Chasseurs : tout est vraiment permis !

Il y a quelques jours, un membre d’une association nature à laquelle j’appartiens me faisait part d’un article paru sur le site de la fédération de chasse. Dans cet article, les chasseurs se vantent d’avoir obtenu tout ce qu’ils voulaient lors de l’entretien qu’ils ont eu avec Ségolène Royale. Et cet article ne mentionne pas le fait que, le 25 janvier,  Ségolène a déclaré à l’Assemblée nationale que  les oies pourront être chassées dix jours de plus après après la fermeture officielle de cette chasse (31 janvier) !

Hier, j’étais à un séminaire de travail à Orléans en vue de la mise en place de l’agence régionale de la biodiversité (ARB). Lors d’un atelier où il nous était demandé de donner des exemples d’échanges qui fonctionnent bien entre les différents acteurs et d’autres qui, à notre avis, ne fonctionnaient pas bien, j’ai cité, pour le deuxième volet, l’exemple des fédérations de chasse avec lesquelles il était totalement inconcevable de remettre en cause le concept de « nuisibles », un concept pourtant fondamentalement en opposition avec celui de biodiversité. Quelques bonnes âmes m’ont répondu que les chasseurs participaient au maintien de la biodiversité en entretenant le paysages, maintenant les haies, etc.. et qu’on discutait avec eux. Je connais bien ce discours qui a l’art de me faire sortir de mes gonds. Bien, soyons donc des bisounours et laissons massacrer les renards, les fouines, les martres, etc… lesquels, en tant que prédateurs, jouent pourtant un rôle essentiel dans la chaîne alimentaire et donc, dans la biodiversité.

☞ Aujourd’hui, je découvre sur Reporterre.com que Alexandre Pugnet, un maraicher bio est poursuivi par Jacques Lapierre, un chasseur appuyé par la société de chasse de la Chapelle-Villars (Loire) et la Direction des territoires (DDT) de la Loire. Le chasseur était sur la propriété du maraîcher, en train de débusquer des renards dans le cadre d’une battue au renard menée par dix-huit chasseurs et organisée par la DDT. Le maraîcher n’avait pas été personnellement prévenu de l’opération qui allait se dérouler sur ses terres. Et oui, ce n’est pas obligatoire ! Mais c’était affiché à la mairie. Honnêtement, qui va régulièrement lire les infos affichées à la mairie ? Il faut savoir aussi qu’il existe une contravention d’obstruction à un acte de chasse !

Le paysan restaurait un chemin d’accès à une parcelle isolée de sa ferme en coupant des branches dans son bois, un travail on ne peut plus favorable pour la biodiversité. Le chasseur l’accuse de lui avoir foncé dessus avec son tracteur (c’est la parole de l’un contre la parole de l’autre) et donc, je cite l’accusation d’avoir exercé des « violences n’ayant pas entraîné d’incapacité totale de travail (ITT) avec une arme par destination. » Cette dernière expression n’est-elle pas un peu forcée ? Cela pourrait prêter à rire, tant c’est ubuesque mais Alexandre Pugnet risque trois ans de prison avec sursis, des travaux d’intérêt général et 100 000 euros d’amende. Cela est d’autant plus révoltant que, chaque année, des chasseurs qui utilisent, eux, des vraies armes blessent et tuent des promeneurs en toute impunité car c’est considéré simplement comme un accident !

La famille de l’agriculteur a lancé une pétition largement relayée par l’association pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap) du pays viennois. Si comme moi, vous êtes révolté par cet état de fait, je vous invite à la signer.

☞ lire l’article paru sur le site de la LPO sur le dépassement des dates officielles de chasse aux oies
☞ lire l’article paru sur le site de fédération nationale des chasseurs
☞ lire l’article de Reporterre
contravention d’obstruction à une acte de chasse
signer la pétition


01/02/2017 © Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte  est soumise à autorisation.