La journaliste Inès Léraud et le dessinateur Pierre Van Hove , le duo très remarqué de « Algues vertes.» réitèrent sur le sujet du remembrement. Cette gigantesque redistribution des terres effectuée dans les années 1950 – 1970 avait pour but de soumettre l’agriculture à l’industrie sous prétexte de modernité et de rendement. Fini l’agriculture vivrière et l’autonomie paysanne, place aux machines et aux producteurs de matières premières pour l’industrie et consommateurs de produits manufacturés dont les engrais et autres produits phytosanitaires. Nombre de petits paysans ont disparus. C’est à l’histoire de ces perdants que se sont intéressés les auteurs accompagnés de Léandre Mandard, doctorant en histoire, préparant une thèse sur le sujet.
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livres, films, émissions, expositions
Les fous sont partout !
Figures de fou est une exposition passionnante que je suis allée voir lors d’une escapade parisienne. Les fous sont partout dans l’art du XIIIe au XVIe siècle puis ils reviennent au XIXe. Les fous d’hier sont-ils ceux d’aujourd’hui interroge cette exposition magistrale du musée du Louvre qui rassemble plus de 300 œuvres.
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La Suède sauvage de Bruno Liljefors
Bruno Liljefors a consacré l’essentiel de son œuvre aux animaux sauvages observés dans leur environnement naturel. Célèbre dans son pays, la Suède, il est inconnu en France. Au Petit Palais, une centaine d’œuvres, peintures, dessins et photographies retracent la carrière de cette grande figue de la peinture animalière de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.
Bruno Liljefors a grandi à Uppsala, une ville au nord de Stockholm, entourée de vastes étendues sauvages. L’enfant est de santé fragile. Ses parents l’incitent à passer un maximun de temps à l’extérieur pour fortifier son corps et à multiplier les exercices et épreuves d’endurance. Il devient gymnaste et acrobate ce qui lui permet de grimper dans les arbres, parfois à des hauteurs vertigineuses, pour y faire des affûts au plus près des oiseaux nicheurs. Mais il a l’âme naturaliste et sait rester immobile et silencieux pour se faire oublier et ne pas déranger. Il est ainsi en mesure de visualiser les moindres détails de la vie des animaux au quotidien. Armé de crayons et de carnets de croquis, il immortalise ce qu’il observe. J’ai adoré !
La longue route de Bernard Moitessier
C’est un livre mythique, un de ceux dont la lecture marque et transforme. Lorsqu’en 1968, le Sunday Times organise la première course en solitaire, sans escale, sans aide extérieure, ni ravitaillement, en doublant les trois caps – Bonne-Espérance, Leeuwin et Horn, ils sont neuf à se présenter au départ, dont Bernard Moitessier. Après avoir presque bouclé son tour du monde, il choisit de ne pas rentrer en Europe où il avait de grandes chances de terminer en vainqueur, et poursuit sa route. C’est, à l’époque, le plus long voyage en solitaire – 37 455 milles sans toucher terre – dix mois seul entre mer et ciel, avec les dauphins, les poissons volants, les oiseaux et les étoiles.
Dix mois face à l’essentiel, soi-même, sans miroir complaisant, dix mois à ressentir la mer, séduisante et paisible, furieuse et impitoyable, dix mois à vivre la frugalité dans son corps. Comment après tout ça revenir dans l’imposture de la société de consommation irrespectueuse du vivant ? « Le grand bateau est loin devant. Il n’a pas encore gagné cette course, mais si nous ne tenons pas le bord suicide, il la gagnera, c’est réglé d’avance. Et lorsqu’il l’aura gagner la planète sautera. Ou bien l’homme sera devenu un robot décérébré. Ou encore, ce sera les deux à la fois : l’homme robot téléguidé pullulera sur la Terre, et ensuite notre planète s’en débarrassera comme on se débarrasse de la vermine. (…) Et tout le cycle sera à recommencer, le Monstre aura gagné, l’humanité aura perdu. » Bernard Moitessier choisit donc de poursuivre. « La terre s’éloigne. Et maintenant c’est une histoire entre Joshua (son bateau) et moi, entre moi et le ciel, une belle histoire à nous tout seul, une grande histoire d’amour qui ne regarde plus les autres. »
Voilà pour l’histoire car le livre, c’est aussi un hommage à la beauté et un hymne au vivant. Bernard Moitessier parle certes de technique mais les non navigateurs, comme moi, n’en sont pas gênés. L’écriture est si belle, si vraie, si poétique. C’est un enchantement. Cette réédition est illustrée par de nombreuses photos car tout au long de sa course, Moitessier était aussi en mission pour le Sunday Times qui lui avait confié de la pellicule. Il a photographié et filmé notamment les oiseaux et mammifères marins. Il y a aussi des images avec son épouse Françoise, ses amis, durant la préparation… Et comble de raffinement pour ce très beau livre : c’est une vraie photo de Bernard sur son bateau Joshua qui est, non pas imprimée, mais collée sur la couverture.
La longue route – Seul entre mers et ciels de Bernard Moitessier, éditions Paulsen, 304 pages, 35 € – www.editionspaulsen.com
Le passe mondes Di Rosa à Beaubourg

Le peintre Di Rosa rêvait de voyager depuis qu’il était tout petit mais il ne s’imaginait ni dans la peau d’un touriste, ni dans celle d’un peintre voyageur à la Delacroix. Au début des années 1990, il trouve l’angle : aller à la découverte de savoir-faire d’autres cultures.
J’ai toujours beaucoup aimé ce peintre globe-trotteur, fondateur du MIAM (Musée des Arts modestes) à Sète et récemment élu à l’Académie des Beaux-Arts. Ce pionnier de la figuration libre fait une escale au centre Georges Pompidou jusqu’au 26 août pour une mini rétrospective haute en couleur, «Dirosienne » par excellence mais, hélas, bien trop courte puisqu’elle ne présente qu’une trentaine d’œuvres.