Les grues cendrées du lac de Der

Grues cendrées en vol

Je suis venue voir les grues cendrées  mais cette année, avec l’automne très doux, elles prolongent leur halte dans le nord de l’Allemagne. Le dernier recensement, d’il y a quelques jours, fait état de 3 800 grues, ce qui n’est rien par rapport aux 40 à 50 000 qui habituellement font une pause régénératrice au lac du Der. En novembre, elles sont encore plus nombreuses et leur nombre peut atteintre 70 voire même 80 000. Il faut dire que sur les 230 000 grues qui traversent la France entre octobre et novembre,  la moitié  font escale au Lac du Der et 6 à 7000 d’entre elles y hivernent.

Lever du jour sur le lac de Der

7 heures sur la digue. Les premières lueurs du jour teintent en rose le ciel et l’eau. Je me souviens avec un peu de nostalgie de ma précédente visite, il y a quatre ans, jour pour jour. Une rumeur étaient montée des îlots qui leur servent de dortoir, devenant rapidement un concert presque assourdissant. Et puis tout à coup, ce fut l’envol. En une demi-heure, les 38 000 présentes ce jour-là ont décollé. Un spectacle grandiose. Leurs silhouettes dansaient dans le ciel cuivré.

Mouette rieuse

La nature est ainsi, imprécise dans ses rendez-vous, mais néanmoins toujours généreuse. Ce matin, une colonie de mouettes rieuses s’en donnent à cœur joie. Elles plongent, rapides comme l’éclair et ressortent des petits poissons dans le bec. Magnifié par la lumière matinal, le spectacle est un vrai cadeau.

Lever du jour en pays du Der

Côté terre, la brume matinale nimbe le paysage d’un voile léger qui ne va guère résister longtemps aux rayons du soleil, car il fait grand beau. Il fait juste assez froid pour que la nature se pare de la blancheur légère des premières gelées. Alors que je suis dans la contemplation des variations de lumière,  j’entends tout à coup les « Krrou… Krrou… » sonores annonciateurs des grues. Un escadron d’une  trentaine d’individus passe au-dessus de nos têtes.

Grues cendrées en vol

Elles volent avec élégance, cou et pattes tendus. Les jeunes de l’année qui ont environ six mois se reconnaissent à leur plumage uniforme. Les adultes ont la tête blanche.

Petit matin sur la digue

Le jour est maintenant complètement levé. Au total, nous aurons vu passer une cinquantaine de grues. Mais où sont-elles passées? Nous décidons de quitter la digue et de nous rendre à Chantecoq, un site très beau et très prisé des oiseaux et donc des ornithologues pro, amateurs et néophytes.

Lac du Der Chantecoq

Avec une superficie de 4 800 hectares, le lac est une halte incontournable pour une foule de migrateurs. Un groupe de sarcelles d’hiver se nourrit avec ardeur, la tête constamment sous l’eau. Du coup, les oiseaux ressemblent à de grosses pierres arrondies qui… dériveraient! Un peu plus loin, une équipe de canards siffleurs batifolent et une bande de cormorans pêchent avec volupté.
Le lac est aussi un des rares endroits de France où l’on peut, à partir de la mi-novembre observer le pygargue à queue blanche, un splendide rapace de la taille d’un aigle royal.

Oies cendrées

Les oies cendrées arrivent bien avant les grues. Elles sont entre 1000 et 2000 à hiverner chaque année sur le lac. La plus grandes des oies sauvages avec 1,8 m d’envergure se reconnait facilement avec son bec triangulaire orange. Lorsque les grues arrivent , les deux espèces se partagent très pacifiquement le territoire par chassé-croisé.  En effet, le matin, lorsque les grues quittent les îlots, les oies les colonisent. Le soir, le mouvement est inverse.
Dans les prairies humides des alentours, les grues côtoient d’autres oiseaux spectaculaires. Impossible de manquer les silhouettes hiératiques de quelques hérons cendrés, montant la garde dans le bocage. Les grandes aigrettes fréquentent également les herbages du Der.

Oies cendrées

Pour ce qui concerne leur régime alimentaire, les grues raffolent des graines de maïs et autres céréales. Dans un souci de maintien de la coexistence pacifique avec les agriculteurs, le réseau Grues a mis en place des zones d’agrainage, véritables réfectoires en libre-service. Et ça marche! D’ailleurs, c’est le seul endroit où nous avons fini par les trouver. D’une année sur l’autre, ces oiseaux gardent en mémoire les sites de nourrissage et les trois hectares de la « ferme aux grues »  sont, pour elles, un « must » gastronomique. Et leurs admirateurs en sont ravis. Un affût leur permet de les observer en toute quiétude.

