J’ai découvert récemment Kiki Smith, artiste américaine qui a trouvé l’apaisement dans la contemplation de la nature. Des femmes de bronze, sorte d’Alice au pays des merveilles, endormies au milieu des moutons, accueillent le visiteur. Cette première rétrospective française, à la Monnaie de Paris, réunit près d’une centaine d’œuvres. Le parcours non chronologique nous immerge dans l’étrange univers de Kiki Smith.
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☞ Sa démarche est originale tant par la variété des techniques (bronze, plâtre, porcelaine, verre soufflé, cire, papier, tapisserie) que par la richesse de ses inspirations. Dans le monde de l’artiste américaine, cohabitent en toute quiétude le ciel et la terre, le corps et le spirituel, les humains et les animaux avec au centre de cette cosmogonie singulière, la femme. » L’art m’enracine et m’emmène sur des chemins inattendu » aime à dire Kiki Smith née en 1954 à Nuremberg en Allemagne.
La famille s’installe très vite aux États-Unis. Son père, Tony Smith est un sculpteur minimaliste connu, sa mère, Jane Lawrence Smith une actrice et chanteuse lyrique de la scène new-yorkaise. La petite fille grandit avec ses deux sœurs cadettes, les jumelles Seton et Beatrice, nées en 1955, dans une grande maison victorienne du New Jersey où l’art est une chose aussi naturelle que l’air qu’on respire. Les amis des parents se nomment Barnett Newman, Jackson Pollock ou encore Tennessee Williams. Après leur retour de l’école, il n’est pas rare que les enfants fabriquent des figures géométriques que leur père utilise pour ses sculptures. Tout naturellement, les trois sœurs suivent la voie de leurs parents. Beatrice mènera une carrière d’actrice indépendante avant de mourir du sida en 1988 et Seton est aujourd’hui une photographe reconnue. En 1976, Kiki, quant à elle, s’installe à New York. Elle y fréquente la scène underground, rejoint le collectif alternatif CoLab, suit des cours de gravure et réalise ses premiers monotypes.
Dès 1979, elle s’attèle à son sujet favori, le corps humain, en recopiant dans un premier temps les illustrations d’un traité d’anatomie du XIXème siècle. Les organes la fascinent. Ses premières sculptures sont de petits objets de plâtre, mais, très vite, elle varie les dimensions et les matériaux. A partir du décès de son père en 1980 et l’apparition concomitante du sida qui décime ses proches, la mort imprègne profondément son travail. En 1982, elle réalise des sérigraphies sur soie évoquant le corps et la maladie. L’année suivante a lieu sa première exposition personnelle au titre évocateur Life wants to live (la vie veut vivre).
Dans les années 1990, son œuvre prend une autre dimension. Elle traite de légendes, contes de fées, mythes et traditions religieuses et explore le lien entre l’être humain et la nature à travers la représentation d’animaux (oiseaux, loups, biches, moutons…). La Vierge devient une figure récurrente, aux côtés de Sainte Geneviève et le Petit Chaperon rouge qu’elle imagine sortant du ventre du loup.
En 1996, la découverte du planétarium d’Hambourg l’amène au cosmos. Depuis les années 2000, les grands mythes des origines et notre relation à la nature est au centre de son œuvre. La femme torturée des années 1980, enfin apaisée, nous parle d’une harmonie retrouvée entre tout le vivant.
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Exposition Kiki Smith
Monnaie de Paris jusqu’au 9 février 2020 – www.monnaiedeparis.fr
11 quai de Conti, 75 006. Tél.: 01 40 46 56 66
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2 décembre 2019 © Danièle Boone
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