L’uranium appauvri est un métal très dur et très dense. Utilisé comme pointe d’une balle ou comme tête d’un obus, il est capable de traverser un premier tank, puis un deuxième. Les militaires américains considèrent les munitions à l’uranium appauvri comme une arme magique. Les Français aussi. Pour ceux qui s’en servent, il est irréprochable mais des scientifiques et d’anciens responsables du Pentagone affirment que les conséquences sanitaires et écologiques sont catastrophiques pour la santé des populations concernées et la planète toute entière. Qui a tord, qui a raison? Jacques Charmelot (auteur) et François Chayé (réalisateur) ont mené l’enquête. Leur documentaire sera diffusé samedi 17 août sur France 5. Les deux hommes ont tenu à être très rigoureux, dépassionné. Leur travail est admirable. On se doit de regarder ce film pour se forger sa propre opinion sur ce sujet car notre pays continue à fabriquer et utiliser ces armes toujours considérées comme « conventionnelles » comme le fait remarquer Gérard Gachet, ex porte-parole du ministère français de la Défense.
☞ « L’uranium appauvri cumule tous les dangers, affirme Roland Desbordes, président de la Criirad (commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité), parce que c’est un émetteur alpha. Les rayonnements alpha sont ceux qui font le plus de dégâts en interne. Et aussi parce que c’est un métal lourd qu’on va garder en soi, métaboliser dans son organisme pendant des durées très longues. En effet, pour qu’il perde la moitié de son activité, il faudrait attendre 4,5 milliards d’années (l’âge de la terre). »
Isabelle Dublineau, chef du laboratoire de radio toxicologie à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, est elle-aussi formelle. « Les particules d’uranium sont dissoutes puis passent dans le sang. Elles sont ensuite distribuées dans différents organes. Une exposition, même à dose faible, a des effets néfastes sur la santé car l’uranium appauvri s’accumule dans l’organisme ». Et puis aussi: « les poussières d’uranium appauvri retombent et contaminent les sols. »
« Le coût de nettoyage d’une zone contaminée rend difficilement envisageable la réhabilitation des champs de bataille, explique Jim Mc Dermott, membre du congrès américain et, poursuit-il, « Il est admis que les zones où ont été stocké l’uranium appauvri restent inhospitalières. » Robert Alvarez qui a été responsable du département américain de l’énergie de 1993 à 1999 parle même de « zones sacrifiées au nom de la dissuasion nucléaire » car argumente-t-il: « Nous n’avons pas les moyens, ni la technologie pour les nettoyer ».
Mais, « les militaires ne veulent pas admettre les conséquenses », précise Jim Mc Dermott. Jacques Charmelot et François Chayé se sont rendu dans les pays où ont été utilisés des armes à uranium appauvri, l’Irak et la Bosnie. Constatation est faite que partout l’augmentation des cancers et autres maladies auto-immunes ainsi que les malformations des nouveaux-nés sont en nette augmentation. D’ailleurs, nombreux sont les soldats américains tombés malades après leur participation sur place à cette guerre. Marie-Claude Dubin, grand reporter, a été contaminée en Bosnie. Elle est montée dans un char détruit. Maintenant elles souffrent de lésions neuromusculaires qui risquent d’être fatales.
Quelques personnes se battent comme le père de ce jeune militaire mort d’une leucémie. Il veut faire reconnaître par l’armée que la maladie de son fils, conducteur de char, s’est déclarée parce le véhicule qui avait été utilisé en Irak n’avait pas été décontaminé. Mais le plus souvent, c’est le silence qui prend le pas. Même les victimes occidentales, souvent des militaires, ont du mal à admettre que c’est l’uranium appauvri qui est à l’origine de leur maladie.
Une résolution du 22 mai 2008 votée par le Parlement européen affirme que « l’emploi d’uranium appauvri dans les conflits viole les règles et principes fondamentaux consacrés par le droit international humanitaire, écrit et coutumier ». La France s’y est toujours opposé et a refusé de signer. Et pour cause, elle est avec les Etats-Unis, la Russie et la Chine, l’un des quatre pays qui en fabriquent le plus. Et, mais cela n’est pas dit dans le film tout simplement parce que ce n’est pas le sujet, des essais à l’air libre sont réalisés sur le polygone de Bourges, juste à côté de chez moi d’où, peut-être, ma sensibilité toute particulière à ce sujet. Triste de savoir que ma jolie campagne est une « zone nationale sacrifiée »!
Uranium appauvri, un tueur très présentable
Documentaire de Jacques Charmelot (Auteur) et François Chayé (réalisateur). Production Daniel Renouf – Sylvie Steinebach, SystemTV – 52 minutes
A voir sur France 5 le samedi 17 août à 19 h.
Rediffusions : 26 août à 14 h 35 et 4 septembre à 0 h 40.
☞ plus d’infos
☞ A lire sur ce blog: Essai d’armes à l’uranium appauvri et épandage aérien de pesticides, ça fâche!
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15/08/2013 © Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte et des photos est soumise à autorisation