Connaissez-vous ce personnage peu banal? C’est un écologiste sénégalais. « Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi engagé », dit Bernadette Gilbertas, auteur d’une biographie parue récemment aux éditions Terre Vivante. C’est en tout cas à sa rencontre hautement symbolique que je vous invite, histoire de bien commencer 2011.
☞ Haidar El Ali est un un sénégalais blanc d’origine libanaise qui a grandi dans la Médina, le quartier populaire de Dakar. Enfant, il filait souvent en mer avec ses copains, fils de pêcheurs, plutôt que d’aller à l’école. Un jour, bien plus tard, il découvre en plongeant les dégâts de la pêche à l’explosif: les poissons morts qui tombent au fond, le ravage sur les fonds marins. Là haut, sur la pirogue, les pêcheurs ramassent ce qui remonte, à peine 20% de ce qu’ils ont tués. Ils ignorent tout du gâchis sous l’eau. Haidar part en croisade auprès des institutions, beaucoup de paroles, jamais d’action. Il se décide alors à agir, seul, mais lorsqu’il tente d’expliquer aux pêcheurs ce qui se passe dans la mer, ils n’arrivent pas à visualiser ce qu’il raconte. Il faut qu’ils voient. Avec un copain ferronnier, Haidar fabrique un caisson pour sa petite caméra vidéo. « On a tourné 3 minutes qui ont fait le tour des plages ». Les pêcheurs ont alors réalisé toute l’horreur de cette technique et ses conséquences désastreuses. Et mieux encore, ils se sont mobilisés. La pêche à l’explosif est interdite depuis 1987. Haidar, lui, a trouvé sa méthode. Voilà plus de trente ans qu’il sillonne tout le Sénégal, montre, explique et mobilise.
Haidar El Ali mène de fait, de multiples combats. Il y a la mer, l’Océanium, les aires marines protégées et aussi les arbres. Il a convaincu les villageois de la nécessité de restaurer la mangrove. 550 villages sont impliqués. Plus de 60 millions de palétuviers ont été replantés par les villageois eux-mêmes. De fait, la vraie réussite de Haidar, c’est bien cela, réussir à donner envie aux gens de se battre et de s’investir pour sauver leur environnement donc leur vie. Ainsi, dans tous le Sénégal, il a levé une sorte d’armée pour la nature. Il intervient aussi dans les écoles dans le cadre de l’éducation à l’environnement. Il a également créé une banque de semences dans le sud où il reste quelques forêts afin de pouvoir fournir des graines aux villageois pour reverdir le Nord en voie de désertification. Rien ne l’arrête. Au début des années 2000, il a fondé un parti d’écologie politique. Il accepte l’argent de tous, des fondations comme des multinationales bien conscient qu’elles verdissent ainsi leur image à bon compte. Pour lui, il n’y a pas de paradoxe. « Il faut se servir d’elles et en même temps, il faut les dénoncer. » C’est que, pour Haidar El Ali, toutes les armes sont bonnes. »Si on réussit à lever et conscientiser les populations, si on réussit à mettre la fleur dans l’esprit des gens, à ce moment, c’est tout le monde qui se lèvera, et c’est tout le monde qui voudra sauver la planète. Là, on aura réussi notre contrat ».
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Bernadette Gilbertas l’a suivi sur plusieurs longs séjours. Elle l’a observé, lui et tous les gens qu’il a fédéré avec sa seule énergie, ses espoirs et ses désespoirs, son charisme et ses coups de gueule. Elle a aussi donné la parole à son entourage. Ce boulot magnifique a donné ce livre, vivant, super bien écrit. Je vous y renvoie car il est impossible de résumer ce personnage dont on rêve que le modèle soit démultiplié pour nous donner envie à tous de retrousser nos manches!
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Pour en savoir davantage, vous pouvez aussi écouter l’interview réalisée par Ruth Stégassy dans Terre à terre (ici) en podcast jusqu’à la mi-janvier.
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Bernadette Gilbertas, Haidar El Ali, Itinéraire d’un écologiste au Sénégal. Terre vivante, 20 €
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02/01/2011 © Danièle Boone
J’ai bien connu HAIDAR à qui j’ai sauvé la vie au cours d »une compétition de chasse sous marine (en apné)comment puis je le contacter?
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Réponse : par l’éditeur qui fera suivre.
Terre vivante
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