Envol de grues cendrées

Toujours inquiètes quand elles sont à terre, les grues s’envolent à la moindre alerte et ne peuvent s’abandonner au repos que protégées par une étendue d’eau suffisamment vaste. La création dans les années 1970 du lac artificiel du Der leur a fourni une somptueuse escale migratoire avec gîte et couvert. Cette véritable mer intérieure prend des allures d’estuaire embourbé en automne après la marée artificielle qui le vide à 90%. Les îlots exondés sont parfaits pour les grues. Ils leur offrent une grande visibilité et une protection quasi totale.

Emmanuel Fery, guide naraliste

Je n’aurais sans doute pas pu suivre à la trace les quelques grues présentes sur le site sans Emmanuel Fery, un guide naturaliste passionnant et passionné. Il organise régulièrement des sorties nature notamment à la demande. Je vous le recommande vivement si  vous souhaitez tout apprendre sur les grues et le pays du Der car Emmanuel sait aussi bien parlé de la gente ailée que des maisons à pan de bois caractéristiques de la région.
Pour le joindre:  06 73 99 58 31 – mailsite

Pour en savoir plus sur les grues: lpo Champagne-Ardennes et Grus-grus.eu

Pour votre séjour
S’y rendre: si vous venez en train, la gare la plus proche est Vitry-le-François. Le TGV Est s’y arrête.
Se loger: je vous conseille le gîte « Au milieu de nulle part… », c’est son nom bien mérité. Si vous en avec les moyens, offrez-vous la cabane dans les arbres. Vous assisterez quasiment de votre lit au lever des grues. Tél.: 03 26 72 15 66 / 06 67 36 74 93 – mail
Double plaisir: pourquoi ne pas programmer votre découverte des grues en même temps que le festival international de la photo animalière et de nature de Montiers-en-Der qui aura lieu du 20 au 23 novembre. Un seul bémol, il n’est pas aisé de trouver un hébergement à cette date.
Plus d’infos: comité départemental du tourisme de la Marne, tél.: 03 26 68 37 52 ou office de tourisme du lac de Der, tél.: 03 26 72 62 80

27 octobre 2008 © Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte et des photos est soumise à autorisation


7 réflexions sur « Les grues cendrées du lac de Der »

  1. Merci, j’ai beaucoup aimé votre site, ancienne champenoise ayant pu admirer ces magnifiques grues, je ne suis jamais parvenue a faire des photos comme les vôtres !!!, Je connais bien cette région pour y avoir eu de la famille (10) (51) (52) (55) , ayant résidé 40 à COMMERCY
    Maintenant que j’ai quitté la Champagne et la Lorraine j’ai pris cette
    passion : la peinture, que je pratique tranquillement en amateur, techniques variées, huile, aquarelle, acrylique, pastel sec, collage et mixte, donc je vous demande l’autorisation de capturer quelques unes de vos photos, afin de pouvoir réaliser une petite toile, je ne la ferai pas à l’identique, mais je m’en inspirerais en prenant par exemple un paysage du Lac du DER et un vol des grues que j’y ajouterais. Il faudra que je réfléchisse en temps voulu. Bien cordialement

  2. Suis allée l’an passé au magnifique festival de photos de MONTIERS EN DER ; chaque année je tente de photographier des milliers de grues qui défilent au dessus de mon village près de TONNERRE (89), les dernières que j’ai vu partir C T le 20 déc.2011.
    (Il m’arrive de voir quelques cigognes égarées ou fatiguées ; mais très rarement).
    MERCI POUR CE BLOG EXTREMEMENT RICHE

  3. Novembre, c’est la bonne période mais avec un risque important de brouillard le matin sur le lac lors de l’envol. On entend mais on ne voit pas !!

  4. Quelle est la meilleure période de l’année pour voir les grues cendrées s’envoler du lac du Der? Merci d’avance.

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    Du 1er novembre au 15 décembre

  5. Merci pour toutes vos informations.

    Nous sommes un groupe qui faisons des randos en roller. Nous avons fait 2 rando dans votre région, nous étions logés au camping de Radonvilliers.

    Avez vous un plan logement pas trop cher pour un groupe d’environ 10 pers et ouvert le weekend du 7 et 8 novembre 2009

    Merci d’avance.

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    J’étais comme vous, de passage. Je n’ai donc pas de plan logement autre que le gîte « Au milieu de Nulle part ». Il était bien et peut accueillir un groupe de 10 personnes.

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