La Vogalonga est une course pas comme les autres. Il n’y a pas de gagnant! Il faut juste réaliser le parcours en entier. L’enjeu est en fait d’attirer l’attention sur la lagune, la faire connaître pour la protéger. Lors de sa création, il y a trente-cinq ans, c’était avant-gardiste.
Les clubs nautiques de Venise dont la base se trouve sur les Zaterre participent naturellement à l’évènement. Dimanche matin, au bord du canal de la Giudecca, il y avait effervescence. Le temps n’était pas de la partie. Ciel de plomb, vent fort et froid, la course n’allait pas être facile.
Toutes les embarcations à rame sont autorisées. On vient de partout pour participer à la Vogalonga. Cette année, plus de 1500 bateaux et quelques 6000 rameurs ont pris le départ. Un tiers sont italiens, les autres européens mais aussi américains, canadiens, australiens…
Incroyable, le soleil est sorti pile poil au moment du départ lorsque tous les participants convergent vers le bassin de Saint-Marc. Par grand beau temps, l’ambiance est aux rires avec des équipages extravagants mais cette année, l’appréhension est au rendez-vous.
Le parcours passe par Vignole, Saint Erasme, San Francisco del Deserto, Burano, soit une bonne trentaine de kilomètres. Retour au large de Murano puis par le canal de Cannaregio pour finir par la remontée magique du Grand Canal. La force rose, une équipe de dames, a vaillamment ramé au rythme du tambour, un choix de certains et pour les spectateurs, un effet sonore de galère assez impressionnant. Cette année, avec cette météo difficile, beaucoup d’équipages sont passés à l’eau et ont du abandonner. La navigation dans la lagune n’est pas aisée pour qui ne la pratique pas régulièrement.
Autre évènement vénitien qui attire les foules, la Biennale d’Art contemporain avec cette année, l’inauguration de la Fondation Pinault à la pointe de la Douane.Le bâtiment est magnifique. L’architecte Tadao Ando a préservé la structure de brique et de bois de ces entrepôts mythiques et c’est une réussite absolue.
L’ambiance est bien différente de la Vogalonga. Ici, on se fait voir! On se retrouve, on se reconnaît, on s’extasie et… on mange! D’un palais à l’autre, le champagne coule à flot… L’obsession de beaucoup, c’est d’obtenir le laissez-passer des happy few. Je l’ai et je regarde tout cela en naturaliste amusée.
Un de mes grands bonheurs vénitiens est de me lever à l’aube, de quitter l’appartement sur la pointe des pieds et de parcourir la Sérénissime au petit matin. J’aime prendre mon capuccino au comptoir avec les Vénitiens. En ce moment, la ronde des martinets remplit le ciel de leurs cris aigus. J’ai découvert un nid juste à côté du pont du Rialto. Par chance, j’ai vu les deux parents venir nourrir leur progéniture. Ces rois du piqué fulgurant et des ascensions vertigineuses, maître des loopings et des tonneaux, s’autorisent des pointes à cent cinquante voire deux cents kilomètres à l’heure. Ils passent leur vie dans le ciel. Ils s’envoient même en l’air là haut ! Le mâle s’accroche au dos de la femelle et ainsi unis, les deux font, pendant quelques secondes, un super vol pâmé. Pour se nourrir, ils ouvrent grand leur bec et happent les insectes. Pendant le nourrissage des jeunes, ils les stockent dans une sorte de chambre située en arrière de la langue. Englués par la salive, ils forment une « balle » de la taille d’un poids chiche qui contient trois cents captifs en moyenne.
Ma passion de la nature ne m’empêche pas de prendre plaisir à la culture. J’y retrouve mes premières amours, l’histoire de l’art. D’ailleurs il me semble que l’un prépare à l’autre. J’ai récemment appris que la première réserve naturelle au monde a été créé en forêt de Fontainebleau au XIXe siècle à la demande des artistes. Les grands peintres étaient catastrophés de constater que l’exploitation de la forêt faisait disparaître les paysages qu’ils admiraient. Ils se sont donc battu pour faire accepter l’idée d’une réserve artistique et ils y sont parvenus. Bien plus tard, d’artistique, la réserve est devenue naturelle, qualificatif auquel on est habitué maintenant.
J’ai poursuivi mon périple culturel au Palais Grassi, premier espace de la Fondation Pinault. J’ai profité à fond du droit de photo octroyé pour l’occasion. Le palais est magnifique. Un cocktail était donné dans le jardin du palais voisin. Je suis arrivée à la fin, il n’y avait plus rien. Du coup, il n’y avait plus personne non plus mais plus grave, le buffet a fermé une demie heure plus tôt que ce qui était écrit sur mon petit carton qui, du coup, avait perdu son effet sésame. Devant ma déception, le personnel a fini par me laisser entrer et j’ai pu savourer pleinement le jardin de roses et de sculptures habituellement fermé au public mais que depuis toujours, j’admire du vaporetto.
La biennale, c’est aussi et surtout l’occasion de découvrir des palais et des bâtiments habituellement fermés comme cet ancien entrepôt de sel sur les Zaterre où la fondation Vedova a monté une exposition amusante, en forme de show, où ce sont les œuvres qui viennent à vous!!! J’ai pu aussi découvrir la Scuola Grande della Misericordia, un bâtiment en cours de réhabilitation qui, un temps, servait de terrain d’entraînement aux basketteurs de Cannaregio!
• Biennale de Venise jusqu’en octobre.
• Du côté des papilles, j’ai testé un nouveau restau Corte del Remer. Il faut y aller le midi, buffet à volonté et plat de pâtes pour 20 € tout compris même la boisson! En plus c’est délicieux.
La Corte del Remer est sur le bord du Grand Canal non loin du Rialto. Itinéraire 7 dans mon guide, le piéton de Venise.
• Toutes les infos pratiques dans Mon carnet de route.
06/06/2009 © Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte et des photos est soumise à autorisation