Totnes, ville en transition

Totnes est une jolie petite ville du Devon (Grande-Bretagne) nichée au fond d’un estuaire. Très touristique, le prix au mètre carré défie toute concurrence et pourtant, une grande partie des habitants ne s’en laisse pas compter. En 2000, ils ont choisi de faire de leur ville, la première ville en transition au monde. Si les résidences secondaires et les touristes restent nombreux, quelques hommes et femmes de conviction, viennent du monde entier, tenter l’aventure. En tout cas, Totnes est un réservoir d’idées dans lequel il faut puiser sans modération. Leur quatorze années d’expérience montrent que la société civile peut faire avancer le monde. La centaine de villes qui s’inscrit désormais dans le mouvement de transition en est la preuve.

Not made in China, Funérailles vertes, Papier recyclé… Totnes (Devon – Grande-Bretagne) affiche sa différence à travers ses boutiques. Une telle concentration de commerces bio, équitables, solidaires… est un signe qui ne trompe pas. La ville qui compte 8 000 habitants est le berceau du mouvement de la transition. « Au début, j’ai pensé qu’ils étaient fous », se souvient la maire Pruw Boswell Harper. Maintenant on mesure les résultats. Pas forcément spectaculaires : il n’y a pas de panneaux solaires ni d’éoliennes partout et les voitures restent nombreuses. La différence est indicible et pourtant bien présente. De fait, le travail s’effectue en profondeur, pour changer les consciences durablement.

Et pour donner des idées, il suffit de se balader dans les jardins publics. Un tronc d’arbre a été transformé en banc. C’est joli et en plus confortable. Bel exemple de recyclage!

TTT (Town Totnes Transition) et « Le mouvement de Transition » sont les deux instances officielles. TTT né en 2000 ne concerne que la ville. Le mouvement, international, fondé en 2006 à Totnes, relie les différentes villes en transition du monde – une centaine actuellement. Les deux instances ont pignon sur rue avec le « Reconomy Center » et sont animées par une même équipe missionnée par le District (équivalent du canton). Très motivée, elle travaille notamment sur les outils. La livre de Totnes, la monnaie locale, est l’un d’eux. Un autre, se présente sous la forme d’un classeur composé de 7 chapitres consacré chacun à un thème énergie, eau, nourriture, déchet, transport, etc. Il soutient l’opération « Rue en transition ».

Le concept est simple : une rue volontaire s’empare de cette trame de réflexion pour dresser un état des lieux et voir ce qui pourrait être améliorer et comment. Isoler les habitations, installer des panneaux solaires et/ou thermiques, tendre vers le zéro déchet, initier du co-voiturage, cultiver son jardin et, surtout, échanger… tels sont les bénéfices immédiats pour les habitants qui ont décidé d’être responsables de leur rue. Autre initiative, le forum des entrepreneurs locaux. 150 entrepreneurs ont participé au troisième forum qui vient tout juste d’avoir lieu. Ils n’étaient que 100 en 2013. C’est un brassage des énergies et de l’entraide d’où émanent des actions et des emplois qui soutiennent l’économie locale.

L’alimentation est le point fort du programme. Manger bio et local, tel est le credo de plus en plus d’habitants. Bio pour rester en bonne santé, éviter l’appauvrissement des sols et la pollution de l’eau, local pour diminuer le transport, donc, la dépendance aux énergies fossiles. Ils sont de plus en plus nombreux à faire leur potager pour plus d’autonomie et se réapproprier la nourriture. Au centre de la ville, il existe un petit jardin symbolique, the Lamb Garden. C’était une friche. Aujourd’hui, c’est un potager public où les habitants aiment venir se poser pour papoter ou tout simplement regarder les légumes pousser. A quelques miles du centre ville, la forêt jardin de Martin Crawford  et la communauté de Landmatter  proposent de nouveaux modèles pour faire pousser légumes et fruits. Enfin chacun, touriste compris, peut se procurer un plan de la ville où sont noté tous les restaurants qui proposent nourriture locale bio.

17/09/2014 © Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte et des photos est soumise à autorisation