Je viens de recevoir un communiqué de presse de l’association Agir pour l’environnement. Je trouve fort pertinente leur analyse de l’étude parue dans le magazine Linéaires. En voici donc un résumé. Le mensuel professionnel de la distribution alimentaire publie une comparaison des prix des produits biologiques et des produits conventionnels relevés dans des supermarchés. S’ils reconnaissent que la différence se réduit nettement (14 points en 2 ans), en affirmant que manger bio revient à 58 % plus cher, ils surestiment encore très largement le surcroît des produits bio et enferment encore une fois la bio dans l’image de produits réservés aux nantis.
☞ De fait, la comparaison a été établie entre les prix des produits bio les plus élevés et les produits conventionnels les moins chers ! « Une telle démarche est hautement contestable, pour ne pas dire trompeuse voire manipulatrice, souligne l’association. La seule comparaison valable consisterait à prendre en compte l’ensemble des lieux de vente alimentaire – et c’est bien les « paniers moyens » qu’il convient de comparer, et non un panier virtuel basé sur l’offre incomplète des supermarchés, déphasée de la consommation bio réelle. »
En effet, les produits biologiques frais sont beaucoup plus chers en supermarchés, en raison de la nécessité d’un suremballage et d’un stockage séparé : cet important surcoût est absent des magasins bio spécialisés. S’il est vrai que les fruits et légumes conventionnels sont généralement moins chers en supermarché que dans les magasins spécialisés ou sur les marchés, le rapport est donc exactement inverse pour les fruits et légumes biologiques ! Par ailleurs, la gamme de produits biologiques proposés dans un supermarché fait la part belle aux produits emballés et aux plats préparés… alors que ces derniers sont bien moins fréquents dans le panier des consommateurs bio réguliers. Enfin, très peu de supermarchés offrent des produits bio en vrac, du fromage bio à la coupe ou une boucherie bio : les échantillons considérés sont par conséquent non-représentatifs de la consommation.
En conclusion, cette étude prouve finalement qu’il n’est pas avantageux d’acheter ses produits biologiques en supermarché et qu’il vaut mieux se tourner vers les réseaux spécialisés. « Mais, poursuit l’association, comment parler du prix des produits alimentaires sans évoquer leur coût réel de production et des distorsions de concurrence qui pénalisent la bio ? L’attribution des aides européennes défavorise les systèmes biologiques ou paysans, et c’est actuellement le contribuable qui prend directement en charge les coûts sanitaires et environnementaux de l’agriculture. L’exemple de la ville de Munich prouve qu’il est plus économique de payer des paysans pour qu’ils produisent en bio… que de dépolluer l’eau a posteriori. »
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Pour avoir une meilleure vision du coup réel des choses, il faut prendre en compte tout les cycles de vie d’un produit : la production, la commercialisation, la consommation et la fin de vie.