, FNE, FERUS, ASPAS, Humanité & Biodiversité, représentées au Groupe National Loup  qui ont décidé leur retrait de cette instance consultative. Force est de constater que tous les efforts de dialogue des défenseurs de la vie sur terre, et cela dans toutes les instances administratives, tout comme la voix de la population à travers les enquêtes publiques, sont sans cesse bafoués. Mais, du coup, se pose la question de comment agir maintenant ? Face au constat de l’absence totale de démocratie au profit du système oligarchique du moi d’abord, peut-on échapper à la radicalisation des luttes ?

Nature Nièvre : l’ascalaphe soufré

Ascalaphe soufré

L’ascalaphe est un curieux insecte entre papillon et libellule. Leur corps est poilu comme celui d’une mouche et leurs ailes sont élargies comme celles d’un papillon mais avec une nervuration de libellule. Ils ont une envergure allant de 4 cm et demi à 5 cm et demi. En gros, on dirait des libellules ayant emprunté leurs ailes à des papillons.

Si les ascalaphes semblent être un croisement entre odonates et lépidoptère, c’est biologiquement impossible. Ils appartiennent à la famille des Névroptères soit mot-à-mot « à ailes nervurées ». Cet ordre d’insectes est méconnu du grand public. On y trouve une bonne dizaine de familles dont les les fourmilions et les chrysopes ou « mouches aux yeux d’or ». Les ascalaphes sont carnivores. Ils consomment de petites proies, principalement des diptères, tels que les mouches, les moucherons et les moustiques. Ces prédateurs actifs se déplacent en escadrilles et capturent les insectes en plein vol.

Donc si vous croisez une bestiole volante qui n’est ni une mouche ni un papillon ni une libellule mais, en même temps tout cela à la fois, vous serez sans doute face à un ascalaphe. En Bourgogne et en Berry, vous rencontrerez probablement un ascalaphe soufré, l’espèce la plus courante dans ces régions. Dans tous les cas, observer un de ces superbes insectes qui passe comme un éclair jaune au vol chaloupé et agile, est toujours un moment de grâce inoubliable.

écouter la chronique (7′15″)

La dissolution des soulèvements de la terre

En octobre 2021, paraissait Qui veut la peau des écolos ? le livre que j’ai co-écrit avec Marc Giraud. Depuis, les exemples d’écolobashing se multiplient. La dissolution des soulèvements de la terre, en est un nouvel acte. Tout simplement, écœurant !

Je vous renvoie à Macron déteste la jeunesse, l’excellent édito de Hervé Kempf  paru ce jour sur Reporterre.

« Il faudrait donc se taire et accepter des autoroutes absurdes. Il faudrait se taire et accepter l’accaparement de l’eau par l’agro-industrie. Il faudrait se taire et accepter la bétonisation généralisée. Se taire et accepter le doublement du trafic aérien. Se taire et admirer les milliardaires Musk, Arnault et Bezos. Se taire et accepter qu’il faille s’adapter à +4 °C de réchauffement sans que soit sérieusement engagée la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Se taire, se taire, se taire. »

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