Pour mener à bien cette étude, 122 espèces ont été suivies sur du long terme. Les scientifiques ont notamment utilisé les résultats des comptages de populations effectués entre 1980 et 2005 par les associations de protection des oiseaux type LPO de 20 pays européens.
On savait que les changements climatiques modifiaient les habitudes de certains oiseaux ainsi un nombre non négligeable de grues cendrées passent l’hiver chez nous plutôt que de rejoindre l’Afrique. Certaines aigrettes garzettes et certaines cigognes se sont même sédentarisées. La douceur du climat incite aussi les populations migrantes à étendre leur territoire vers le nord. Le guêpier d’Europe niche maintenant jusqu’en Belgique alors que jadis, il ne dépassait pas la Camargue. Le réchauffement climatique est alors plutôt un avantage: prise de risque lié au voyage réduite voire annulée ou extension du territoire. Mais le calendrier interne des migrateurs ne se modifiant pas du jour au lendemain, les effets peuvent être catastrophiques pour d’autres espèces si le retour ne coïncide plus avec l’afflux d’insectes, entre autres, à cause de la métamorphose avancée des chenilles. Ces espèces comme le gobe-mouches noir aux Pays-Bas qui ne trouvent plus à leur disposition de quoi nourrir sa nichée est rapidement condamnée. 90% de ces petits passereaux ont disparus du territoire néerlandais.
Cette étude dont les résultats ont été publiés mardi dernier synthétise donc les différentes observations. De plus, les scientifiques ont mis au point un indicateur pour les années à venir. Ainsi, les fauvettes mélanocéphales et passerinettes, le guêpier d’Europe, le bruant zizi, la bouscarle de Cetti, la huppe fasciée, le loriot, le chardonneret, la rousserolle turdoïde et la tourterelle turque devraient continuer à bien se porter mais la bécassine des marais, le pipit farlouse, le pinson du Nord, la mésange boréale, le vanneau huppé, le rossignol progné, le pouillot siffleur, le cassenoix moucheté, le traquet motteux et le pic épeichette pourraient être rapidement très menacés. Cette étude ne porte que sur les conséquences du réchauffement. N’oublions pas que tous les oiseaux souffrent aussi de la pollution et de la disparition de leur habitat. L’optimisme pour les premiers doit donc être relativisé. La prudence s’impose d’autant plus que, jusqu’ici, pratiquement tous les indicateurs liés aux conséquences du réchauffement climatique sur la biodiversité se sont révélés largement en deçà de la réalité.
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© Danièle Boone – Toute utilisation du texte, même partielle, est soumise à autorisation