Les martinets vont bientôt arriver. Moi, quand j’entends leur cris, je me dis que l’été est là, tout proche. D’une certaine manière le martinet noir ressemble à l’hirondelle et souvent les personnes non averties les confondent. Pourtant ces oiseaux ne sont même pas cousins. Le martinet a un mode de vie exclusivement aérien. C’est une extraordinaire machine volante. Roi du piqué fulgurant et des ascensions vertigineuses, maître des loopings et des tonneaux, il s’autorise des pointes à 150 voire 200 kilomètres à l’heure. Les observer chasser en fin de journée donne le tournis.
☞ Donc, il fait tout dans le ciel. Pour se nourrir, il ouvre grand son bec et happe les insectes mais il sait éviter les abeilles et guêpes piquantes. Pour boire, il descend vers un plan d’eau et ajuste sa trajectoire avec des coups d’ailes puis arrivé à une dizaine de centimètres de hauteur, il se laisse glisser pour perdre encore un peu d’altitude. Alors, les ailes grandes ouvertes, il plonge son bec en rasant l’eau sur 50 centimètre. Puis, vite, il repart. Le soir venu, il monte parfois presqu’à 2000 ou 3000 mètres d’altitude, réduit sa vitesse et se laisse flotter dans le vent. Les ailes étendues il fait des microsiestes. Il est probable qu’ils mettent en stand-bye un seul hémisphère de son cerveau à la fois, en assurant ainsi en même temps pilotage et repos. Alors quoi de plus logique que dans les airs, il s’envoie en l’air. Le mâle s’accroche au dos de la femelle et ainsi unis, les deux font, pendant quelques secondes un super vol pâmé et se retrouvent au septième ciel. De quoi faire rêver non.
De fait, seule la nidification oblige le martinet à se poser. Il choisit une cavité haut placé souvent sous le faîte des maisons ou entre les tuiles des toits d’où il pourra s’envoler sans effort. Un martinet au sol ne peut pas repartir. Ses pattes sont trop petites. Son nom latin »Apus apus » signifie d’ailleurs dépourvu de pied. Les couvées sont de deux à trois jeunes. Pour satisfaire l’appétit de leur rejetons, les deux parents chassent à longueur de journée. Pucerons, petits coléoptères, mouches, papillons s’accumulent au fond de leur gorge. Une fois qu’ils ont fait le plein, les parents régurgitent dans les gosiers grand ouvert un bol de petites bêtes agglomérées dans de la salives. Et cela jusqu’à 40 fois du matin au soir. Au total, chaque adulte capturerait jusqu’à 20 000 invertébrés par jour.
Dans les derniers temps au nid, les jeunes martinets entraînent activement leur musculature. Un soir de juillet, ils se lancent dans les airs. Il ne reviendront plus au nid et partiront d’ici peu au Cameroun ou au Gabon sans jamais se poser pendant deux ans, c’est à dire jusqu’à leur première reproduction. Leurs parents les suivront à la fin du mois de juillet au terme d’un séjour d’à peine 100 jours.
Après 20 ans de vie aérienne, le compteur des plus vieux martinets affiche quatre millions de kilomètres parcourus soit cinq aller-retour entre la terre et la lune ! Je trouve cet oiseau vraiment incroyable.
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12/04/2017 © Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte et des photos est soumise à autorisation.