Le chat de Geluck aux Champs Élysées


Vingt chats géants en bronze du dessinateur belge ont investi les Champs Élysées apportant une bouffée d’humour et de poésie. Ainsi, dans ces temps de pénurie culturelle, une exposition est enfin visible.! Dans le même temps, dessins, peintures et sérigraphies sont présentés à la galerie Huberty-Breyne. Le Chat a également investi le musée Soulages à Rodez pour une autre exposition qui n’a été ouverte que cinq jours mais qui est prolongée jusqu’en septembre.

☞ Créé en 1983 dans les pages du Soir, un quotidien belge, Le Chat de Geluck en manteau, chemise, cravate, est à la fois gros et lourd, drôle et léger. Philosophe poète bienveillant, il pérore et commente le monde et ses déboires abordant les sujets les plus grinçants sans jamais insulter ou blesser. Avec les sculptures, Le Chat perd la parole mais pas l’expression. Siné, l’un des maîtres de Gelück disait que « les gags muets sont la noblesse du dessin d’humour ». Les mégas chats de bronze apportent du rire mais ils font aussi réfléchir ainsi Le Chat qui porte une planète débordant de bouteilles en plastique vides, alerte sur l’écologie. Comme Atlas, le géant de la mythologie condamné par Zeus à porter la voûte céleste, il semble endosser le poids de la folie des hommes. Un autre Chat en saint Sébastien criblé de crayons, sur lesquels des oiseaux sont perchés, rend hommage aux dessinateurs de Charlie. Il dénonce la liberté d’expression en danger. La majorité des sculptures exposées sont simplement poétiques. Une pure tendresse est ainsi au rendez-vous dans « Flûte à bec » : Le Chat joue de la flûte traversière mais l’instrument est une branche sur laquelle est posée un oiseau qui chante à tue-tête.

J'adore être peint par ce type (c) Philippe Geluck courtesy Huberty & Breyne Geluck exerce un art souvent considéré comme mineur : le dessin d’humour. Pourtant il est un vrai artiste complet. Il s’adonne à la sculpture depuis la fin des années 1970, en même temps que la peinture, sous l’influence de René Magritte ou de Marcel Duchamp. En ce temps, là, il était encore comédien et surtout un homme très tourmenté. Les premiers dessins produits depuis l’âge de 13 ans jusqu’à la naissance du Chat étaient très durs et grinçants. Pourtant il a grandi dans une famille certes très modeste mais heureuse. Son mariage et encore davantage la naissance de ses enfants l’ont durablement apaisé. Le Chat est né juste après son fils. Philippe Geluck le considère un peu comme son double. Les chats en trois dimensions sont apparus dès 1987, d’abord limité à une cinquantaine de centimètres. Son premier Chat monumental remonte à 2008. Dans le très beau catalogue de 160 pages édité par Casterman, le dessinateur explique comment ont été réalisés ces énormes chats de bronze de deux mètres de haut et de 2,5 tonnes à partir de modelages de petites dimensions. On y découvre aussi une histoire de « l’art rigolo » dont Philippe Gelück se revendique comme un des chefs de file. Parmi les prédécesseurs de ces sculpteurs joyeux, il cite Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely.

Giacometti
Le Chat aime commenter les chefs-d’œuvre de l’art. Philippe Geluck est très fier d’avoir fait une exposition au Musée en Herbe dont le but était justement de donner le goût de l’art aux enfants et donc aux futurs adultes. Alors pas étonnant, que Le Chat soit au musée Soulages où un ensemble de dessins et quelques peintures sur toile sont dispersées dans le musée en contrepoint des œuvres du Maître. Là encore, l’adulte que Philippe Geluck est devenu s’amuse comme l’enfant farceur qu’il était pour notre plus grand plaisir !


–  Le Chat déambule
Champs Élysées jusqu’au 9 juin.
– Le Chat à Matignon
Galerie Huberty-Breyne jusqu’au 5 juin. 36 avenue Matignon, 75 008 Paris. Tél.: 01 40 28 04 71 – visite virtuelle sur le site de la galerie.
– Le Chat visite le musée Soulages
Musée Soulages, jusqu’au 26 septembre. Jardin du Foirail, avenue Victor Hugo 12 000 Rodez. Tél.: 05 65 73 82 60
– Le Chat déambule, catalogue, éditions Casterman, 25 €