Le 8 décembre 2011, un arrêté préfectoral (Puy de Dôme) déclassait le renard de la liste des nuisibles. Cette décision faisait suite à la découverte des cadavres de 26 milans royaux (rapaces protégés) et de 14 buses variables et dont l’autopsie a prouvé que ces oiseaux étaient morts empoisonnés par la bromadiolone. Cet anticoagulant puissant provoque une lente agonie des petits rongeurs mais déclenche aussi la mort des animaux qui les consomment. Après un mois de lutte des associations de protections de la nature, la LPO en tête, le préfet a enfin pris un arrêté suspensif de l’utilisation en plein champ de ce poison terrible et en même temps cet autre arrêté déclassant le renard et des mustélidés, reconnaissant ainsi publiquement l’utilité de ces espèces qui se nourrissent de campagnols terrestre.
Notre beau rouquin est en effet très utile pour l’agriculture. Il a un rôle irremplaçable dans la chaîne alimentaire. Prédateur de rongeurs, il évite leur prolifération. Un seul renard peut éliminer entre 3 et 6 000 rongeurs par an! Il apporte ainsi une solution concrète et écologique au problème d’invasion de campagnols qui se produit régulièrement tous les trois ou quatre ans. Le renard étant un animal très opportuniste, il se fait parfois charognard et participe ainsi à l’élimination des animaux malades et des cadavres, évitant ainsi les épidémies. En guise de remerciement pour tant de bons services, le goupil a un fusil pointé sur lui en permanence. Certes, il lui arrive quelquefois de profiter des poulaillers non fermés le soir mais le lièvre fuit rarement à l’approche de ce soi-disant redoutable prédateur, le chevreuil le fait battre en retraite et les vaches aussi !
L’Aspas (Association pour la protection des animaux sauvages) vient d ‘éditer une monographie très complète et superbement illustrée. Intitulé « Vive le renard », c’est un véritable plaidoyer pour ce canidé sauvage à peine plus gros qu’un lièvre ou un gros chat. La première partie consacrée à son comportement social (réputé solitaire, il peut vivre en groupe si les ressources alimentaires sont abondantes et si le milieu est tranquille), ses amours, ses petits et son incroyable capacité d’adaptation (il vit même en ville où il se nourrit de nos poubelles.) On découvre ensuite la grande imagination de ses ennemis humains, et tout particulièrement, les chasseurs, pour justifier sa destruction, mais aussi le faire souffrir en le piégeant ou pire, en pratiquant le déterrage. Le point est également fait sur les maladies (la rage autrefois et l’échinococcose) dont il peut être le véhicule qui, de fait, ne sont qu’un alibi de plus pour manipuler l’opinion publique et faire accepter son éradication.
On y apprend aussi comment reconnaître ses traces. Mesurant 5 à 6 centimètres de long, « la trace du renard est plus fine et allongées qye celle du chien, dont les coussinets sont plus larges. Mais il existe une astuce infaillible, pour faire la distinction entre les deux espèces. Pour le renard, si l’on trace une ligne imaginaire reliant la partie supérieure des pelotes digitales inférieures, elle ne coupe pas la partie basse des pelotes digitales situées en avant de l’empreinte. A l’inverse, chez le chien cette ligne coupe l’empreinte de ces deux pelotes« . (Croquis et texte sont extraits de Vive le renard, p 41). Enfin, pour finir, des conseils pour le piéger… photographiquement. Il existe aujourd’hui des appareils qui permettent de filmer et photographier l’animal même la nuit et surtout sans être présent. C’est le meilleur moyen de le découvrir dans sa vérité et quelquefois, de piéger dans le même temps… un piégeur !
Cette brochure pas chère du tout (5 €) est le fruit de la collaboration bénévole de nombreux naturalistes, spécialistes, photographes animaliers et infographistes qui, toutes et tous, ont mis leurs observations de terrain, leurs connaissances scientifiques, et leur indéniable talent au service d’une meilleure connaissance du Renard roux. C’est une mine d’informations et d’arguments en faveur de maître renard, qui, de fait, est l’emblème de cette association entièrement indépendante qui ne reçoit aucune subvention publique et ne vit donc que grâce au soutien de ses adhérents dont je suis et ses donateurs. Elle fait un vrai grand boulot en menant des campagnes d’information pour mobiliser l’opinion publique et interpeller les élus et les décideurs et surtout, elles engagent des procédures devant les tribunaux pour faire évoluer et respecter le droit de l’environnement. ☞ pour adhérer
En tout cas, en refermant cette brochure, c’est sûr, on a appris plein de chose sur le renard et les persécutions dont il est victime depuis des siècles. J’ai entendu l’autre jour une interview de Michel Pastoureau qui a publié en octobre « Bestiaires du Moyen Âge ». Le goupil, c’est comme ça qu’on l’appelait alors, passait déjà pour un animal peu fréquentable. Il n’en demeure pas moins, depuis toujours, dans l’imaginaire populaire depuis le fameux roman de Renard jusqu’au renard et l’enfant de Luc Jacquet sorti en décembre 2007. La vérité sort de la bouche des enfants, dit-on, c’est sans doute pour cela que la petite fille du film se pose une question d’un air très dubitatif : Pourquoi les grands, ils disent que le renard est un nuisible, moi je trouve ça beau, un renard!
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Vive le renard, 48 pages, 5 €
sur commande auprès de l’ASPAS, B.P. 505 26401 Crest – www.aspas-nature.org
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07/01/2012 © Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte est soumise à autorisation
Merci pour cet article très intéressant, je me souviendrai de la technique pour reconnaître l’empreinte du renard 😉 J’ai commandé le livre à l’ASPAS, il me tarde de le recevoir !