14 février : journée mondiale du désinvestissement des énergies fossiles et… saint Valentin

Les premières journées mondiales de désinvestissement des énergies fossiles ont eu lieu ces 13 et 14 février. Faire pression sur les institutions publiques et les banques pour qu’elles arrêtent de financer l’industrie des combustibles fossiles, pétrole, charbon, gaz de schistes… tel est leur objectif. La mobilisation est mondiale toutefois les médias français sont restés très discrets, un non sens à dix mois de la conférence sur le climat (COP 21) qui se tiendra à Paris car cette démarche est essentielle dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Je trouve toutefois curieux que le mouvement a choisi le même jour que la saint Valentin sans y faire aucune allusion. En effet, cette fête est une catastrophe écologique pas à cause de l’amour mais à cause de la culture et du commerce des fleurs! Tout le monde devrait reprendre en cœur avec Brel, « je vous ai apporté des bonbons » ! Les fleurs arrivent en effet par milliers par avion de l’Équateur, de la Colombie, du Kenya… à Aalsmeer en Hollande, marché et plaque tournante mondial de la fleur coupée. Même les fleurs cultivées en Europe, Italie principalement, remontent en Hollande. Elles repartent ensuite dans toute l’Europe par camion et aux États-Unis par avion cargot. Cela juste pour le bilan carbone car c’est sans compter les engrais chimiques et les pesticides utilisés en surabondance – les fleurs n’étant pas des denrées alimentaires, elles ne sont soumises à aucunes normes – qui nuisent gravement à la santé des travailleurs surexploités!

☞ Le mouvement 350.org à l’origine de cette mobilisation a été fondé en 2008 par le journaliste et auteur écologiste Bill McKibben. Le nom 350.org fait référence  à la concentration de CO2 dans l’atmosphère qui, selon les scientifiques, ne devait pas dépasser 350 parties par million si nous voulons rester dans une zone de « sécurité climatique » . De fait, nous en sommes déjà à 400!

En 2012, Bill McKibben a préconisé dans un article publié dans Rolling Stones, que « nous devrions garder 80 % des réserves sous terre » car nous n’en avons pas besoin. L’action a commence avec les étudiants de Bill McKibben dans les universités de Standford (USA), Concordia (Canada) qui ont convaincu d’avoir une gestion sans énergies fossiles. La campagne a fait lentement bouger les mentalités avec quelques résultats spectaculaires dans le deuxième semestre 2014. Ainsi, en août, le Conseil œcuménique des Églises a décidé d’étendre la  liste des secteurs dans lesquels il refuse d’investir aux industries exploitant des énergies fossiles, et ça représente beaucoup d’argent! Mais la décision la plus symbolique est sans doute celle des Rockefeller dont la fortune s’est faite justement avec les énergies fossiles mais ils argumentent que si leur génial ancêtre était toujours vivant, il regardait toujours vers le futur et ferait ce choix, les énergies fossiles n’ayant plus d’avenir.

La démarche de 350.org est judicieuse mais dans une société et surtout avec ces politiques esclaves de la finance, il ne faut pas se leurrer, les banques continuent à jouer la rentabilité à court terme en réinvestissant dans l’économie existante, principalement basée sur les énergies fossiles. En France, le mouvement est relayé par Les amis de la terre et Attac.


Plus d’infos
Les amis de la Terre
350.org & en version française 350.org/fr
☞ Reporterre : Pour sauver le climat, ils s’attaquent à la finance
☞ La Croix : Le Conseil œcuménique d’Europe refuse d’investir dans les énergies fossiles
☞ Les Échos : Les Rockefeller se détournent de l’énergie fossile
☞ Basta : Quand l’argent de vos cotisations retraite accélère le réchauffement climatique


14 février 2015 © Danièle Boone