Pourquoi, comment et où cultiver ce que l’on mange, tel est le sous-titre du livre de Frédérique Basset qui vient de paraître aux éditions rue de l’échiquier. Le sujet, vous le savez, me passionne. J’en ai même fait une option personnelle. Faire mon potager, pour moi, c’est entrer en résistance. Je considère même que c’est un acte politique. Ce qui est réconfortant, c’est que je ne suis pas seule à penser cela comme en témoigne ce livre.
☞ L’ouvrage est préfacé par Philippe Desbrosses, un militant de longue date pour la bio, fondateur du centre pilote de formation Bio et du Conservatoire de Sainte Marthe. Il est également cofondateur de l’association Intelligence verte pour la sauvegarde du patrimoine génétique et de la biodiversité. « C’est un paradoxe, écrit-il, la crise que nous traversons est riche en opportunités. Elle met en œuvre des mécanismes de résilience en stimulant l’intelligence collective et la créativité. » Et il souligne plus loin » A chaque fois que la société civile trouve une solution ingénieuse pour son bien-être et sa santé, pour son indépendance alimentaire, énergétique et économique pour dépenser moins et vivre mieux, un bataillon de lois, de normes et de règles contraignantes, sous des prétextes hypocrites, empêchent ces libertés de s’exercer. Ainsi en a-t-il été du purin d’ortie (…) ou des plantes médicinales. »
Ça fait du bien de lire ces vérités noir sur blanc. Frédérique Basset nous en livre plein d’autres et cite fort à propos d’autres auteurs. J’ai particulièrement apprécié les dessous de la tarte aux cerises de supermarché dévoilés par les agronomes Claude et Lydia Bourguignon. Elle rappelle l’attitude monstrueuse de ceux qui se sont appropriés le monde et qui n’hésitent pas à affamer des populations entières (peut-être même le font-ils exprès – ça c’est moi qui rajoute) en spéculant sur les matières premières et en achetant les terres vivrières des pays en voie de développement. Il m’arrive de leur souhaiter une longue maladie douloureuse et fatale face à laquelle, enfin, leur argent serait impuissant! Mais je ne suis même pas sûre que cela les éclairerait et les mènerait sur un quelconque chemin de rédemption.
Après avoir fait l’habituel état des lieux qui rend pessimiste, Frédérique Basset raconte toutes ces actions partout dans le monde, comme autant de boutons de fleurs en promesse d’une belle éclosion: jardins partagés, jardins d’insertions, jardins pédagogiques, lopins de terre urbains transformés en potager, toits verts de Paris, du Québec, du Caire, de Gaza, de Cuba… Et là, l’espoir renaît car, même s’ils ne sont pas majoritaires, les artisans de ces transformations sont de plus en plus nombreux. Oui, c’est possible de produire du bon, de nourrir sainement, d’éviter les longs transports… Quand donc, ceux qui nous gouvernent comprendront et oseront soutenir ces solutions qui sont à la portée de tous.
N’hésitez donc pas à lire « Vers l’autonomie alimentaire ». C’est un livre sain qui dénonce le scandale du contrôle de l’alimentation par les industries et de la main-mise sur le vivant par quelques grosses firmes. C’est un livre tonique qui invite à la résistance et à la réappropriation de notre liberté, de nos vies, à nous et à celle des générations futures.
Vers l’autonomie alimentaire – Pourquoi, comment et où cultiver ce que l’on mange par Frédérique Basset. Editions Rue de l’échiquier, collection Diagonales, 13 €