Après l’hiver, la nature renoue avec les couleurs. Elle nous donne rendez-vous avec les fleurs du printemps comme ces anémones pulsatilles, petites merveilles de délicatesse parmi les premières à fleurir. Invitée à découvrir la pelouse de Grand Vau par Christine et Pierre Spataro, espace naturel sensible (ENS) dont ils sont les conservateurs bénévoles, j’ai ainsi pu découvrir la plus importante population d’anémones pulsatilles de la région centre. Entre 10 et 15.000 anémones pulsatilles s’épanouissent chaque année sur cette pelouse calcaire située à Massay dans le Cher.

☞ En cette matinée fraîche, les anémones closes sont courbées vers le sol. Des gouttelettes de rosée, brillantes comme des diamants, ornent leur robe violette composée non pas de pétales comme on pourrait le croire  mais  de sépales pétaloïdes. En fin de matinée, le soleil apparaît et là, les anémones s’ouvrent pour laisser apparaître une couronne d’étamines or.  Ces fleurs de la famille des renoncules sont très nectarifères. Elles attirent abeilles sauvages et bourdons.

Les anémones aiment les pelouses calcicoles chaudes, ensoleillées et s’installent volontiers sur les pentes. Pour résister à la chaleur, elles sont aussi très poilues. Ce duvet leur permet d’éviter l’évaporation de l’eau qu’elles contiennent.  Espèce sensible que l’on croise souvent, comme ici, dans des sites protégées, il est important de se contenter de l’observer et/ou de la prendre en photo. Même si leur nombre est impressionnant, les anémones pulsatilles sont des fleurs fragiles d’autant que leur habitat, pelouse calcicole, se fait de plus en plus rares.

Quelques jours plus tard, je me suis rendue dans la forêt d’Apremont, à l’autre bout du département. Avec mes amis du Val d’Allier, nous avons chercher d’éventuels nids de cigognes noires, des oiseaux très farouches, extrêmement sensibles au dérangement. C’est pourquoi, lorsque nous avons des indices de présences pendant la nidification, nous recherchons les nids pendant la période hivernale, lorsque ces grands oiseaux migrateurs sont absents. Cela permet de revenir l’été, le plus discrètement possible, pour voir si le nid repéré est bien occupé par un couple de cigognes noires. Mais l’exercice est fastidieux : c’est un peu comme rechercher une aiguille dans une botte de foin.  Par contre, en cette très belle journée, nous avons bien profité de la forêt d’autant que pour multiplier nos chance, nous avons arpenté la forêt individuellement. Ainsi, en marchant en silence, l’œil aiguisé, nous sommes en osmose avec la forêt.

La stratégie des fleurs des bois est de fleurir très tôt pour pouvoir profiter de la lumière avant la sortie des feuilles. C’est pourquoi nous avons de véritables tapis. Ceux de jacinthes des bois sont parmi les plus beaux mais il faut attendre encore un peu. Ici, il s’agit de petites pervenches.

Les pervenches qui aiment les sols frais possèdent un feuillage persistant et forme un réseau de tiges et feuilles luisantes qui couvre le sol.

J’adore les primevères élevées toute en délicatesse qui doivent leur nom à leur haute tige. Elles fleurissent principalement dans les bois.

Leurs fleurs  sont jaune pâle avec une tache orangée au centre qui dirige les insectes butineurs.

Le polytric commun n’est pas une fleur mais avec un rayon de soleil cette mousse étoilée est aussi très belle. Elle forme des sortes de coussins souvent très denses.

J’ai toujours été fascinée par les euphorbes. Leurs fleurs qui marient subtilement des nuances de vert, illuminent l’espace.

Enfin, le week-end dernier je suis allée chercher de l’ail des ours à la Motte d’Humbligny. C’est le point culminant du Cher (431 m).

Le lieu est incroyable. Je ne saurais dire la surface occupée par l’ail des ours qui s’étend à perte de vue dans la forêt de feuillus. Dans quelques semaines, elle sera en fleur, et tout le sous-bois sera blanc.

La petite anémone des bois se mélange à l’ail des ours en bordure du grand tapis.

Les anémones des bois encore appelée anémone Sylvie forment aussi des tapis. Comme les autres anémones, elles fleurissent très tôt dans la saison. Le printemps se poursuit avec tous ses cadeaux. A suivre donc.

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10/04/2024 © Danièle Boone