La nouvelle est tombée ce week-end. J’écoutais France Inter dans ma voiture. Le « président » de l’association taurine de Arles – je ne suis pas sûre de son titre – se félicitait de cette merveilleuse nouvelle qui arrivait justement pendant la féria de Pâques. Il n’a pas manqué de se réjouir de l’effet que ferait cette info sur la « secte » (dixit) écolo des amis des bêtes. Inutile de vous dire que cette phrase gratuitement agressive m’a vraiment énervée. Le triomphe primaire n’a rien de glorieux. Oui la corrida est une affaire de culture mais l’excision aussi. Et en France, tout le monde trouve normal de s’élever contre cette dernière et de demander un changement de mentalité à ces sociétés qui pratiquent encore cette barbarie au nom de la tradition. La culture n’excuse pas tout. De plus, la corrida est sortie depuis longtemps de son cadre culturel originel.
☞ En 1527, l’empereur Charles Quint, tua le taureau à la mode espagnole pour fêter la naissance de son fils, le futur Philippe II. La foule l’approuva bruyamment lorsqu’il planta fermement sa lance entre les épaules de la bête. Ce souverain parachuté des Flandres prouvait ainsi qu’il était un » vrai » Espagnol. Mais l’acte de bravoure qui fit de Charles Quint un héros pour son peuple était un vrai défi à risque, la confrontation de l’homme avec la bête, le combat de Thésée et du Minotaure. Mais, au début du XXème siècle, les règles de la tauromachie ont été profondément transformées. Tout est fait désormais pour affaiblir la bête notamment par l’utilisation des piques et des banderilles. Le taureau n’a plus aucune chance. Certes, il arrive quelques accidents et quelques très rares fois, des taureaux sont graciés mais en règle générale, c’est la mort de l’animal qui est au bout, une mort mise en spectacle que vient applaudir à grand coup de « Olé » des touristes en mal de sensations fortes. Et je sais de quoi je parle : j’ai assisté à une corrida. Rédigeant un livre sur l’âge d’or espagnol, je voulais me rendre compte par moi-même ce que je croyais alors moi aussi être de la culture. Nous étions au début des années 1990. Lorsque j’ai appris l’histoire des règles revues à l’avantage du toréador, j’ai compris que j’étais face à une histoire de dupes, une imposture.
Je ne suis pas contre les taureaux dans les arènes, mais pour les courses camarguaises ou landaises. Dans ces jeux, l’animal développe son intelligence de combat en combat. En Camargue, certains « grands » taureaux reposent dans des tombes et leur mémoire est vénérée. A Sommières, un jour, j’ai assisté au dernier combat d’une vachette : elle était devenue trop forte et du coup, mise à la retraite. Elle était absolument géniale et a fait énormément rire le public. Mais hélas, c’est le sang qui coule et la mort qui fascinent. Pourtant, la dernière séquence d’une corrida n’est vraiment pas glamour. D’ailleurs personne ne regarde le cadavre traîné hors de l’arène de ce qui, un instant plus tôt, était encore un être vivant qui ne demandait qu’à vivre. Mais l’animal n’a pas eu le choix. Il a été sélectionné pour être sacrifié. Il n’a même pas compris ce qui lui arrivait, tout cet acharnement. Pourquoi perdurer un combat inégal et indigne ? Et le comble, l’inscrire comme patrimoine culturel immatériel de la France! Non mais je rêve, ou plutôt, je cauchemarde. Hélas, hélas, c’est la dernière annonce de nos gouvernants, Frédéric Mitterrand, le ministre de la culture, en tête!
Si vous trouvez, vous aussi scandaleuse, cette inscription à l’UNESCO, et que vous avez envie de réagir, signez la pétition qui vient d’être lancée par le CRAC (Comité Radicalement Anti Corrida) ☞ ici..
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.26/04/2011 © Danièle Boone – toute utilisation même partielle de ce texte est soumise à autorisation.
bonjour Danièle !
je savais bien que je te retrouverai après l’ajt –
merci pour ce post
la corrida c comme le « troussage de domestique »: d’un autre âge
à bientôt