« La ville, c’est loin de tout ». Avec son sens habituel de la formule, Marc Giraud résume la situation et nous invite à l’accompagner sur les chemins de France. « Pour peu que l’on prenne la peine de regarder, chaque promenade est un festival de surprises, car l’extraordinaire se cache dans l’ordinaire. » Il avertit d’emblée ses lecteurs : il existe en France des tas d’animaux prestigieux (ours, lynx, loups, castors, genettes, loutres…) qu’on n’a quasiment aucune chance de voir. Donc il n’en parle pas. Marc préfère nous intéresser à ceux qui sont facilement à portée de regard et non pas à ceux qu’on ne voit que dans les livres car, dans la nature, rien ne vaut l’émotion d’une rencontre.
☞ Imaginez au tout petit matin, cette rencontre extraordinaire avec de jeunes renardeaux. Certes, il faut avoir un peu de chance et s’en donner les moyens (se lever très tôt et être silencieux) mais c’est finalement tout à fait possible. Les renardeaux sont encore insouciants et… imprudents. Car si l’un de ceux qui considèrent cette espèce comme nuisible passait par là, c’est sûr il ne sentirait pas ému mais au contraire excité comme un tueur.
Je trouve que j’ai beaucoup de chance car je connais Marc depuis quelques années et j’ai beaucoup appris avec lui. Ce spécialiste de la faune de proximité est un vulgarisateur hors pair qui peut aussi en démontrer aux spécialistes. Ce livre apparemment si limpide est le résultat de trente ans d’observations. Marc a muri ce projet pendant des années et l’a enrichi de ses multiples expériences, audiovisuelles notamment. Chaque double page est une séquence et un mini voyage. On voit d’abord l’ensemble du chemin et puis on zoome sur la haie et puis sur le nid dans la haie, etc.
Une des spécificités de Marc est de s’intéresser aussi aux animaux domestiques qui vivent dans les campagnes comme les vaches, enfin celles qui ont encore la chance d’aller au pré. Ils sont passionnants à observer et leur comportement est parfois très étonnant. Saviez-vous que les chevaux, ces fidèles compagnons et amis de l’homme, ne broutent jamais dans certains coins d’herbage : ce sont leurs tinettes !
Et justement, les excréments attirent des tas de petites bêtes, la fameuse mouche à merde, mais aussi de très jolis coléoptères. Leur boulot: décomposer la bouse ou le crottin. En Australie, lorsque les vaches ont été introduites, cela a été une catastrophe, car il n’y avait pas les insectes scatophages. Résultat: la prairie étouffait. Il a fallu introduire des bousiers afin qu’il fasse leur travail de nettoyeur. Marc ne raconte pas cette histoire dans ce livre, mais dans un autre, La Kamasutra des demoiselles, qui vient d’être réédité en poche.
Les plantes ont toute leur place dans cet ouvrage, ne serait-ce que parce qu’elles ont souvent des liaisons pas forcément dangereuses avec les animaux. Personnellement, j’ai appris dans ce livre comment distinguer les fleurs de prunellier et de d’aubépine. Elles sont blanches, se ressemblent étonnamment et fleurissent au même moment. Et bien c’est tout bête, les fleurs de prunellier apparaissent avant les feuilles et celle d’aubépine, après.
J’adore ce livre, pas seulement parce que Marc est un ami, mais parce qu’on y apprend plein de choses en s’amusant et en se faisant très plaisir, visuellement parlant. Les superbes photos de Fabrice Cahez se mêlent parfaitement à celles de Marc Giraud. Voilà donc une petite merveille à consommer sans modération.
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☞ La nature en bord de chemin
Delachaux et Niestlé, 256 pages, 24,90 € – www.delachauxetniestle.com
Et aussi
☞ Le Kamasutra des demoiselles, la vie extraordinaire des animaux qui nous entourent
Editions Robert Laffont, coll. Documento, 8,90 €
☞ et aussi le blog de Marc Giraud
02/05/2013 © Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte est soumise à autorisation