Un week-end à l’abbaye de la Pierre qui Vire. Le nom me faisait rêver et puis, mon fromager bio vend leurs délicieux chèvres frais. Alors, lorsque Jean-Claude Noyé, un de mes confrères membre comme moi de l’Association des Journalistes pour la Nature et l’Écologie (JNE) a proposé cette escapade, je n’ai pas hésité.
Notre thème de travail était écologie et spiritualité. Personne n’était obligé d’assister aux offices. Néanmoins, se fondre dans le rythme des moines est une expérience apaisante. Selon la règle de saint Benoît sous laquelle est placée le monastère, la journée s’équilibre entre prière et travail. Sept fois, les moines se retrouvent, six pour chanter les psaumes et une pour la messe quotidienne. Les laudes, à six heures du matin, est un salut au lever du jour. Ce rituel se retrouve dans presque toutes les religions et dans toutes les quêtes spirituelles. J’aime particulièrement ce temps de prière ainsi que Complies, celui de 20h30, une sorte de remerciement de la journée passée et une manière de confier son sommeil à Dieu. Les moines eux, se relèvent à 2 heures, pour la prière de la nuit. Personnellement, je n’y ai jamais assisté ni à la Pierre qui Vire ni dans un autre monastère où j’ai séjourné.
L’abbaye a été fondée en 1850 par le Père Muard. Le choix du site, au milieu de la forêt du Morvan, encore isolé aujourd’hui, est fondamental. On vit à l’écart du bruit du monde mais pas du monde. Le monastère accueille et héberge de nombreux visiteurs venus se ressourcer, venus faire silence. Et s’il n’y a pas de télévision, les moines disposent de journaux et d’internet.
Après les Laudes, j’ai fait quelques pas dans la forêt. Les moines avaient chanter le lever du jour, les oiseaux faisaient de même. Un des frères, nous a raconté frère Guillaume, le frère hôtelier qui nous a accueilli et guidé, était si proche de la nature, que les passereaux venaient se poser sur sa main. Dans la clôture réservée aux moines, un merle n’a pas bougé d’un centimètre alors que nous étions plus que proche. Il nous regardait de son œil cerclé de jaune sans la moindre crainte. Oui, à vivre là, au milieu des arbres, on ne peut être qu’en symbiose avec toute la vie.
La chapelle de Béthanie est au-dessus du monastère. Les bâtiments qui l’entourent accueillent les familles.
Si nous avons choisi de venir à la Pierre Vire, ce n’est pas uniquement pour son cadre naturel, c’est que les moines ont su prendre le chemin écologique dès les années 1960. Rien de prémédité, pas de plan de développement particulier mais du bons sens qui, aujourd’hui, fait figure d’avant-garde comme la construction d’une centrale hydro-électrique qui fournit non seulement toute l’électricité du monastère mais aussi des revenus. Le surplus, vendu à EDF, entre pour une part non négligeable dans les revenus du monastère.
A l’heure où nous prenons la mesure de notre dépendance, nous réalisons que la liberté passe par l’autonomie. C’était le choix du père Athanase et du père Germain qui ont bâti cette centrale. La configuration du terrain s’y prêtait. Le Trinquelin, la petite rivière, a été détournée dans un canal d’amenée de 1,2 km creusé par les moines, tout en prenant bien garde d’assurer le débit minimal du cours d’eau indispensable à la survie des poissons, notamment des truites fario. Mais ce qui est génial, c’est qu’il y en amont un lac de retenue d’où l’eau peut être lâchée seulement lorsqu’on en a besoin. En effet, l’électricité ne se stocke pas. Donc autant en produire seulement aux heures de pointes. En plus, c’est le meilleur tarif! Après une chute de 31 mètres, l’eau arrive dans la centrale où subsistent trois turbines d’époque, de bien belles machines!
Côté technologique, les moines viennent encore de faire un choix écologique, de bon sens plutôt, selon eux. Comme il fallait refaire le bâtiment de l’hôtellerie afin de le mettre au norme (portes pare-feu, accès aux handicapés, etc…) et que la chaudière au fuel était fatiguée, ils ont opté pour une chaudière bois. Pour chauffer l’imposant ensemble des bâtiments, cela ressemble presque à une usine!
Après une matinée à découvrir ces installations puis un déjeuner sobre mais goûteux, nous nous sommes rendus à la ferme bio. J’attendais ce moment avec une grande impatience. Dans les années soixante, la ferme était entièrement gérée par les moines. Ils étaient alors encore plus de cent. Mais aujourd’hui, ils ne sont plus que soixante-dix et nombre de frères sont désormais âgés. Ils ont donc pris la décision de s’associer avec un fermier. Philippe Abrahamse fait partie de ces paysans merveilleux qui ont su faire le choix de l’exigence peut-être tout simplement parce qu’ils aiment leur métier et qu’ils en sont fiers.
