Mercredi 18 septembre, je suis allée au vernissage de cette exposition à la mairie du Xème arrondissement. Elle commémore le vingt-cinquième anniversaire du génocide kurde. Rappel: la ville de Halabja, libérée par les peshmergas (combattant) kurdes est bombardée à l’arme chimique le 16 mars 1988. 5000 civils sont tués. Les organisateurs de cette exposition ne pensaient pas être en résonance avec l’actualité et l’utilisation d’armes chimiques en Syrie. Nos politiques qui crient au scandale et parlent de crime contre l’humanité ont la mémoire courte. En effet, ce 16 mars 1988, ce sont des mirages made in France qui ont largués des bombes pleines d’un cocktails de gaz sarin tabun et moutardes. Bon, certes, les pilotes n’étaient pas français! Pourtant, les armes chimiques, c’est une des réalités tricolores honteuses (cf l’article de Fabrice Nicolino). Et aujourd’hui, celles à l’uranium enrichi sont, à mon sens, aussi terribles. Leur utilisation, un jour ou l’autre, sera elle-aussi, inscrite dans la liste des crimes contre l’humanité. Bref, c’est à tout cela que je pensais en écoutant les discours officiels. J’étais partagée entre écœurement et émerveillement. Car, l’histoire de ces kurdes d’Auvergne est belle.
☞ C’est mon ami et complice, le photographe Gérard Guittot, avec lequel j’ai fait de nombreux reportages, qui m’avait conviée à cette exposition. J’étais justement à Paris et le sujet m’intéressait. Gérard a rencontré et portraituré ces Kurdes débarqués en Auvergne, le véritable sujet de l’exposition. Le peuple Kurde, il le fréquente depuis longtemps. En 1981, il a réalisé un reportage en clandestin en Iran pour illustrer la guerre entre les Kurdes et les pasdaras iraniens, le premier reportage d’une longue série entre Iran et Irak.
Pour en revenir au sujet de l’exposition, l’obstinée Danielle Mitterrand, après des mois de combat, avait fini par obtenir le droit de faire venir en France des familles kurdes en 1989, l’année de la commémoration de la Révolution française. Mais ce n’était pas seulement un coup d’éclat. Son association « France Liberté » a fait un suivi exemplaire (éducation, cours de langue, etc.) afin que ces familles s’intègrent. Pari globalement gagné. Une des petites filles accueillies est devenue avocate, un petit garçon gendarme. On ne saura rien de ceux, minoritaires, qui ont moins bien réussi leur intégration. Mais le message, c’est que c’est possible d’accueillir l’autre à condition de donner aussi un peu de soi, de lui faire confiance et de l’aider à prendre confiance. Et c’est particulièrement important dans notre société, apeurée par la crise, qui se referme de plus en plus sur elle-même.
Exposition jusqu’au 27 septembre. Mairie du Xème, 72 rue du Faubourg Saint Martin 75010 Paris
22/09/2013 © Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte et des photos est soumise à autorisation