De l’excellent Notre pain quotidien à Nos enfants nous accuseront en passant par We feed the world, l’information sur l’alimentation industrielle ne manque pas. Pourtant, un bon nombre d’entre nous semble toujours ne pas en avoir pris la mesure. Food, nouveau documentaire sur ce sujet, a été présenté au festival du film de l’environnement et sort en salle ce mercredi 2 décembre.
☞ Comme dans les films précités, Robert Kenner, le réalisateur, décortique les rouages d’une industrie florissante pour laquelle les maîtres mots sont « profit » et « mensonge ». Derrière les séduisantes étiquettes pastorales, c’est la production à la chaîne sans aucun respect du vivant avec toutes ses dramatiques conséquences: épizooties, suicide des paysans, détérioration de l’environnement. Et pourtant, la plupart d’entre nous continue à fermer les yeux, remplir inconsciemment son caddy et tendre sa carte bancaire en guise de dédouanage. Un bémol est à apporter au film de Robert Kenner: il ne parle que des Etats Unis. En même temps, on peut aussi mieux réaliser à quel point il est important de refuser la dictature américaine en matière d’alimentation, ogm, fastfood, etc. Et finalement, nous ne sommes pas si loin en France et en Europe de ce qui peut nous sembler être une caricature. La preuve s’il en faut une: l’augmentation régulière du nombre d’enfants obèses.
Si l’envie vous manque d’aller (re)voir des images d’élevages intensifs, de maltraitance animale, d’abattoirs indignes, de cultures monstrueuses, d’ingénieurs inconscients, fiers d’être de nouveaux Faust et de consommateurs suicidaires, plongez vous dans Bidoche la dernière enquête de Fabrice Nicolino. Ce journaliste qui s’était déjà penché sur les pesticides (Pesticides, révélations sur un scandale français) n’hésite pas à citer les (ir)responsables qui jouent les chefs d’orchestre pour le spectacle le plus minable qui soit: la transformation des animaux, êtres sensibles, en morceaux de choses, en marchandises. Des techniciens inventent en effet chaque jour, en notre nom, de nouvelles méthodes pour « fabriquer » de la « matière » à partir d’êtres vivants dans des laboratoires aussi anonymes que secrets. Nicolino démontre la puissance de l’industrie de la bidoche et comment elle cloue le bec à ses rares critiques. Hélas force est de constater que même bien avant Henri IV et sa poule au pot, la consommation de viande est symboliquement représentative d’un certain niveau social. Avec l’augmentation du pouvoir d’achat dans les pays émergents comme la Chine, la demande risque de s’accroître dangereusement. Or, pour nourrir les animaux que nous mangeons, on déforeste en Amazonie afin de faire pousser du soja en plus transgénique! L’auteur ne nous demande pas d’être végétarien mais simplement de réduire notre consommation. Un jour sans viande est déjà un acte militant qui a un vrai impact sur l’environnement. Ainsi nous pouvons faire un geste significatif pour la planète tout en nous faisant du bien. La consommation excessive de viande ruine en effet la santé. De plus, pour le même budget, nous pouvons nous offrir de la viande bio ou tout au moins labellisée, une façon de s’assurer que les animaux sont un peu moins maltraités.
Food, inc – au cinéma à partir du 2 décembre
Bidoche, LLL – Les liens qui libèrent, 21 € – le site du livre
30/11/2009 © Danièle Boone – Toute reproduction même partielle du texte est soumise à autorisation