Open Agrifood à Orléans : une opération pour verdir l’agrobusiness

Une partition bien connue de tous les lobbyistes va se jouer ces jeudis 20 et vendredi 21 novembre à Orléans. Elle a été inventée par les industriels du tabac. Il s’agit d’organiser un grand colloque et s’arranger pour qu’aux yeux du public, il passe pour objectif et scientifique. Cette fois, c’est l’agro-industrie qui est le sujet à verdir. La manifestation orléanaise initiée par Xavier Beulin (gros céréalier de la région, patron de la FNSEA et d’une énorme boîte de l’agro-industrie, Sofiprotéol, dont le chiffre d’affaires atteint 7 milliard d’euros) se dit être un  « Forum international de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Distribution Responsable ». Il s’agit pour eux de mettre en place la « 3ème révolution agricole et alimentaire » c’est à dire, vous l’aurez deviné, de définir et imposer le modèle alimentaire des générations futures en s’appuyant sur une agriculture et une industrie de transformation « innovantes » et  compétitives.

☞ C’est bien ficelé. L’agriculture biologique, l’agriculture urbaine, la préservation des ressources figurent dans le programme mais à y regarder de plus près, presque toutes les intervenants sont des consultants de BeCitizen, une grosse boîte du groupe Greenflex spécialisée en « Stratégie Économie Positive ». On note toutefois la présence de Paolo Di Croce, Directeur de Slow Food International, ce qui me pose question car comment croire aux bonnes intentions de ce rassemblement parrainé par Axereal, Leclerc et… Cargill, le géant américain des céréales d’autant qu’il est piloté, comme je le disais au départ par Xavier Beulin. Personne n’ignore que la FNSEA a très récemment organisé une manifestation pour le barrage de Sivens et qu’elle soutient des projets comme la ferme des mille vaches en Picardie ou celle, déjà en fonctionnement, des mille truies en Bretagne.

Le pire, c’est que ce modèle de production privilégiant rendement et compétitivité qui est en train de s’installer en France malgré ses coûts écologiques élevés est une course en avant… d’hier n’est pas viable. Toutes les études montrent que ce modèle est dépassé et qu’il va droit dans le mur. Mais dans l’instant, il rapporte gros à tous les Xavier Beulin du secteur et nous coûte instantanément cher puisque la moitié du budget de cette manifestation, soit environ 250 000 €, provient de fonds publics! Et je ne reviendrai pas sur ce qu’il  coûte sur le plan environnemental et dans le domaine de la santé.

Les partisans de l’agriculture paysanne organisent une contre manifestation à 12 heures le jeudi 20 novembre à la fin donc de la première matinée de « travail » des participants à Agrifood. Après une marche citoyenne devant le théâtre d’Orléans, un apéritif paysan sera offert. Il y aura quelques animaux et un tracteur, des étales de marché et des produits paysans. Cette contre-manifestation organisé entre autres par la confédération paysanne, Ardear France, Nature Centre, et avec le soutien de Marc Dufumier et Aurélie Trouvé veut montrer qu’une autre voie est possible. Il existe en effet de nombreux paysans et acteurs de la société civile qui depuis des dizaine d’années s’inscrivent dans une vraie démarche d’agroécologie et qui développent sur le territoire une agriculture qui travaille avec la nature et répond à la demande des consommateurs notamment à travers les circuits courts.

Rendez-vous jeudi 20 novembre à 12 h devant le théâtre d’Orléans, boulevard Pierre Ségelle. Venez nombreux.


17/11/2014 © Danièle Boone