François d’Assise, Pierre Teilhard de Chardin et François Cheng, trois personnalités et un même amour de la Vie, de la Nature, de l’Homme et de l’esprit de Dieu. Une exposition à la mairie du XVIème et deux colloques, à Assise et à Paris, pour s’interroger sur le devenir du monde et de l’homme.
Quel monde bâtir ? Quel avenir pour l’homme et la terre ? Ces questions sont plus que jamais d’actualité au moment où le monde se débat dans une grave crise économique et écologique. Elles étaient déjà au cœur de la pensée de François d’Assise. Sept siècles plus tard, elles seront aussi au centre des préoccupations de Teilhard de Chardin qui révérait le Poverello et l’invoquait souvent dans ses prières. Grand admirateur des deux hommes, le philosophe François Cheng poursuit aujourd’hui une réflexion à la lumière de leur pensée. L’exposition est organisée par la fondation Pierre Teilhard de Chardin. Elle prend tout son sens avec les deux colloques qui l’encadrent, le premier à Assise du 14 au 17 octobre centré sur Saint François, le second au centre Sèvres à Paris, les 18 et 19 novembre plus axé sur Teilhard.
Retrouver l’amour de la création pour construire la terre dans la paix et la fraternité est sans doute la voie à suivre de toute urgence. C’est en tout cas le thème de réflexion proposé par les organisateurs. L’exposition présente douze scènes clefs de la vie de François d’Assise, patron de l’écologie, à travers les reproductions des fresques de Giotto. Le renoncement à tout bien terrestre malgré la colère de son père est l’une d’elles. Au XIIIe siècle, le choix de François s’oppose à l’avidité de possession des puissants. A notre époque d’hyper consommation où certains parlent de la décroissance comme seule issue, elle reste hautement symbolique. Et bien sûr, il y a aussi ce merveilleux prêche aux oiseaux. Dans notre société contemporaine qui a perdu ses repères et le contact avec la nature, cette communion avec les créatures qui la peuplent, dans sa simplicité, est une indication du chemin à prendre.
Le Père Teilhard de Chardin a été l’un des premiers à mettre en garde l’humanité contre le danger de « mettre la planète au pillage » selon sa formule et à annoncer la planétisation que nous connaissons aujourd’hui. La terre est ronde pour que l’amitié en fasse le tour a-t-il joliment écrit. On le découvre à travers de nombreuses photographies et trois sculptures dont le très beau portrait de Lucile Swan. Cette artiste américaine a mis son art au service de la science. Elle a notamment participé en Chine à la reconstitution du Sinanthrope de Choukoutien encore appelé l’homme de Pékin. C’est là qu’elle a rencontré le père Teilhard de Chardin qui était en effet un grand scientifique rattaché au Museum d’histoire naturelle. Deux autres sculptures montrent le géologue. Comme Saint François, le père Teilhard de Chardin était profondément illuminé de l’Esprit Christique, puisé dans le Verbe Incarné des Évangiles. Ils étaient tous les deux convaincus d’avoir à changer le monde dans lequel ils vivaient, par une théologie cosmique inspirée de Saint Paul et de Saint Jean avec le Christ Centre et terme de l’Univers, l’Alpha et l’Oméga, principe de la création du divin.
François Cheng, chinois d’origine, a choisi son prénom français en référence au saint d’Assise et, lors de son discours d’entrée à l’Académie française, il a cité le père Teilhard de Chardin. Ecrivain, philosophe, poète, il est aussi peintre et calligraphe. L’exposition présente une série de calligraphies directement inspirées par la spiritualité des deux hommes.
Exposition à la mairie du XVIème arrondissement du 23 au 30 octobre. 71 avenue Henri-Martin, Paris Tél : 01 40 72 16 16. ☞ plus d’infos
© Danièle Boone. Cet article est paru dans le numéro d’octobre du Messager.