Rien n’est plus étonnant et serein que les lacs de l’erg Oubari entourés d’une végétation luxuriante au milieu des sables clairs. Le lac Oum el-Ma est un joyau bleu nuit, serti de la couronne vert et or des palmiers et des sables. Son nom signifie « la mère de l’eau ». Sérénité et plénitude. Lors d’un après-midi de farniente à attendre le coucher du soleil, je me suis laissée couler dans le temps à écouter le bruit de l’eau, du vent dans les palmes, le chant d’un oiseau, toute une vie qui palpite. L’oasis n’est-il pas la préfiguration terrestre du paradis ?
L’Akakous est une symphonie de pierre et de sable, un délire noir et ocre. Cet immense massif de grès de 200 kilomètres de long et de 50 de large, continuation de la Tadrart algérienne, offre certains des plus beaux paysages sahariens.
D’étranges formes émergent : tours cylindriques, pitons à têtes arrondies, arêtes finement ciselées, montagnes tabulaires bordées de falaises rectilignes, arches gigantesques. Le sable d’or rose vient adoucir de ses ondulations lumineuses les massifs montagneux sombres et déchiquetés.
Ali, spécialiste es thé, prépare le délicieux breuvage avec moult transvasements car le thé, au Sahara, doit être « enturbané ». Sans mousse, il serait comme un Touareg sans cheich. Le premier thé développe une puissance forte comme la vie disent les Touareg. Le second est plus doux et le troisième carrément suave. C’est le thé préféré des femmes disent les hommes du désert. Selon les régions, il est parfumé, à la menthe dans le Maghreb, au clou de girofe au Moyen-Orient et à l’armoise dans le Sahara.
Du sommet d’une dune de l’erg Titersin, un grand oued est apparu serpentant dans les sables. Des acacias, des bosquets d’euphorbe, des touffes de camomille et de Zilla spinosa jettent sur les sables blonds la verdure de leur feuillage. Contrastes et beautés inattendues du désert.
Deux chameaux s’avancent, l’un blond clair, presque blanc, l’autre marron, conduits par un chamelier au pas mesuré. Dodo le salue. Les deux hommes, également minces, l’un vêtu d’une tunique d’un bleu lavande clair, l’autre d’un bleu vif, leur visage caché par des cheich blancs, se mettent à deviser tout en avançant. L’élégance des Touareg est quelque chose d’inné. Leur démarche lente et assurée, leur allure incroyablement fière, tout leur donne une apparence de princes du désert.
Tout est d’une beauté sans pareille, la lumière, les formes, les couleurs. Les dunes se pressent, se superposent en un étonnant mélange d’arêtes et de modelés, de vigueur et de courbes. Les sifs se découpent en des formes inépuisables. En s’élevant, le soleil crée des ombres et sculpte une œuvre tout en mouvement. De seconde en seconde, les formes évoluent, s’approfondissent ou se dérobent.
L’après-dîner en bivouac est consacré à l’observation des étoiles, aux palabres sur le programme du lendemain, à l’écoute, si Dieu le veut, du rire du chacal ou du cri du fennec. Ce soir, mes compagnons déroulent pour moi des énigmes à résoudre. Les Touareg adorent les proverbes, poèmes et devinettes qui traitent de leur univers. Qu’est-ce qui doit être sans cesse nourri mais qui meurt si on lui donne de l’eau ? Le feu, bien sûr, aussi indispensable que l’eau pour la survie dans le désert.
Tous ces textes et photos ont été publiés dans mon livre « Libye, destination de Légende » éditions de Lodi, 224 pages, 172 photos, 245×350 mm, 45 €
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Envie de partir?
Mieux vaut être organisé pour se rendre dans le désert. Choisissez un voyage à pied. Votre empreinte écologique en sera moindre. Théodore Monod, l’un des grands défenseurs de ce monde fragile, conseillait « d’entrer au désert comme on entre dans une église, avec révérence. »
Du Wadi Rum jordanien, un délicieux petit désert de type saharien, le plus beau selon Lawrence d’Arabie, idéal en tout cas pour s’initier, au désert des Wahibas, 350 km de dunes qui se jettent dans la mer, au sultanat d’Oman, en passant par le Grand Erg tunisien, les Hauts-Plateaux yéménites, le désert blanc égyptien… j’ai toujours été émerveillée par la diversité des paysages et des hommes.
Des voyagistes engagés, respectueux de l’environnement et des populations locales, forts d’une longue expérience, proposent des séjours de qualité dans tous les déserts du monde. Mes préférés: Allibert, Atalante, Déserts
© Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte ou des photos est soumise à autorisation
Parler du désert,ne serait-ce pas d’abord, se taire, comme lui, et lui rendre hommage non de nos vains bavardages, mais de notre silence ?..
Gloire à DIEU qui a tout façonnné à la perfection .
Juste un conseil, pourriez vous me dire quelles sont les focales des objectifs les plus adaptées à la photo dans le désert pour un reflex numérique. Merci infiniment.
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Tout dépend ce qu’on veut faire. Il y a ceux qui adore le grand angle.
Personnellement, j’ai utilisé deux zooms, un 28-70 et un 80-200.
Et j’ai deux boîtiers, cela évite de changer les objectifs, important avec le sable qui rentre partout.
Je suis équipée en Nikon.
Tes photos font rêver… on risque de tous se retrouver dans le désert… Gardes ce secret pour toi !
Depuis de nombreuses années, je rêve d’une escapade dans le désert avec de vrais touaregs, des bivouacs sous les étoiles et surtout y faire des photos… en attendant je vais acheter ton livre….
Si jamais c’est envisageable de partir avec toi dans le désert … fais moi signe …