Voici venu le temps d’engranger pour l’hiver et surtout, celui de faire ses graines. On prépare ainsi déjà la saison suivante du grand cycle de la vie. Et puis, on assure son autonomie. Le mot est jeté. Si il fait rêver ceux qui souhaitent s’abstraire de la dictature de la consommation, il fait grincer les semenciers et autres industriels qui tentent de s’emparer du vivant. 75 % du marché mondial de semences est contrôlé par dix multinationales qui, à force de lobbying, cherchent à instaurer une législation qui obligerait tout un chacun de passer par eux. C’est ainsi que l’acte, a priori anodin, de produire ses graines est devenu un acte fort de résistance.
☞ Faire ses graines, c’est renouer avec les gestes ancestraux des paysans d’antan qui sélectionnaient les plantes qui convenaient à leur terrain. Il est scientifiquement prouvé que la sélection des graines à la ferme permet l’adaptation aux terroirs et donnent des plantes plus stables et plus résilientes face à un environnement changeant. Et puis, bien sûr, c’est un geste fort pour la biodiversité cultivée car cela permet de conserver et faire vivre notamment les variétés anciennes.
Semer ses propres graines est en passe de devenir illégal. Les tentatives dans ce sens se multiplient dont l’une des plus ubuesques a été cette proposition de loi pour lutter contre la contrefaçon : semer ses graines auraient été criminel à l’instar de fabriquer de la fausse-monnaie! Heureusement, face à la mainmise des industriels sur les graines, les citoyens s’organisent notamment avec les trocs. Et, un peu partout dans le monde, se créent des maisons de semences paysannes pour se libérer de l’agrobusiness. Il en existe d’ores déjà une quarantaine en France. Elles ont pour but de conserver, multiplier et mettre à disposition des paysans et jardiniers des variétés locales de légumes et céréales bannies des catalogues des semenciers industriels.
Faire ses semences potagères demandent un peu de savoir faire. La tomate fait partie des plus faciles. Il suffit de choisir une belle tomate bien mûre et d’en extraire les graines. On ajoute un peu d’eau, on laisse fermenter. Lorsqu’il y a une petite couche de moisissures, on l’enlève, on rince les graines et on les mets à sécher. Et ça marche, même sans passer par cette étape. Idem pour les haricots et les fèves. Il faut juste bien laisser sécher les gousses sur pied puis passer les graines au congélateur afin d’éliminer les larves d’insectes comme la bruche. C’est déjà plus compliqué avec les courges à cause de possibles hybridations entre les variétés. Personnellement, j’ai opté pour une seule variété de chaque espèces, la sucrine du Berry pour les courges musquées et le potimarron pour les courges maxima.
Mais beaucoup de plantes comme les carottes (photo), navets, persil… ne montent en graines que la deuxième années. Il faut dons s’armer de patience.
Laisser ces plantes pousser, fleurir et se reproduire occupe de l’espace dans le potager mais en même temps, elles le structurent joliment comme ce chou qui, au printemps, atteignait la taille impressionnantes de 1,80 m. Si on s’organise bien, ces plantes hautes comme les panais, les carottes, le persil, peuvent offrir leur ombre aux plantes qui en ont besoin comme les salades par exemple.
Et de surcroît, en fleur, comme en graines, elles sont une manne pour de nombreux insectes, ici une punaise arlequin. Il est bon également de laisser les pieds pour l’hiver. Les graines qui n’ont pas été prélevées feront le bonheur des oiseaux granivores comme les chardonnerets. Et enfin, une partie de celles qui tombent au sol, donneront naissance à une nouvelle génération de plantes qui seront pour le jardinier comme autant de cadeaux printaniers.
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Pour en savoir plus :
Il existe de nombreux ouvrages qui expliquent comment produire ses semences. Parmi mes préférés, celui de Rodolphe Grosléziat, Le Potager anti-crise paru aux éditions Ulmer. L’auteur ne se prend pas la tête et… ça marche. Dans le cas contraire, il raconte ses difficultés et donne la solution lorsqu’il l’a trouvée. Le guide Terre Vivante du potager bio de Jean-Paul Thorez et Christian Boué paru aux éditions Terre vivante est ma référence. Pour ceux qui veulent en savoir encore plus, Semences potagères – le manuel pour les produire soi-même, paru aux éditions du Rouergue est très pointu mais j’avoue qu’en temps que débutante, il m’intimide un peu.
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11/09/2015 © Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte et des photos est soumise à autorisation.