4  saisons : zéro pesticide, enfin ! 

4Saisons Zero PhytoCe premier janvier 2019, l’usage de tous les produits phytosanitaires sera interdit au jardin, cela valait bien la peine d’en faire le dossier de ce numéro. Il faut dire que ce combat est inhérent au magazine comme le rappelle Marie Arnould, la rédactrice en chef, dans son édito. C’est le 23 avril 1979 que l’équipe fondatrice s’est rencontré pour la première fois avec l’objectif de créer une maison d’édition consacrée au bio. Dans le numéro 42 (janvier-février 1987), étaient publiés les résultats d’une étude menée par Terre Vivante avec le concours de 51 mères volontaires, une des premières du genre. Elle démontrait la rémanence des pesticides : leur lait était toujours pollué par les insecticides organochlorés, quatorze ans après l’interdiction de la majorité d’entre eux.

☞ Pour commencer, l’interview de Joël Labbé, ce sénateur parvenu à faire passer sa loi malgré le lobbying de la puissante Union des industries de protection des plantes (UIPP) et de l’Union des entreprises pour la protection des jardins et des espaces publics (UPI). Il a malgré tout du faire des concessions, ainsi ces  produits restent autorisés en agriculture mais aussi dans les espaces verts privés (jardins de copropriétés, hôpitaux, maisons de retraite, sièges sociaux d’entreprises) et bien qu’interdits d’usage pour les collectivités locales, ils demeurent tolérés dans les cimetières et les stades ! 

Le magazine fait aussi le tour des produits autorisés en bio vendus dans les jardineries. « On trouve cinq à six produits différents contenant le même Bt, à la même concentration, avec des appellations souvent très imprécises comme « insectes du potager et fruits« , écrit Denis Pépin, l’auteur de l’article qui a mené l’enquête. Brigitte Lapouge-Déjean, dans son article sur les produits faits maison, s’interroge : « Comment ne pas se sentir interpellé quand, après avoir freiné des quatre fers pour conserver le leadership dans la diffusion de substances toxiques, ils passent doucettement à la « tisane d’ortie » et à la poudre d’argile ? L’idée de les enrichir me chiffonne, surtout qu’en l’occurence, il s’agit surtout de payer à prix fort des ingrédients de base faciles à trouver et à mettre en œuvre, ne justifiant pas les prix affichés. » 

Mise en garde sévère est faite aussi sur le pyrèthre, cet insecticide naturel non sélectif autorisé en bio. Certes, les produits naturels ne s’accumulent pas dans la chaîne alimentaire car leurs molécules complexes sont absorbées rapidement cependant le pyrèthre tue sans distinction tous les insectes en contact avec lui. Vous vous débarasserez des pucerons mais vous éliminez du même coup les auxiliaires qui auraient pu faire le boulot à votre place. Xavier Mathias suggère donc au jardinier amateur d’accepter de subir quelques pertes. « Au lieu d’avoir les doigts sur la détente du pulvérisateur, laissez plutôt faire la nature. Vous verrez, ça se passera bien ! » Il a raison.

En kiosque, 6,60 €

30 décembre 2018 © Danièle Boone