La ferme est entièrement consacrée à l’élevage d’une soixantaine de vaches et d’une cinquantaine de chèvres et à la fabrication des fromages. Six personnes y travaillent à temps plein. Là encore, la Pierre qui Vire s’est montré pionnière. C’est la première ferme du département à être passé en bio dans les années soixante. De fait, le monastère soucieux d’être à la pointe, travaillait en collaboration avec l’Inra. Le troupeau était malade. Les chercheurs conseillaient de décimer le troupeau et de tout redémarrer avec une autre espèce. Le père Athanase n’avait pas envie d’adhérer à une telle pratique. Il fit venir un vétérinaire dont il avait entendu parler et qui pratiquait l’homéopathie. Il guérit les vaches. Le père Abbé refusa donc que les chercheurs continuent à faire leur expérience aux dépens du monastère et décida de passer en bio. Dans les années 1960, rejeter sans ambages les conseils du tout puissant organisme, qui semblait alors détenir la vérité en matière d’agriculture, était tout simplement révolutionnaire.
Philippe Abrahamse nous a longuement expliqué tout, notamment le choix de cette race brune, une montagnarde solide qui donne sans doute moins de lait, 5000 litres par an contre 7 à 8000, pour la prim’holstein, la vache blanche à tache noire qui est en train d’envahir le monde (j’en ai même vu deux sur les haut-plateaux de Madagascar enfermé comme de précieux joyaux parce que ces vaches là ne vont pas au prés (dixit) !). De fait, le lait est autrement riche et surtout l’animal est autrement plus robuste ce qui permet au paysan de la garder plus longtemps. Le taux de renouvellement du troupeau étant plus bas, c’est une forme d’économie qui compense en partie une production moindre.
Vaches et chèvres étaient encore à l’étable. Bientôt, elles vont retrouver l’herbe de la prairie. Une de mes consœurs a fait remarquer son étonnement: bien qu’un nombre important de bêtes soient à l’intérieur, cela ne sentait pas mauvais. Pourquoi? Philippe Abrahamse n’a pas su vraiment répondre. C’est naturel pour lui. Il me semble cependant que la qualité de la nourriture tout comme celle de la litière en paille issue de céréales bio y sont pour quelque chose.
Visiter la ferme de la Pierre qui Vire, c’est voir que l’on peut faire de l’élevage bio tout en profitant de technologies pointues. Ainsi par exemple, les vaches portent des colliers émetteurs qui ouvrent l’accès à la nourriture, ce qui permet de gérer leur alimentation. Et Philippe Abrahamse est en train d’étudier un projet pour utiliser le fameux méthane pour produire l’énergie nécessaire à la fromagerie. Là encore, il s’agit d’un choix d’autonomie!
Ce week-end à l’abbaye de la Pierre-qui-Vire était passionnant. J’ai réussi à dégager un moment pour savourer en solitaire la beauté du site. La sève monte, les bourgeons sont sur le point de s’ouvrir. Et déjà les forsythias s’offrent comme des boules d’or et les primevères enluminent l’herbe. Les grosses femelles bourdons sont sorties de leur tanière pour remplir leur rôle: créer la nouvelle colonie. Les citrons, ces papillons jaunes qui hibernent, virevoltaient pour une des premières danses d’amour du printemps. Et les mésanges, fauvettes, pinsons, sittelles participaient à la fête.
Je m’aperçois que j’ai bien peu parlé des moines, de Frère Guillaume, le frère hôtelier qui nous a accueilli et guidé tout au long de notre séjour, de Frère Luc, l’abbé qui a répondu à toute nos questions avec une grande sincérité et beaucoup de profondeur, au frère Pacôme, l’un des plus jeunes, qui nous a expliqué le mécanisme de la chaufferie et de tous les autres, avec lesquels nous avons partagé la prière, et qui nous ont offert la parole pour la prière universelle… C’est que… en fait, il faudrait presque un livre pour tout raconter!
Une dernière séance de réflexion au cœur du sujet!
En savoir plus ou pour y séjourner : voir Le site de l’Abbaye de la Pierre qui Vire
21/04/2010 © Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte et des photos est soumise à autorisation
je trouve votre reportage fasçinant j’ai déjà visiter ce lieu et pour moi il dégage une atmosphère apaisante et magique c’est pourquoi je voudrais aller y passer un week end avec mon mari et un couple d’amis mais je ne s’est comment faire pour les contacter ni combien cela coûte et c’est en faisant quelque recherche que je suis tombée sur votre site et je me permet de vous écrires pour savoir si vous pouvez me renseigner sur le coût d’un séjour chez eux pouvez-vous me répondre s’il vous plait je vous en remercie par avance bien a vous madame MEZIERES MARTINE
Bonsoir,
C’est toujours avec un immense plaisir que nous venons prier avec les Frères de la Pierre qui Vire. Dans ce merveilleux endroit, ou le calme et le recueillement prédominent. A la fin de chaque séjour, j’ai déjà hâte d’y revenir.
Fraternellement
Bonjour,
C’est toujours un immense plaisir de venir à l abbaye de la pierre qui Vire.
Cela me permet de passer des moment au calme et surtout prier et vivre dans le silence.
C’est un endroit que j affectionne beaucoup. J y vient des que je peux
Bien fraternellement
Patrick Chadaillat
Bonjour,
mon fils et moi même aimerions passer un we complet de spiritualité et de ressource a l’abbaye. Mon enfant a 6 ans et c’est une demande de sa part, sachant que je suis très demandeuse également de ressource spirituelle. Nous habitons prés de St Léger et nous aimerions avoir plus amples renseignements sur l’hébergement et le déroulement éventuel du we qu vous pourriez nous proposer et a quel prix?
Au plaisir et a bientôt!
Raphaelle GONON