Nomad Elze, un paradis au dessus de Navacelles

Au printemps, j’ai découvert un lieu magique, perché sur le causse, au-dessus du cirque de Navacelles ou plus exactement des gorges de la Vis. C’est un paradis pour qui aime la nature. Imaginez, j’étais assise là, juste à côté des fleurs jaunes, toute imprégnée du paysage grandiose. Tout à coup, je me suis retournée et j’ai vu un aigle royal se diriger vers moi. L’oiseau m’a survolé à quelques mètres. J’avais mon objectif macro sur mon appareil. Inutile donc de tenter la photo. Aucun regret, j’ai pu l’admirer à loisir. J’ai envie de partager ce lieu avec vous aujourd’hui même si les couleurs et les odeurs d’automne sont différentes, je ne doute pas qu’il soit toujours aussi féérique.

☞ En fait, je suis allée là pour le congrès bisannuel de mon association des journalistes et écrivains pour la nature et l’écologie (JNE). J’ai dormi dans cette yourte avec cinq de mes consœurs. Je n’ai pas pensé à photographier l’intérieur pourtant les meubles mongols en bois aux couleurs vives étaient magnifiques et l’atmosphère particulièrement sereine. Il faut dire que Isabelle Durand, l’hôtesse, a un goût remarquable. C’est simple: tout est beau, la salle à manger, mais aussi la chambre d’hôte, toute neuve, aménagée dans l’ancienne bergerie. Et tout est bon aussi. Avec son compagnon, elle concocte des repas qui remplissent les papilles de bonheur.

Au matin, nous avons découvert quatre paons de nuit sur la terrasse. C’est le plus grand des papillons d’Europe et il est de plus en plus rare de le rencontrer. Il faut dire, qu’ici tous les animaux sont chez eux, aussi bien les sauvages que les domestiques. Deux chevaux vivent en liberté. C’est pour quoi d’ailleurs il faut bien refermer lorsqu’on entre à Nomad Elze. Le nom annonce un campement. Il y a plusieurs yourtes dont une, presque au bord de la falaise, parfaite pour une personne seule ou un couple qui voudrait faire une cure de silence. En fait, le nom originel, c’était le Mas de l’Elze

Depuis le belvédère de Blandas, où nous avions rendez-vous le samedi matin, la vue est époustouflante. Le cirque de Navacelles apparaît dans toute sa splendeur. On comprend que tout ce territoire (Causses et Cévennes) a été inscrit au Patrimoine Mondial de l’Unesco en juin 2011. Le site est malheureusement hyper fréquenté surtout en été alors il est en train d’être aménagé. Il va perdre une partie de son côté sauvage mais, il sera mieux protégé. Les voitures n’y auront plus accès. Depuis le parking aménagé, une navette transportera les visiteurs. L’accès sera payant. Vous comprenez pourquoi mon coup de cœur se porte sur Nomad Elze même si de là-bas, on ne voit pas le dessin parfait du cirque. Mais il y a l’espace, 14 hectares, rien que pour soi. Et même s’il y a d’autres hôtes, il est facile de s’isoler un moment pour se laisser pénétrer des énergies et de la beauté du lieu.

Les différents partenaires nous ont présentés leur projet. Bon, ce n’est pas bien, mais j’avoue que tout cela m’ennuyait un peu. Alors avec mes amis, Marc Giraud et Christine Krystoff, on a fait l’école buissonnière (chut, faut pas le dire!).
Là, c’est moi en pleine action, photographiée par Christine.
L’objet de mon attention, c’est une  abeille solitaire qui a fait son gîte dans le trou d’un poteau.

Et là, c’est une fleur qui nous a interpellé. Mais aucun de nous trois ne connaissait son nom. Depuis, j’ai découvert qu’il s’agissait de la fleur de salsifis à feuille de poireau.

L’autre merveille dans le coin, c’est la Vis. De fait, c’est pour elle que nous sommes allé là. En effet, elle va être la première rivière à être labellisée « rivière sauvage ». Encore un label me direz-vous. Oui certes mais cela aide à la protection même si paradoxalement, cela fait aussi connaître. Tout le problème est là et tous les habitants n’accueillent pas la labellisation de leur rivière avec le même enthousiasme. Le samedi soir, nous avons en effet été accueillis à la fête de la Vis alors vous pensez bien qu’avec un groupe de journalistes, certaines langues se sont déliées.

Il nous a fallu faire la part des choses. Le vendredi après midi, au château de Madières aménagé en hôtel, Olivier Lebrun le maire de Rogues, Roberto Epplé, le président du Fonds pour la conservation des Rivières Sauvages (également président de Loire Vivante), Martin Arnould du WWF, Martin Guespereau, directeur de l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse et Denis Caudron, coordinateur du label de la Vis, nous ont exposés les enjeux de ce label européen et suisse dont le principal objectif est de protéger les dernières rivières non polluées.

Parmi les critères essentiels, la rivière labellisée doit conserver son débit naturel afin que l’écosystème fonctionne librement, sur un tronçon d’au moins 10 kilomètres. De fait, cela ne concerne que 0,5 % des rivières de France. Gros avantage de ces rivières encore sauvages, non polluée, elles épurent l’eau gratis! D’ailleurs, le lendemain, lorsque nous sommes partie à la découverte de la Vis, nous avons été invité à boire son eau. Certains d’entre nous n’ont pas résisté à prendre un bain comme au premier matin du monde, malgré la fraîcheur de l’eau.

Avouez que pour des naturalistes, être enfermés quand on pressent la richesse d’un espace naturel, c’est pas top. Le samedi après-midi, nous avons pu enfin nous ébattre à l’air libre. Pour certains d’entre nous, la balade commençait au moulin de la Foux.

La tentation était forte de se poser un moment à écouter les eaux tumultueuses.

Et puis nous sommes partis mais lâcher des naturalistes auprès d’une rivière, c’est assurément ne pas tenir les horaires. Et oui, tout nous intéresse. On s’arrête et on prend le temps d’identifier!

L’objet de notre quête, c’était cette orchidée. J’ai laissé faire les spécialistes et… oublié de noter le nom de cette belle qui a été un long moment au cœur de la discussion!

J’ai découvert aussi l’érable de Montpellier dont les fruits sont rouges. Là, à l’automne, c’est le feuillage qui va arborer des couleurs flamboyantes.

Le dimanche, nous avons visité l’arboretum du Grenouillet. Un grand nombre de caloptérix virgo, de jolies libellules aux reflets métalliques, s’ébattait dans les trouées de lumière. Gérard Blondeau, un super photographe spécialiste des insectes, et moi-même n’avons pas résisté à leur ballet incessant.

Guy Rieff, technicien forestier de l’ONF nous a expliqué que la maison forestière est une ancienne ferme de 400 hectares, rachetée au Consistoire protestant du Vigan en 1902. C’est le botaniste Charles Flahaut, conseiller technique en reboisement, qui l’a planté en 1905 pour tester les essences à replanter sur le Mont Aigoual alors chauve. On y trouve de très beaux sapins et pins méditerranéens, ainsi que de magnifiques Sequoia sempervirens de Californie.

Et puis, au moment du départ, j’ai vu cette mignonnette petite fleur d’un bleu éclatant que je n’avais jamais remarqué. Là, j’ai noté son nom:  lithosperme appelé aussi grémil!

Des blogs et des sites à découvrir:
Nomad Elze
Le blog de Marc Giraud
Le site de Gérard Blondeau
Le site des JNE

05/09/2013 © Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte et des photos est soumise à autorisation