Avez-vous vu Les citronniers, le film de Eran Riklis? Après La fiancée syrienne, le réalisateur s’interroge à nouveau sur la frontière, cette manie humaine à délimiter un territoire en traçant une ligne sur une carte. D’un côté, vous avez telle nationalité, vous utilisez telle langue et, souvent, vous avez telle religion. De l’autre vous êtes différent, “autre” justement. Lorsque tout va bien, on crée des espaces comme Schengen et la ligne est abolie mais qu’il y ait un malentendu et tout dégénère: l’autre devient l’ennemi. Alors on construit des vrais murs, en béton, entre la Palestine et Israël, entre les Etats-Unis et le Mexique… Mais les passe-murailles existeront toujours…
Parfois des murs s’écroulent comme à Berlin. On crie « victoire » et « plus jamais ça » à leur démolition et on en conserve bien précieusement un fragment muséifié pour ne pas oublier. Parfois aussi les murs d’hier deviennent attraction touristique comme à Belfast… Le mur, finalement, c’est la signature de l’impuissance. Sous prétexte de sécurité, il n’exprime que la peur mais cette dernière, dit l’adage, n’a jamais évité le danger ! Au contraire, elle engendre parfois des situations paranoïaques stupides et révoltantes, comme dans Les citronniers. Ce film est une fable au goût acide comme les citrons et suave comme la boisson qu’on en tire mais elle est aussi, hélas, d’un réalisme désespérant. Parce qu’elle se trouve sur la frontière, parce son nouveau voisin est un ministre, une femme se voit donner l’ordre d’arracher ses arbres, l’héritage de son père et sa seule source de revenus.
Des histoires comme celles-ci, il y en a des dizaines en Cisjordanie. C’est l’histoire de la guerre pour la terre universelle et sans fin. On sort de ce film, le cœur en révolte, solidaire avec la lutte contre la stupidité des hommes menée ici par Salma, merveilleusement incarnée par l’actrice palestinienne Hiam Abbas.
Revenir à la page d’accueil © Danièle Boone
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Par ailleurs, Internet abattra, peut-être, un muret de plus de trente ans.
Je t’embrasse, B.