Alain Favre, moniteur de ski et de raquettes à l’ESF (Ecole de Ski Français) de Courchevel me fait découvrir le quartier des mazots ou greniers à foin. Il en reste un en l’état. D’autres ont été transformés en habitation, mais, m’apprendra plus tard Sandrine, guide du patrimoine, le quartier des mazots a été conçu par Denys Pradelle, l’un des principaux architectes créateurs de Courchevel 1850. La plupart d’entre eux datent des années 1950. Le principe en était simple: il s’agissait de construire dans la forêt de petits chalets de 15 m2 inspirés de l’architecture traditionnelle afin de permettre les vacances à la montagne aux gens modestes. Le résultat: une trentaine de petits chalets et l’impression d’être bien loin de la grande station. D’emblée, j’entends plein de mésanges. Elles virevoltent d’une branche à l’autre à la recherche des graines de conifères. Il y a principalement les jolies petites huppées et quelques bleues. Elles remontent généralement en janvier. Cette année, elles sont donc fidèles au rendez-vous.
Par contre, cette année, les grives musiciennes ne sont pas là. La raison: les sorbiers n’ont pas fait de fruits. D’habitude, leurs boules rouges, péché mignon de ces oiseaux, éclatent sur le blanc de la neige. Avec un rayon de soleil, c’est superbe. Tout à coup, un cassenoix moucheté s’élance du haut d’un arbre. C’est un bel oiseau sombre, gros comme un geai. Ils sont d’ailleurs cousins et font partie de la grande famille des corvidés. La balade se poursuit. Alain, ancien bûcheron, connaît bien la forêt et ses habitants. Hélas, nous ne verrons que leurs traces. Il est trop tard dans la matinée et mon séjour est trop court pour pouvoir espérer voir le lièvre variable en tenue immaculée d’hiver. Ce n’est pas juste un souci d’élégance, c’est une manière de passer inaperçu lorsque tout est blanc autour de soi et donc d’échapper aux prédateurs. Pourtant souvent, dans ces tenues de camouflage inventée par la nature, une petite partie reste sombre. Ainsi, le lièvre variable garde un trait noir dans l’oreille, un détail qui peut trahir sa présence au regard perçant des rapaces. Mais, à réfléchir, eux aussi ont besoin de passer l’hiver! Il y a aussi des hermines. Comme elles sont très curieuses, on les voit assez facilement notamment du côté du col de la Lauze. Pareille pour les lagopèdes, vous savez ces gallinacés qui vivent en 1800 et 2500 mètres, et qui, le froid venant, troquent aussi leur habit d’été brun contre un blanc. Eux, c’est leur queue qui reste noire.
Dans le sous-bois que nous traversons, les traces de chevreuils sont nombreuses. Nous parlons mammifères, chamois, mouflons… Alain sait où se tiennent les bouquetins et me montre la direction. J’imagine facilement le groupe de quarante à cinquante individus et cela me met l’eau à la bouche. « Revenez, dit-il, on ira les voir ». Il me raconte aussi que près de Courchevel 1650, il y a une laie qui passe l’hiver avec ses marcassins. Elle sait que la nourriture ne manque pas. Des humains y veillent! Alain Favre aime la nature et la faune… Il en parle bien, simplement, lucidement et cette balade en sa compagnie est un vrai plaisir.
Nathalie Faure, la directrice de l’Office de Tourisme, m’a, elle aussi, fait rêver en me parlant du refuge du Grand Plan. Pour 40 €, on peut y dîner et y dormir dans de vrais lits. Je demande à mon compagnon de me raconter. Il se trouve dans le vallon des Avals juste en dessous de La Portetta, la montagne juste en face de nous. C’est dans le parc de la Vanoise. On peut le rejoindre en raquette depuis Courchevel 1650, trois heures et demi de marche. On peut y aller aussi en ski en une demie-heure. J’imagine bien passer là-haut, 2300 m, une nuit de pleine lune. J’ai fait cette expérience un hiver dans les Pyrénées. La lumière lunaire magnifiait totalement ce paysage de haute montagne et nous n’étions que trois à partager cela! Un grand, grand souvenir alors l’envie très forte d’aller tester ce refuge du Grand Plan. Un voyage prépare toujours un autre voyage… En tout cas, en venant à Courchevel, j’avais envie de découvrir une autre face de la station chic. Pari réussi, mais la nature s’offre toujours à qui la cherche. Alors si vous venez en famille – le domaine skiable est super – et que vous avez envie de vous échapper pour une plongée en nature, chaussez les raquettes. A 5 minutes de la Croisette, vous êtes seul, entouré d’arbres et de chants d’oiseaux!
Office de tourisme de Courchevel
26/01/2009 © Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte et des photos est soumise à autorisation