Après les vaches, les oiseaux, les porcs sont au banc des accusés. La grippe mexicaine fait la une de tous les quotidiens du monde et l’ouverture des journaux télévisés. Les présentateurs, visage grave, voix retenue, annoncent une pandémie imminente. Montée de la tension, montée de la peur ! Un nouveau bouc émissaire est nommé : le porc. L’idée fait son chemin. Tuons cet animal répugnant qui nous infecte. Oui mais, économie oblige, mangeons du porc ! le virus ne se propage pas par la viande nous affirme-t-on très sérieusement à partir d’une hypothèse certes plausible mais hypothèse tout de même. De fait, pour la plupart, qu’ont à voir ces côtelettes des rayons de supermarché bien aseptisées sous cellophane avec l’animal vivant? Les virus sont de drôles de choses, totalement incontrôlable. Lorsqu’ils se rencontrent, deux virus peuvent se marier et donner naissance à des bébés virus, des petits nouveaux avec leurs propres caractéristiques. C’est ce que les scientifiques appellent la recombinaison génétique des virus. Pour se développer le nouveau virus a besoin d’un organisme vivant qu’il squatte. La plupart meurent à peine né faute d’hôtes pour les héberger. En effet, les cellules en bonne santé réagissent et éliminent ce corps étranger mais un organisme faible n’y parvient pas toujours. Alors le virus a trouvé son terrain et peut se développer à toute vitesse.
C’est donc reparti comme pour la grippe aviaire ! Et pendant ce temps, les vrais responsables rient dans leur barbe ! Je veux parler de tous ces technocrates qui promeuvent et aident à grand coup de subventions l’élevage industriel qui transforment les paysans en fabricant de produits de consommation. Aucun respect du vivant ! Résultat : des animaux affaiblis qui affaiblissent les humains qui s’en nourrissent. C’est la loi de la chaîne alimentaire. Les êtres vivants avec des défenses immunitaires insatisfaisantes ne résistent pas aux virus. Ces derniers se répandent d’autant plus facilement, que la densité de la population, porcine ou humaine, est élevée.
Ce grand ramdam médiatique parfaitement orchestré est soutenu par les Etats qui s’en remettent soi-disant à la très sérieuse OMS (Organisation mondiale de la santé). Est-ce vraiment un comportement responsable de créer une panique mondiale ? La vigilance s’impose certes mais de façon mesurée. Les chiffres a posteriori parlent d’eux mêmes. La maladie de la vache folle aurait fait un peu plus d’une centaine de victimes. La grippe aviaire a fait en tout 250 morts (source OMS). Le cancer tue chaque année 8 millions de personne dans le monde et les accidents de voiture, en France uniquement, environ 4800.
Ne serait-il pas temps de changer pour de vrai, nos comportements, notre façon de produire, notre façon de consommer? Ça me fait toujours bondir quand je vois des gens acheter des tomates en décembre* sur les marchés bio car cela veut dire qu’au fond d’eux, rien n’a changé. Leur motivation à consommer bio est purement égoïste et s’arrête à leur petite santé et pas à celle de la terre !!! Donc inutile d’accuser le porc, nous sommes tous responsables. Cette grippe porcine passée, le nombre des victimes sera modéré… on oubliera vite, très vite… on reprendra nos petites habitudes jusqu’à la prochaine épidémie.
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* Choisir les fruits et légumes de saisons est la première règle du consommateur responsable. Acheter des tomates en hiver, c’est acheter des tomates venues d’ailleurs. Leur transport contribue ainsi à la production de CO2.
• A lire les chroniques acides et sans complaisance de Fabrice Nicolino sur son blog Planète sans visa
• A voir et revoir : Notre pain quotidien de Nikolaus Geyrhalter. Voir la bande annonce.
30/04/2009 © Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte est soumise à autorisation
Bon coup de gueule pour la défense de ces pauvres animaux mal traités par les filières industrielles.
Merci pour eux.
Quant aux tomates « bio » hors saison, elles provienent de Hollande (un comble pour nous champions de l’agriculture !), où elles ont trempé leurs racines dans une bouillie adéquate qui leur apporte tous les nutriments, et élevées sous serre sans connaître le soleil. Et elles sont transportées par camion, ce qui est presque aussi irresponsable qu’en avion.