La population mondiale devrait passer de 6,8 milliards (aujourd’hui) à 9,1 milliards en 2050 selon l’ONU, soit 2,5 milliards de bouches à nourrir en plus auxquelles il faut ajouter le milliard qui ne mange toujours pas à sa faim actuellement. Selon un rapport diffusé hier par la FAO (Food and Agriculture Organisation) l’agriculture mondiale doit relever ce défi en augmentant sa production de 70%. Pour y parvenir, l’organisme onusien compte sur un accroissement des rendements et des surfaces cultivées. La surface cultivée actuelle est de 1 500 millions d’hectares (source FAO) et près d’une personne sur six ne mangent pas à sa faim. Pascal Farcy dans son article ( cf Univers- Nature) met en doute le fait que les 120 millions d’hectares supplémentaires préconisés par la FAO puissent suffire à nourrir 2,5 milliards de personnes en plus. Quant à l’augmentation des rendements, on constate plutôt leur stagnation. De plus, le rapport de la FAO semble ne pas tenir compte des 5 à 7 millions de terre arable perdus chaque année ni de l’énorme pression que fait peser l’élevage sur la production agricole – 37% des céréales mondiales sont destinées à l’alimentation des animaux d’élevage. Enfin, elle ne fait aucune mention ni du détournement des surfaces agricoles pour la production d’agro-carburants avec ses dramatiques conséquences (augmentation de la faim dans le monde) ni de l’influence du changement climatique sur les conditions de cultures. Un forum d’experts (universitaires, chercheurs, représentants d’ONG et du secteur privée…) doit discuter des stratégies à mettre en œuvre pour relever cet énorme défi les 12 et 13 octobre prochain. On peut ce demander ce qui peut en ressortir. Ne sommes-nous pas devant le mur et n’est-ce pas faire l’autruche que de chercher une solution en dehors d’un changement total des comportements, la seule issue possible?
De fait, nous en sommes loin comme en témoigne le rejet avant-hier d’une proposition de la Commission Européenne visant à soutenir l’inscription du thon rouge à l’annexe I de la Convention sur le commerce international des espèces menacées d’extinction (Cites). En effet, tous les pays riverains de la Méditerranée, la France entre autres, se sont prononcés contre. Pourtant, après la conclusion du Grenelle de la mer, le président Sarkozy s’était engagé dans son discours au Havre du 16 juillet à soutenir l’inscription du thon rouge à la Cites, certes sans préciser quelle annexe. L’inscription en annexe I signifie l’interdiction du commerce du thon rouge à l’échelle internationale ; l’inscription en annexe II augmente les mesures de protections mais n’interdit pas totalement le commerce. Pas grave, mangeons, mangeons et après nous, le déluge !
Au moment même où le thon rouge était, d’une certaine manière, condamné, notre président se targuait d’un nouveau beau discours aux Nations Unies : « rien ne serait pire qu’un compromis médiocre » et encore, il faut « éviter une catastrophe écologique planétaire ». Tant que les beaux mots ne seront pas suivis de mise en pratique, on marchera sur la tête ! Et jusqu’à maintenant, lors de cette semaine du climat de New York, aucune avancée sérieuse se dessine… Il est peu probable que d’agréables surprises surgissent dans les deux jours qui restent. Le sommet de Copenhague (décembre 2009) dont la mission est de trouver une suite au protocole de Kyoto s’annonce donc d’ores et déjà pas facile.
Plus d’infos:
– www.fao.org
– Protection du Thon rouge, la France attaquée pour son manque de fermeté, Le Monde
24/09/2009 © Danièle Boone
En toute franchise, je ne comprends pas vraiment à qui s’adresse ce « coup de gueule » ?
Vise-t-il la FAO et les Nations unies ? Si le reproche que vous leur adressez porte sur le fait de produire un rapport , ce serait assez étrange : l’une des missions assignées à ces agences, c’est précisément d’être un forum entre les près de leurs 200 Etats-membres, ce qui implique la production de rapports, d’études, de recensements, etc … Le leur reprocher me semble donc incohérent et pour tout dire, incompréhensible !
Maintenant, si le reproche concerne les objectifs chiffrés (que vous jugez irréalistes), à mon humble avis, chère Madame, et avec tout le respect que je vous dois, vous n’êtes probablement pas vraiment compétente pour en juger ; le rapport de la FAO est un document provisoire que cette institution soumet comme base de discussion à ce forum d’experts qu’elle organise en octobre — Pourquoi avoir omis de préciser clairement dans votre texte que ce forum d’experts est justement organisé par la FAO ?
Une question peut-être indiscrète : pourquoi ce ton presque hargneux à l’égard de la FAO et de l’ONU ? Auriez-vous un compte (personnel) à régler (un contrat qui vous aurait été refusé ? un recrutement que vous espériez et qui vous aura échappé ?) ?
(Cher monsieur, certes je parle de la FAO et de l’ONU mais aussi de l’Union Européenne. Je ne cherche pas la polémique pour la polémique. Je constate seulement que devant l’urgence avérée, tous ces forums, toutes ces discussions aboutissent rarement à des solutions efficaces. Peut-on espérer nourrir 2,5 milliards de personnes supplémentaires en 2050 sans changer fondamentalement notre comportement ? Dire qu’il faut augmenter la production agricole de 70%, c’est selon moi s’enliser dans le produire et consommer toujours plus. Un autre rapport de la FAO, plus ancien, dit que la production actuelle serait largement suffisante pour nourrir tous les humains si la répartition était plus équitable et pourtant le nombre des affamés ne cesse d’augmenter! Peut-on, même dans un rapport préliminaire, passer sous silence, l’épuisement de la terre et la folie des agrocarburants, deux vrais problèmes qui relèvent de l’avidité sans limite de quelques uns. De même, si l’Europe s’était montrée favorable, le thon rouge aurait peut-être eu une chance d’être classé en annexe I et d’être sauvé. Alors les belles phrases du genre « rien ne serait pire qu’un compromis médiocre » ont l’art de me mettre en colère. Et pour répondre à votre question assez désobligeante, non je n’ai jamais travailler ni espérer travailler pour une quelconque organisation internationale et je n’ai aucune animosité particulière contre la FAO et l’ONU si ce n’est que ce sont de grosses machines, or je pense, peut-être avec naïveté, que les solutions aujourd’hui ne peuvent être que locales.)
Pour finir : pourquoi vous lancer dans un débat qui vous dépasse (et vous décrédibilise et, je me dois de l’ajouter aussi : vous ridiculise) (Ici vous êtes franchement blessant. Gratuitement. ) et ne pas plutôt vous concentrer sur ce que vous faites habituellement (plutôt bien , d’ailleurs) : créer une atmosphère de sérénité et donner envie aux lecteurs de visiter des lieux merveilleux (qui sont en train de disparaître ou en tout cas, de s’appauvrir considérablement du point de vue biodiversité. Et cela, je le constate régulièrement. Je ne montre pas toute cette beauté pour qu’on se précipite la détruire mais pour qu’on la respecte.).
Je sens que la polémique n’est pas votre fort; un conseil : laissez tomber ! (C’est votre jugement. Il vous appartient.)
En espérant que vous ne m’en voudrez pas pour ma franchise ?
Cordialement,
Frédéric Bernardin
N.B. 20 octobre 2009: A propos de la FAO, voir Fabrice Nicolino, beaucoup plus radical.