Nous étions nombreux hier, place du Panthéon à être venu apporter notre soutien à Stéphane Hessel. Le débat public autour de la Palestine initialement prévu à l’Ecole Normale Supérieure a été interdit précipitamment quelques jours auparavant. Le lendemain de cette interdiction, Eric Prasquier président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) s’est bruyamment réjouis d’avoir obtenu l’annulation du «scandaleux colloque-débat» qui devait réunir Stéphane Hessel, Leïla Shahid, Elisabeth Guigou et Hanneen Zoabi, députée arabe israélienne, pour une discussion autour de la liberté d’expression. Après avoir violemment dénigré Stéphane Hessel, dénonçant ses «impostures, approximations et fixations haineuses contre Israël», le président du Crif saluait dans ce texte le courage intellectuel de Monique Canto-Sperber, directrice de l’Ecole Normale Supérieure.
☞ Peut-on parler de censure ? Sans doute. En tout cas, cette décision est inadmissible comme l’a très bien dit une étudiante israélienne de l’Ecole Normale Supérieure et comme en témoignait la présence parmi la foule d’autres élèves et de certains professeurs. L’interdiction a peut-être eu un effet inverse car nombre de personnes venues manifestées leur soutien n’aurait sans doute pas été assister à ce débat. « Il y a beaucoup plus de monde ici que ne peut en contenir l’amphi de l’Ecole Normale supérieure » a d’ailleurs fait remarquer Leila Chahid, la représentante des Palestiniens auprès de l’Europe. De fait, il s’agit d’une vraie atteinte à la liberté d’expression, celle là même qui est inscrite dans la déclaration des droits de l’homme. Stéphane Hessel, un des pères de la Déclaration universelle des droits de l’Homme (1948), combattant infatigable de la pauvreté dans le monde, a dit ce qu’il avait à dire dans un phrasé magnifique. La force de ce vieil homme de 93 ans, mince et élégant, plein d’énergie, est impressionnante. Nous l’écoutions tous tant son discours était limpide et sans fioriture. Oui, indignons nous, haut et fort, c’est le droit à l’expression, un des principes de base de la République, qui a été bafoué. D’ailleurs, pour l’occasion, les organisateurs avaient ressortis le bonnet phrygien avec un drapeau palestinien en guise de cocarde. Ce qui est rassurant sans doute, c’est la présence de tous ces gens malgré le froid et le succès du livre de Stéphane Hessel vendu à plus de 700 000 exemplaires. Car il faut le dire, les tentatives de museler les voix qui s’élèvent existent dans tous les domaines, politiques, écologiques, sociaux… Et pendant ce temps, avec la crise économique et les peurs savamment orchestrées, d’autres voix gagnent du terrain, sèment le doute, excitent le racisme et la violence. Plus que jamais nous devons être vigilants, nous indigner et surtout lutter contre toutes les injustices.
Indignez vous, manifeste de Stéphane Hessel. Indigène éditions, collection « ceux qui marchent contre le vent, 3 €
19/01/2010 © Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte et des photos est soumise à autorisation