Nature Nièvre – les grandes aigrettes


Ces grands oiseaux blancs peuplent nos prairies ou le bord de nos étangs et de nos lacs en hiver. Quelquefois, elles sont en compagnie de leur cousin, les hérons cendrés. Leur bec jaune à pointe noire et leur couleur immaculée en font des oiseaux impossible à confondre. Pourtant, les grandes aigrettes ont failli disparaître pour une histoire de mode ! Du 18ème siècle jusqu’aux années 1950, les dames portaient des chapeaux emplumés. Les grandes plumes ornementales, caractéristiques de la parure de noce de notre oiseau étaient particulièrement prisées. Paris comptait alors près de 800 maisons de plumassiers employant quelques 7000 personnes. Et on sait que durant la seule année 1910, au marché de Londres, 1470 kg de plumes d’aigrettes ont été vendues. Cela représente près de 300 000 oiseaux adultes assassinés sur une seule année.

☞ On le sait peu, mais un des grands chevaux de bataille de la ligue de protection des oiseaux, la LPO, à sa création en 1912, était la lutte contre le commerce des plumes de tous les volatiles sauvages destinées à la mode. Heureusement quelques couples de grandes aigrettes réfugiés dans les roselières impénétrables du delta du Danube ont pu survivre à ce génocide et petit à petit, la population s’est reconstituée. Le grand échassier blanc a commencé à réapparaître chez nous dans les années 1970. Si certaines effectuent encore la grande migration jusqu’en Afrique, d’autres, venant de l’Est, passent l’hiver chez nous. Le réchauffement climatique et ses hivers doux n’y sont pas étrangers.

Grande aigrette
Moi j’adore les observer. Elles se déplacent avec lenteur, posant délicatement leurs pattes sur le sol boueux comme pour éviter d’éclabousser leur plumage immaculé. Elles peuvent rester des heures dans les eaux peu profondes ou dans les champs, prêtes à harponner de leur long bec pointu un poisson ou un campagnol imprudent. Au repos, leur long cou est replié en S. Il se tend à la moindre alerte ou lorsqu’elles capturent une proie. Leur rapidité en fait des chasseresses redoutables. Leur vol est majestueux grâce à leurs ailes longues et larges. Leur cou rentré dans les épaules, forme un S comme lorsqu’elles sont au repos. Quand elle atterrissent, ailes écartées, tout en douceur, c’est aussi avec beaucoup d’élégance. Le plus grand de nos échassiers européen est vraiment un bel oiseau.

En 1994, un premier couple s’est reproduit en Camargue. Depuis la population des nicheurs a augmentées. On en trouve aussi au lac de Grand Lieu en Loire Atlantique et en Grande Brière. Là, on peut les observer en plumage nuptial lorsque les adultes dévoilent ces fameuses aigrettes de tous les dangers! Ces plumets diaphanes, déployés à la façon d’un éventail, les enveloppent d’un véritable voile de mariée. C’est juste magnifique. La femelle pond 4 ou 5 œufs. La couvaison, 23 jours, puis le nourrissage sont assurés par les deux parents.

Les grandes aigrettes font partie des oiseaux qui se portent bien mais elles sont fragilisées par la destruction des zones humides dont elles sont tributaires surtout pour nicher. En effet, malgré tout ce qu’on sait aujourd’hui sur leur utilité non seulement pour la biodiversité mais aussi pour le cycle de l’eau, elles continuent à être détruites. Alors soyons vigilant pour que le spectacle de leur présence puisse continuer à enchanter nos hivers.

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