Chasse et grippe aviaire : le business avant les risques sanitaires

Les chasseurs ne pensent qu’à chasser et ne supportent aucune entrave à leur liberté de tuer même des «cocottes » élevées et lâchées juste avant d’être tirées pour cause de grippe aviaire. Oui, mais voilà, ça rapporte, et pas seulement de l’argent, mais aussi des chasseurs ! Peu leur importe que ce gibier d’élevage ne soit même pas capable de s’enfuir. Les adeptes des «.chasses à la cocotte » paient pour tuer, et ils veulent du gibier, beaucoup de gibier. Quatre cent cinquante établissements inscrits au registre du commerce proposent ainsi des prestations de services cynégétiques sous forme d’actes de chasse réalisés en contrepartie d’une rémunération. Ils achèteraient 55 % du petit gibier aux quelque neuf cents à mille éleveurs de gibier, ou cynégéculteurs, qui produisent chaque année environ dix-huit millions de faisans, cinq millions de perdrix et un million de canards colverts.

☞ De la même manière, face à l’interdiction de l’utilisation des appelants, des oiseaux captifs qui attirent leurs congénères libres, pour la chasse au gibier d’eau, mesure de prévention anticipe un potentiel contact avec des oiseaux sauvages contaminés, la Fédération nationale des chasseurs a contesté cette décision du ministère de l’Agriculture devant le Conseil d’État « l’iniquité de ces mesures sanitaires ». Dans son communiqué de presse, la FNC précise que « les chasseurs ont un rôle d’utilité publique de sentinelle de l’état sanitaire de la faune sauvage », arguant qu’« interdire le transport d’appelants revient à priver la nature de l’observation attentive des milieux naturels par les chasseurs de gibier d’eau ». Un raccourci pour le moins osé ! Est-ce à dire que seuls les chasseurs savent observer attentivement les milieux naturels ? Les jumelles et longues vues des gardes et autres naturalistes seraient-elles moins efficaces que les fusils ?

Si les chasses à la «cocottes » divisent le monde de la chasse, préserver le nombre de chasseurs semblent faire consensus. Le nombre des titulaires de permis validés diminue d’environ 3 % chaque année depuis une vingtaine d’années. Leur nombre pourrait même passer au-dessous de la barre du million lors de cette saison 2020-2021. Loin, donc, des représentations du président Emmanuel Macron, qui pensait encore, début décembre, qu’ils étaient des millions. Voir mon article sur ce blog.

J’ai écrit une tribune sur ce sujet parue aujourd’hui sur Reporterre ☞ .lire la tribune