Avez-vous remarqué qu’en ce moment tous les bourdons sont gros ? Si vous en croisez un, chapeau bas car vous êtes face à une altesse royale. Si, si… je n’exagère pas. En ce début de mars, pas de menu peuple, ni mâles, ni ouvrières chez le bourdon terrestre. On ne rencontre que les princesses sortant de l’hibernation prêtes à fonder une colonie.
☞ Ces héritières royales sont des femelles fécondées à l’automne. Elles ont passés l’hiver à l’abri, sous un tapis de feuilles par exemple. Un matin de mars, deux antennes émergent précautionneusement. Puis des yeux à facettes, une tête noire et finalement apparaît un corps velu bardé de jaune. A peine sortie de son trou, la princesse des bourdons entreprend une toilette minutieuse. Puis son estomac devient la priorité. Le nectar sucré est son carburant de vol. Quant au pollen extrêmement riche en protéines, il permet une croissance rapide de ses ovaires. Deux semaines à peine à ce régime et elle sera prête à pondre et fonder ainsi la nouvelle colonie dont elle sera la reine.
Elle cherche naturellement le meilleur endroit pour installer sa progénitude, une cavité abritée des prédateurs et des intempéries. C’est souvent une ancienne cavité de rongeur sous terre. Le nids d’herbe et de mousse qu’elle peut y trouver renforce l’isolation thermique de la colonie et le protège des gelées tardives. Mais parfois, c’est un nichoir qui fera l’affaire, un trou dans un vieux murs ou le dessous du plancher d’une cabane de jardin. Une fois le lieu idéal trouvé, la reine fabrique des urnes en cire, pond à l’intérieur, et couve ses œufs comme une poule.
Pour que le couvain se développe, il doit rester à 30 °. Alors la reine couvent ses œufs en leur transmettant par le ventre la chaleur produite par leurs ailes. Ce processus est très particulier aux bourdons. De fait, pour voler, la musculature de leurs ailes doit atteindre une température minimale de 30 °, idéalement 38 ou 39 °. Alors, ils produisent eux-même cette chaleur en frissonnant. Les paires de muscles antagonistes qui actionnent leurs ailes se contractent en même temps, ce qui chauffe au lieu de produire un mouvement. Leur épaisse fourrure isolante limite les pertes thermiques et le tour est joué.
4 à 6 jours plus tard après la ponte, naissent les larves qui vont subir plusieurs transformations. Il faut compter au total quatre à cinq semaines entre la ponte et la naissance des premières ouvrières. Ces premières filles l’aideront à nourrir leurs sœurs et à entretenir le palais royal. A la fin de l’été, elles seront plusieurs centaines. Puis naîtront les mâles et les femelles fertiles qui s’accoupleront. Tous les individus de la colonie mourront, sauf les femelles fécondées qui hiberneront à l’abri. Le printemps suivant, elles émergeront et le cycle recommencera.
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14/03/2017 © Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte et des photos est soumise à autorisation.