Le pari fou du bio par Claude Aubert

Claude AubertEn ces heures anxiogènes, voilà un livre qui nous remettra les idées au clair et qui nous indique le chemin à suivre pour l’après Covid-19. Il y a soixante ans, lorsque l’agriculture biologique a fait son apparition en France, elle ne suscita guère de réaction dans l’univers de l’agriculture conventionnelle : on est en pleine révolution verte. Claude Aubert, ingénieur agronome diplômé depuis peu de l’Agro (actuel AgroParisTech) la découvre en 1965 sur le quai d’une gare. Cela ne s’invente pas ! Un jeune ingénieur croisé par hasard lui demande s’il connaît l’agriculture biologique puis lui explique cette façon de cultiver sans apport d’engrais et de pesticides chimiques sans pour autant être en rien un retour en arrière. La curiosité piquée à vif, Claude Aubert rencontre quelques semaines plus tard Roland Chevrier, futur président de l’Association Nature et Progrès. Ensuite les rencontres les plus diverses succèdent aux rencontres et Claude finit par être convaincu que cette agriculture là est l’avenir. Et il devint maraîcher bio. En 1969, il écrit son premier livre : « L’Agriculture biologique, pourquoi et comment la pratiquer ? ». Cinquante ans plus tard, il raconte cette fois toute l’aventure du bio depuis ses origines, la création d’une charte, de l’organisme de certification Nature et Progrès, du salon Marjolaine et la fondation de Terre Vivante qui fête cette année, ses quarante ans.

Logo Nature et Progrès☞ Le livre est passionnant et se dévore comme un roman. Il est émaillé de coups de chapeau, des portraits en fait, ou de coups de projecteur sur certains sujets comme « les AMAP » ou « les résidus de pesticides qui menacent les spermatozoïdes » et puis aussi quelques coups de griffe, comme « ces fraises bio qui n’ont pas le goût des fraises » ! A noter aussi plusieurs tableaux récapitulatifs, faciles à lire, comme celui qui compare les quatre labels : européen, bio cohérence, Nature et progrès, et Demeter. Un seul coup d’œil balaie tous les doutes : ces deux derniers sont nettement plus exigeants que les deux autres. A nous d’en tirer la conclusion lors de nos achats.

AubertClaude Aubert constate que les adversités, le manque d’aide au départ notamment pour financer les recherches, etc. n’ont pas empêcher le bio de progresser dans le monde entier. Il estime qu’aujourd’hui, le pari du bio est gagné même s’il reste encore minoritaire. Finira-t-il par prendre la place de l’agriculture conventionnelle ? Sans doute pas à court terme, dit-il mais certainement à moyen terme étant donné les enjeux de santé publique et l’effondrement des écosystèmes. Pour lui, « le pari réellement fou était plutôt celui de l’agriculture aujourd’hui dominante, qui a longtemps voulu nous faire croire qu’une production agricole basée sur des variétés sélectionnées principalement sur leur potentiel de rendement, sur une utilisation massive d’engrais issus d’un procédé de fabrication très consommateur d’énergies fossiles et des centaines de pesticides était quelque chose de raisonnable. » Tout est dit !

Éditions Terre vivante, 144 pages, 15 € – www.terrevivante.org