Une semaine de nouveau à Névache… Tout était différent notamment à cause de la sécheresse… Il faisait hyper chaud… On se baignait dans la rivière et même dans les lacs… Mais une chose est sûr: c’est toujours le paradis!
Dès mon arrivée, j’ai effectué une reconnaissance autour du chalet. J’ai immédiatement retrouvé les charançons poudrés sur les mêmes chardons repoussés au même endroit. La marmotte qui était juste en face semble s’être décalée. Par contre, la famille en contrebas se porte bien avec, cette année, une portée de marmottons. J’en ai compté au moins trois. Les circaètes sont toujours là mais ils chassent moins régulièrement autour du chalet. Est-ce du à la sécheresse et à un nombre de proies (serpents essentiellement) moindre? En cette toute fin de juillet, les prairies sont déjà complètement rousses. Plus aucun lis martagon en fleurs, plus aucune rose des Alpes. Bonne nouvelle, le couple s’est reproduit avec succès. Le jeune apprend à chasser. Il se perche souvent dans un arbre observant de là-haut les proies potentielles. J’ai filé aussi dès le premier jour au bord de la Clarée espérant retrouver la bande de pies-grièches que j’avais observée l’année dernière. Aucune trace. Etaient-elles déjà reparties ou jamais arrivées?
Affluence de sauterelles vertes. L’été dernier, je n’en avais vu qu’une. Par contre, il y avait des milliers de criquets. Tendance inverse cette année. J’en ai profité pour observer ce bel insecte. J’ai pu à loisir le regarder chasser à l’affût. La sauterelle de la photo a attrapé ce papillon sous mes yeux et elle l’a dévoré en quelques secondes seulement.
Toute la semaine, la chaleur était exceptionnelle, même à 1800 m. Pour trouver un peu de fraîcheur, une seule solution: l’altitude. Un matin tôt, nous sommes donc montés aux Gardioles (trois lacs entre 2600 et 2700 m). Pour y arriver, il faut passer le lac Laramon puis le lac du Serpent, et effectuer encore une bonne petite grimpette qui nous assure un calme certain. Là-haut, le paysage est magnifique: des sommets à 360°.
Avant de pique-niquer face au massif des Écrins, nous sommes allés voir les linaigrettes. Ce sont des plantes « cotonneuses » qui vivent les pieds dans l’eau.
Non loin, nous avons découverts des grassettes communes, des plantes en partie carnivores. Des diptères englués sur les feuilles s’étaient fourvoyés dans le piège.
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En altitude, j’ai retrouvé des criquets. J’adore ces petits insectes qui s’immobilisent en vous observant. L’un d’eux est venu explorer une de nos polaires!
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Moins de papillons autour du chalet. Mais aux Gardioles, il y en avait plein qui virevoltaient dont le très joli cuivré de la verge d’or. J’ai failli interrompre une copulation! Les deux pauvres petits papillons ont dû faire un effort hors du commun pour échapper à… mon pied! Du coup, j’ai pu voir et photographier la chose de près! Un autre jour, nous sommes allés dans la vallée étroite, restée plus verte. Du coup, il y avait des tas de papillons, des argus bien sûr, des zygènes, des tabacs d’Espagne, des demi-deuils, enfin vraiment de quoi se régaler.
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Par contre, autour du chalet, nous avons eu droit aux Apollons. Ces beaux et grands papillons protégés ne butinent que des fleurs violettes. Ils s’en enivrent littéralement et se laissent alors approcher à quelques centimètres!
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A bien les regarder – ce que j’ai fait cette année – les punaises sont de vrais bijoux… et quelle variété! Plus de 3000 espèces pour la seule famille des Pentatomidae plus communément appelés punaises des bois.
Le temps a passé horriblement vite. Le matin, je partais dès l’aube. J’adore ce moment où tout est calme côté humain j’entends car côté nature, ça bouge. C’est ainsi que dans forêt de mélèzes j’ai vu une martre. Un autre jour, j’y ai longtemps observé un couple de gros-becs casse-noyaux en train de décortiquer les jeunes cônes. Lorsqu’ils étaient arrivés à leur fin, pffft, ils laissaient tomber ce qui n’avait pas d’intérêt. C’est d’ailleurs comme ça que je les ai remarqués! Je rentrais ensuite au chalet vers neuf ou dix heures où un bon thé était le bienvenu.
Je retrouvais alors mes amis, toutes générations confondues. Ça aussi, ça fait chaud au cœur. Le dernier soir, je suis allée faire une grande balade dans la nuit. Ça aussi j’adore. La perception dans le noir est tellement différente. Mais ce qui est magique, c’est qu’après un petit moment, nos yeux s’adaptent. Je voyais d’autant mieux qu’il y avait plein d’étoiles. La lune, elle, était cachée derrière la montagne. A minuit, j’étais au bord de la Clarée pleine de nostalgie mais après cette escapade nocturne, j’ai dormi comme un loir. Et le lendemain, lorsqu’on a quitté le chalet, le jeune circaète était perché au sommet d’un mélèze! Quel superbe au revoir!
Revoir: Le paradis est à Névache, 2008
25/08/2009 © Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte et des photos est soumise à autorisation
Bonjour Danièle. Si j’en avais les capacités, j’aurais aimé écrire la même chose. Tout ce qui est décrit, je le connais, je ressens les mêmes impressions de bonheur quand je suis dans « ma » vallée (c’est prétentieux !!!! ) car, bien que bretonne, je me sens chez moi quand j’arrive dans le chalet de Lacha que je
loue tous les étés depuis 15 ans …… C’est bien vrai, Névache est le paradis. Partir à l’aube dans la vallée, faire les mêmes balades depuis des années en étant toujours aussi heureuse et en découvrant toujours des
paysages différents, c’est ce que j’attends toute l’année.
Peut-être nous croiserons-nous sur un sentier ??
Merci pour ce merveilleux récit.
Bonjour Danièle,
Je découvre à l’instant ton blog (j’étais « de passage » à la recherche d’informations sur Ella Maillard, merci pour les photos de Chandolin…) et je suis tombée sous le charme de tes photos et de tes textes.
Je voulais te le dire et te signaler que je glisse ton adresse dans mon petit baluchon de mes sites/blogs préférés.
Moi aussi, je marche un peu partout (c’est pour cela qu’on a deux jambes) et je regarde et j’essaie de voir (c’est pas aussi évident que cela même avec deux yeux), par contre pour les photos… je ne suis pas très douée.
Bravo pour Lille (que j’adore, même, et sans doute, surtout, en hiver), pour la Baie de Somme (où je traîne souvent mes guêtres) et pour le partage de tout cela avec nous.
1000 soleils des Pays-Bas !