Le Machaon, papillon ambassadeur

Flambé (Iphiclides podalirius)Peut-on imaginer un monde sans papillon, sans leur grâce et leur beauté ? Les papillons ont pourtant de plus en plus de mal à s’adapter aux conditions que l’homme leur impose. Ce printemps froid et pluvieux est particulièrement rude pour les insectes. Même si, dès qu’il y a un rayon de soleil, quelques papillons enchantent nos jardins, leur nombre reste anormalement bas. De fait, depuis que je me suis installée à la campagne, il y a six ans, chaque année, ils sont, visiblement, de moins en moins nombreux. J’ai pisté ce Machaon (Papilio machaon), un des plus beaux papillons d’Europe, par un rare après-midi clément de ce mois de mai désopilant. J’ai décidé de lui octroyer le titre d’ambassadeur de tous les autres  lépidoptères, le temps de cet article.

Flambé (Iphiclides podalirius) ☞ La première génération qui naît au printemps est d’un jaune plus clair que la génération estivale ce qui parfois amène à le confondre avec le Flambé, l’autre porte-queue, également très beau. Leurs ailes postérieures sont prolongées par une queue. On appelle également le Machaon, « grand porte queue ».

Flambé (Iphiclides podalirius)Toujours en mouvement, notre papillon ambassadeur se pose puis s’envole. Il butine ailes dressées, légèrement battantes. Au repos, il les étale pour recevoir le plus de soleil possible.

La femelle dépose ses œufs sous les feuilles d’ombellifères, fenouil, angélique, cumin, aneth, persil… Elle ne dépose pas plus d’un ou deux œufs par plante.

Sa chenille est d’abord noirâtre, maculée de blanc, hérissée de petits piquants rouge ou orangées. Très trapue, elle mesure 40 à 50 mm à l’état mature.

Flambé (Iphiclides podalirius)L’utilisation massive de substances chimiques engendre la raréfaction de tous les lépidoptères. Les lumières artificielles dans les villes et villages nuisent fortement aux  papillons de nuit qui accusent eux-aussi un inquiétant déclin. Chenilles et papillons sont pourtant un maillon indispensable de la chaîne alimentaire. Les chenilles jouent un rôle régulateur en contribuant à l’équilibre de la flore sauvage. Les papillons sont d’excellents pollinisateurs. En s’abreuvant de nectar, ils transportent du pollen de fleur en fleur. Certains d’entre eux, grâce à leur trompe très longue, sont parfois les seuls insectes capables d’intervenir dans la pollinisation croisée de certains végétaux.

Flambé (Iphiclides podalirius)Les papillons sont plus ou moins imperméables à l’eau mais ils préfèrent sans aucun doute le soleil. Par beau temps, ils volent en grand nombre au-dessus des prairies mais dès qu’un nuage voile le soleil, ils disparaissent en se plaquant au sol. Si le soleil ne revient pas, ils cherchent une cachette en attendant des jours meilleurs.

Flambé (Iphiclides podalirius) Quelques gestes simples permettent d’attirer les papillons dans son jardin. Si des centaines de jardiniers consentent à ce petit effort, tout l’environnement leur deviendra plus accueillant. Optez pour la diversité des végétaux florifères, surtout ceux à fleurs jaunes, pourpres ou violettes, très attractives. N’arrachez pas toutes les « mauvaises herbes ». Certaines, comme les orties ou les ronces, nourrissent les chenilles de quelques-uns de nos papillons les plus colorés. Laissez pousser les fleurs des champs et des prés, cardamine, pissenlit, pâquerette, marguerite, chardon, fenouil… Bref, offrez-vous et offrez-leur un jardin le plus naturel possible.

Vous pouvez également aménager une rocaille : le matin, les pierres permettent aux papillons de réchauffer plus vite leur muscle pour pouvoir prendre leur envol. En effet, au lever du jour, les papillons sont tout engourdis par le froid de la nuit, voire couvert de rosée. Ils doivent attendre que les premiers rayons les sèchent et rechargent leurs batteries. Ainsi, à la manière de grands adorateurs du soleil, ils s’exposent ailes ouvertes pour en accumuler le rayonnement au maximum.

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La vie des papillons mérite qu’on s’y attarde. Leurs stratégies amoureuses étonnantes pourraient être le sujet d’un article à elles seules. On imagine bien souvent leur vie très courte. Sous leur forme adulte, ils vivent en moyenne un mois, mais ceux qui hivernent comme le Paon du Jour ou le Citron ou qui migrent comme le Vulcain ou la Belle-Dame peuvent atteindre un an. Le Machaon passe l’hiver sous forme de cocon.


23 mai 2016 © Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte et des photos est soumise à autorisation.