Entre COP21 et élections, la responsabilité en berne

Les négociations de la COP21 sont à mis parcours. On sait déjà qu’il n’y aura rien d’éclatant. Dans le dernier numéro de Kaizen, même Pierre Rabhi est dubitatif : « Je me méfie de ces grandes-messes que je perçois comme un alibi de la part des États disant à leur concitoyens : « Ne vous inquiétez pas, nous nous occupons du problème. » D’une part, cela décharge de sa responsabilité individuelle et, d’autre part, cela perpétue une « politique des rustines » qui fait de l’acharnement thérapeutique sur un système moribond. » Au Grand-Palais, Véolia, Engie, Renault, Avril… et bien d’autres proposent leurs « solutions » au changement climatique. De bonnes solutions pour leur porte-monnaie, c’est sûr. Grâce à leurs « généreuses » inventions, ils s’en mettent plein les poches et sont les champions des subventions. Pour certaines comme les biocarburants, la démonstration a déjà été faite qu’elles contribuent au contraire à aggraver la situation.

☞ Et puis, il y a l’autre COP, celle des militants du monde entier qui se retrouvent à Place to B et au jardin d’Alice et qui étaient à Montreuil ce week-end pour Alternatiba – le village mondial des alternatives. Deux journées pétillantes avec, notamment, le sommet des 196 chaises. Vous savez ces chaises réquisitionnées dans des agences BNP ou HSBC de toute la France depuis le 30 septembre. Pourquoi 196 ? Parce qu’il y a 196 parties à la COP 21, qui se déroule au Bourget ! L’idée c’était de dénoncer l’évasion fiscale pratiquée par ces banques et dire que l’argent caché dans les paradis fiscaux pourrait financer la transition écologique pour éviter l’aggravation du changement climatique. Alternatiba montre que les alternatives qui permettent d’éviter l’aggravation du changement climatique existent déjà et sont réalistes.

Dans le même temps, les résultats du premier tour des régionales sont tombés. Ils résonnent en écho à l’état d’urgence décrété à la suite des attentats et qui s’accompagne de la répression tout azimuth des mouvements sociaux. Peur, racisme, haine pour les uns, désespérance pour les autres dont je suis devant tant d’imbécillité. Le front national est le parti politique qui compte le plus de climatosceptiques. Vingt-quatre militants écologistes ont été assignés à résidence. On apprenait aussi la semaine passée par Reporters sans frontières que depuis 2010, dix journalistes ont été assassinés parce qu’ils enquêtaient sur des sujets environnementaux. Les sujets écologiques traitent d’enjeux qui peuvent bousculer les pouvoirs politiques et économiques. Les paroles de Pierre Rabhi concernant la COP21 dépassent largement leur sujet et sont aussi valables pour ce paragraphe.

Alors, il faut rester bien droit dans ses bottes et avancer. « Demain », le film de Mélanie Laurent et Cyril Dion montre aussi qu’un mouvement est en marche, un mouvement universel. De plus en plus de citoyens du monde, responsables, n’attendent plus que les autres s’occupent du problèmes à leur place. Ils vivent dans et avec leurs solutions. Ils avancent comme par exemple la ville de Détroit aux États-Unis, « une ville complètement détruite, sinistrée, confrontée à cet effondrement que nous redoutons tant, où les habitants se sont rassemblés et entraidés pour faire de l’agriculture urbaine pour sortir de l’impasse » explique Cyril Dion.


Pour suivre le déroulement de la COP21, je vous conseille www.reporterre.net ainsi que le blog d’Olivier Nouaillas qui publie un article chaque jour pour raconter « sa cop21 » .


09/12/2015 © Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte est soumise à autorisation.