La centrale nucléaire de Belleville sur Loire située dans le département du Cher à la limite des départements de la Nièvre et du Loiret a été récemment mise sous surveillance renforcée par l’Agence de Sûreté Nucléaire (ASN) une procédure très rare et inquiétante. Elle possède deux unités de production de 1300 MW chacune, mises en service respectivement en 1987 et 1988, cela fait donc trente ans. Sa production permet l’autosuffisance en électricité de la région Centre-Val-de-Loire mais à quel prix ?
Un accident nucléaire peut survenir à cause d’une catastrophe naturelle imprévue, un tsunami, un tremblement de terre mais également de la suite d’une succession de défaillances humaines ou de défaillances techniques. Or à Belleville, l’ASN a constaté une recrudescence sur une année des anomalies, du non respect des procédures, du non respect des règlementations, d’un défaut de détection des écarts qui entraînent une dégradation du niveau de sûreté.
Nous avons donc enquêté et pour cela rencontré Perrine Goulet, députée LaREM de la Nièvre, chef de projet chargée de la sécurité à Belleville jusqu’à son élection, Daniel Desprez, membre de Sortir du Nucléaire Berry-Giennois-Pusaye, Catherine Fumé, membre de Sortir du Nucléaire Berry-Giennois-Pusaye et Jean-Pierre Thyrion, administrateur de Nature 18. Nous sommes également allé à la rencontre des habitants dont Christian Perreau, apiculteur à Cosne-sur-Loire.
Pendant de nombreuses années, les problématiques nucléaires n’étaient orientées que sur les questions de sécurité, mais aujourd’hui, de nombreuses questions se posent sur la viabilité économique et financière du nucléaire. Le vieillissement des centrales implique une augmentation constante du coût de la maintenance et donc de l’électricité nucléaire. Au contraire, le coût des énergies renouvelables baisse.
80 % de notre électricité provient du nucléaire. On ne peut que s’étonner de l’imprévoyance et de l’irresponsabilité de ceux qui, il y a 50 ans, se sont lancés dans la construction des centrales nucléaires sans réfléchir au long terme, sans évaluer le fardeau laissé aux générations à venir, notamment les tonnes de déchets radioactifs. Le nucléaire qui est une technologie dangereuse que l’on ne pourra jamais maîtriser en cas d’accident, a fait long feu. Il faut en sortir sereinement, sans baisser la garde sécuritaire, même si cela risque de prendre encore du temps.
Après l’enregistrement de cette émission, la nouvelle est tombée : les deux réacteurs de Fessenheim fermeront fin 2018. Un premier pas certes, mais il serait urgent de mettre en place un protocole daté de fermeture d’autres réacteurs.
13/11/2017 © Danièle Boone