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Nature Nièvre : l’ascalaphe soufré

Ascalaphe soufré

L’ascalaphe est un curieux insecte entre papillon et libellule. Leur corps est poilu comme celui d’une mouche et leurs ailes sont élargies comme celles d’un papillon mais avec une nervuration de libellule. Ils ont une envergure allant de 4 cm et demi à 5 cm et demi. En gros, on dirait des libellules ayant emprunté leurs ailes à des papillons.

Si les ascalaphes semblent être un croisement entre odonates et lépidoptère, c’est biologiquement impossible. Ils appartiennent à la famille des Névroptères soit mot-à-mot « à ailes nervurées ». Cet ordre d’insectes est méconnu du grand public. On y trouve une bonne dizaine de familles dont les les fourmilions et les chrysopes ou « mouches aux yeux d’or ». Les ascalaphes sont carnivores. Ils consomment de petites proies, principalement des diptères, tels que les mouches, les moucherons et les moustiques. Ces prédateurs actifs se déplacent en escadrilles et capturent les insectes en plein vol.

Donc si vous croisez une bestiole volante qui n’est ni une mouche ni un papillon ni une libellule mais, en même temps tout cela à la fois, vous serez sans doute face à un ascalaphe. En Bourgogne et en Berry, vous rencontrerez probablement un ascalaphe soufré, l’espèce la plus courante dans ces régions. Dans tous les cas, observer un de ces superbes insectes qui passe comme un éclair jaune au vol chaloupé et agile, est toujours un moment de grâce inoubliable.

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Découvrez les jardiniers invisibles avec Arnaud Ville

L’observation est sans conteste le premier pas vers la connaissance indispensable pour le respect du vivant. Nommer vient ensuite : on veut savoir qui est ce minuscule qui habite notre jardin. Et de fil en aiguille, l’envie d’accueillir ce petit peuple grandit. Le jardinier attentif laisse faire la nature nous rappelle l’auteur. Les équilibres d’abord ténus, se fortifient et notre jardin devient un merveilleux lieu d’accueil. Arnaud Ville est d’abord photographe. Ses photos sont magnifiques, surprenantes parfois comme ce portrait de la Mantispa styriaca, une discrète prédatrice à l’air de mante religieuse mais qui n’en est pas une. Il sait comme personne dévoiler la beauté de tous les invertébrés qui souffrent généralement d’une mauvaise image. Dans ce livre, il se révèle aussi écrivain et parle bien joliment de nos jardiniers invisibles.

« Ces petits animaux si faciles à craindre, à mépriser, si pratiques à caricaturer, juste et comme toujours, parce que l’on ne les connaît pas, à quelques exceptions près, je vais essayer de vous les montrer sous une lumière un brin bienveillante, je vous assure, ils le méritent, d’autant que, pour ce qui nous concerne, ils peuvent grandement aiser le jardinier à jardiner. » Arnaud Ville tient la promesse faite dans son introduction. Son livre est une invitation à ouvrir l’œil, alors comme le dit Xavier Mathias dans sa préface : « Et si (…), nous commencions par observer tous ces petits qui participent à la farandole du vivant ? Dans un jardin, ça grouille et ça se débrouille. »

Les jardiniers invisibles d’Arnaud Ville. Préface de Xavier Mathias. Éditions du Rouergue, 128 pages, 25 € – www.lerouergue.com

Nature Nièvre : le pyrrhocore

Facile à voir et facile à reconnaître grâce à leur dessin de masque africain, les pyrrhocores ou gendarmes sont jolis comme tout et bien connus des enfants. On les appelle aussi «cherche-midi» à cause de leur amour immodéré pour le soleil. Au cours de la journée, ils se chauffent sur la partie la plus exposée de leur support et suivent le déplacement de l’astre. Leurs accouplements dos à dos, qui peuvent durer une trentaine d’heures ne passent pas inaperçus. Les gendarmes, comme toutes les punaises, sécrètent des substances répulsives et le font savoir par leurs couleurs : le rouge, associé au noir, forme un signal visuel extrêmement fort qui annonce le danger comme nos panneaux routiers !
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Nature Nièvre : les osmies

Le trou servant à l’écoulement des eaux de vos fenêtres en bois est bouché par un opercule de terre. Rien de grave, c’est l’ouvrage d’une osmie rousse. Cette abeille solitaire à peu près de la taille d’une abeille domestique, soit 10 à 12 millimètres, est facile à reconnaître : son corps, noir à l’avant et roux vif à l’arrière est couvert d’une fourrure semblale aux bourdons. Cela peut être aussi une osmie cornue, très semblable, mais avec des cornes plus marquées. Les mâles sont les premiers à percer la fine cloison d’argile de leur cellule fin février début mars. Les femelles apparaissent une dizaine de jours plus tard. En les attendant, ces messieurs s’agglutinent autour des trous d’envol. Une grande agitation annonce l’émergence des femelles et les affrontements pour gagner le droit d’être le géniteur sont parfois violents. Quelques jours après les accouplements, tous les mâles meurent.
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La passion d’un chercheur pour des fourmis

Fourmis MatabeleErik T. Frank, post doctorant à l’université de Lausanne est un spécialiste du comportement des fourmis Matabele, une espèce africaine. Le biologiste les a observé plus précisément dans le Parc national de la Comoé en Côte d’Ivoire. Son récit, vif et plein d’humour, raconte non seulement la vie et l’œuvre de ces fourmis, mais aussi l’aventure d’un chercheur en science fondamentale. Imaginez un jeune étudiant ayant décroché un visa pour reconstruire une station de recherche tropicale avec le professeur Linsenmair. Elle avait été quasi détruite pendant la guerre civile ivoirienne. « J’ai aussi découvert le monde tout court.: la solitude, l’extrême pauvreté, l’incroyable biodiversité », écrit-il en préambule. Ce fut aussi l’occasion d’observer, sur le conseil de son professeur, ces fameuses fourmis Matabele spécialisées en attaque de termites. Fasciné, il en fait le sujet de sa thèse et va passer cinq ans à les observer tout en gérant la station de recherche. Erik T. Frank a découvert qu’elles ont la particularité de soigner leurs congénères blessées au combat. « Le fait de soigner des individus handicapés de façon permanent, ayant perdu des extrémités, n’a jamais été observé ailleurs que chez les Matabele » souligne le chercheur. La découverte de ce comportement de soin a soulevé une myriade de questions notamment : Pourquoi cette nécessité ? Dans quelle mesure ce traitement par léchage est efficace ? Que fabriquent-elles dans leur salive.? Erik T. Frank a pu répondre à bon nombre d’entre elles et les réponses sont dans ce livre à lire absolument.

Combattre, sauver, soigner : une histoire de fourmis par Erik T. Frank , CNRS éditions, 180 pages, 17 €