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L’Institut du Monde Arabe (IMA) propose une exposition qui retrace l’histoire du jardin arabo-musulman à travers des objets d’art, des maquettes et des documents historiques. Elle s’achève sur le parvis avec la visite d’un vrai jardin d’inspiration orientale. Magique !
☞ De l’Alhambra, en Espagne, au Taj Mahal, en Inde, en passant par les jardins Agdal des villes impériales marocaines, les jardins d’Orient, écrins de verdure et de douceur au milieu du désert, ont toujours inspiré les poètes qui chantent leurs parterres fleuris, les chants d’oiseaux, le son cristallin de l’eau et l’ombrage des arbres aux fruits goûteux. L’exposition est une promenade au fil des siècles et des continents depuis l’oasis, le premier système agro écologique et l’agriculture nourricière qui s’établit le long des fleuves jusqu’au jardin éphémère reconstitué sur le parvis de l’Institut du Monde arabe.
Le jardin d’Orient est né en Mésopotamie, bien avant l’Islam. C’était d’abord un jardin d’agrément réservé aux puissants. La luxuriance contrastait avec l’aridité environnante. L’eau était l’indispensable alliée de ces souverains qui faisaient fleurir le désert. La première partie de l’exposition explore les différentes techniques hydrauliques mises au point par les ingénieurs pour la guider jusqu’aux arbres et arbrisseaux, aux fleurs et feuilles, sculptures des fontaines et autres jets d’eau. Le visiteur découvre les aqueducs avec leur faible pente intérieure, les qanats, galeries souterraines d’irrigation connues depuis la fin du premier millénaire avant notre ère en Iran, les norias et systèmes de puisage traditionnels du Maghreb ou du Moyen-Orient, les peignes répartiteurs… Une émouvante petite tablette provenant de Sippar en Irak est, en fait, un contrat de location de main d’œuvre pour le creusement d’un canal en 480 av JC.
Cyrus le Grand, fondateur de l’Empire perse a géométrisé le plan du jardin en quatre carrés délimités par quatre canaux symbolisant les quatre fleuves du paradis, le lait, le miel, le vin et l’eau. Le jardin d’Orient est, de fait, un jardin des sens. Le doux murmure de l’eau et les chants des oiseaux flattent l’oreille. Les fleurs diffusent leur parfum pour le plus grand bonheur de l’odorat. Le goût est comblé par les fruits et le regard par l’ensemble harmonieux. Le jardin est un havre de paix où l’on vient chercher la fraîcheur. Le pavillon qui protège des ardeurs du soleil est un élément indispensable. Certains, comme Saadi le poète perse, ont voulu être enterré dans un jardin d’où ces mausolées, véritables palais pour l’éternité. Le jardin d’Orient a été source d’inspiration notamment pour le peintre Majorelle qui en a dessiné un, sublime, à Marrakech. Il peut l’être encore comme le montre le jardin éphémère, création contemporaine de Michel Péna qui réinterprète les codes du jardin d’Orient et parachève cette exposition magique qui réunit quelques trois cents œuvres d’art, miniatures persanes et mogholes, peintures, tapis, plan, instruments de musique, tissus, céramiques…
Institut du Monde Arabe jusqu’au 25 septembre. 1 rue des Fossés Saint-Bernard, 75005 Paris Tél.: 01 40 51 38 38 – www.imarabe.org
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4 juillet 2016 © Danièle Boone