Des abeilles et des hommes

Une tête coiffée d’antennes apparaît. Les ouvrières s’affairent. Nous assistons à la naissance d’une reine. Telles sont les premières images, rares et précieuses, du documentaire de Markus Imhoof. Bien d’autres séquences sont époustouflantes notamment l’accouplement en plein vol d’une autre reine avec des faux bourdons.

Côté commentaire, le réalisateur a fait le choix de la sobriété. Pas de jérémiade, pas d’accusation. Nous sommes dans le constat. Et c’est fort. Il suffit d’écouter les paroles du businessman californien John Miller, du vieil apiculteur suisse jaloux de la pureté de ses abeilles de race alpine, de la Chinoise Zhang Zhao, qui pollinise les fleurs à la main faute d’insecte, ou de ce jeune couple de chercheurs suisses qui travaillent à une sauvegarde génétique des abeilles australiennes.  Markus Imhoof, petit fils d’un apiculteur et père de la jeune chercheuse qui travaille en Australie, s’attache à montrer l’interaction de l’homme et de l’animal. Et le constat n’est pas en faveur de l’homme, c’est le moins que l’on puisse dire.

Après avoir vu ce film, on ne peut qu’être convaincu de la responsabilité des hommes qui bafouent tout respect du vivant pour faire de l’argent. Les abeilles, comme tous nos animaux domestiques, ont été sélectionnées pour qu’elles soient travailleuses et faciles à gérer. Elles sont exploitées sans vergogne : on leur enlève leur reine et on leur demande d’en élever une cinquantaine, on divise les couvains pour multiplier les ruches, on les inonde de fongicide alors qu’elles sont en plein travail. Et on se demande encore ce qui tuent les abeilles ?


Evidemment, je vous recommande ce film pour le plaisir des images – les scènes sur la vie et le comportement des abeilles sont exceptionnelles – et puis, bien sûr, pour réfléchir, prendre conscience et surtout, agir. En changeant notre comportement de consommateur et/ou de jardinier, nous contribuerons à changer le monde et à sauver les abeilles. Espérons simplement qu’il ne soit pas déjà trop tard.


25/02/2013 © Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte est soumise à autorisation