Les « big five » de Marc Giraud

Les Big Five de Marc GiraudEn Afrique, les « big five » sont les cinq plus gros animaux que les touristes veulent absolument voir et photographier :  l’éléphant, le rhinocéros, le buffle, le lion et le léopard. Chez nous, tout passionné de nature rêve de rencontrer le loup, l’ours brun, le lynx, le cerf et l’aigle royal, des animaux quasi mythiques, nos « big five » à nous. Marc Giraud, l’auteur de ce livre qui vient de paraître aux éditions Delachaux et Niestlé, défend la nature de proximité, celle qui est à notre porte et qu’on oublie trop souvent de regarder. Alors en osant cette comparaison, son message est clair : nous avons chez nous aussi, des animaux extraordinaires, sachons les voir et surtout les protéger, car c’est une chance inouïe. 

☞ Grand connaisseur et défenseur de la nature, Marc utilise son talent de conteur pour les faire découvrir, accepter et aimer. Chroniqueur à RTL, il est aussi le porte parole de l’Association pour la Protection des Animaux Sauvages (ASPAS) qui œuvre à faire évoluer les mentalités et les lois, puisque l’outil juridique est l’arme principale de cette association. Ce livre lui ressemble, à la fois réaliste, plein d’enthousiasme et enchanteur car si, globalement, les nouvelles de la faune sauvage sont vraiment alarmantes, d’autres peuvent nous faire espérer que tout n’est pas perdu comme le prouve le retour de ces cinq grands animaux sauvages et d’autres encore, comme les castors, loutres ou phoques qui s’ébattent de nouveaux dans nos rivières, le balbuzard et la cigogne noire qui recolonisent des territoires. Et puis en voilà un nouveau qui s’apprête à franchir les frontières de notre pays : le chacal doré. Un éclaireur a été vu, un ouvreur de voie, les autres vont être bientôt là. La France se ré-ensauvage pour reprendre une expression chère à Gilbert Cochet.

Mais le gros problème de notre pays, c’est que certains se sont arrogés le droit de trier les animaux en utiles et nuisibles, et donc le droit de mort par tous les moyens pour les seconds. Vous avez bien compris que je parle ici des chasseurs. Pourtant, la majorité des français sont contre la chasse et pour la protection des prédateurs notamment le loup, car ce sont, eux, naturellement qui sont visés en premier par leur obsession destructrice. Ces animaux feraient du tord à leurs propriétés. Mais de quel droit s’arrogent-il ces attributions du vivant et le pouvoir de décider qu’un renard n’a pas le droit de manger un lapin de garenne, et ce faisant de les décimer, alors que si les garennes sont jugés trop nombreux et destructeurs des cultures, les chasseurs s’empressent de les tirer… comme des lapins. Je prends cet exemple car c’est un des arguments utilisés par les chasseurs pour maintenir le classement du renard sur la liste des nuisibles.

Le décalage entre une société civile convaincue et des représentants politiques qui ne font rien mine notre pays. Les mentalités évoluent plus vite que les pratiques. J’aime rappeler que l’écureuil roux a été inscrit sur la liste des nuisibles jusqu’en 1976 ! Je trouve que cet exemple parle de lui-même. Au moment où les politiques se gargarisent du mot biodiversité, ne serait-il pas temps d’interdire les fusils !!!

Pour en revenir au livre de Marc, puisque c’était mon sujet initial, vous l’avez compris, je vous le recommande. L’iconographie est magnifique et le texte se lit comme une histoire. Marc a fait des films, et il sait transposer la manière de conduire le récit en séquence où texte et visuel se répondent alors, au fil des pages, on se laisse guider à la découverte de nos « big five » pour notre plus grand plaisir. 

Big Five, le retour des grands animaux sauvages par Marc Giraud. Préface de Jacques Perrin. Éditions Delachaux et Niestlé, 192 pages, 29,90 €


10/11/2018 © Danièle Boone