Ça fait vraiment plaisir de voir un tel film avec des images splendides et une histoire qui fait battre les cœurs. Et en plus, tout est vrai ! J’ai eu la chance d’assister à une projection suivie d’une rencontre avec Keith Scholey et Alastair Fothergill, les réalisateurs du film et la caméraman Sophie Darlington qui nous ont expliqué leur fabuleux tournage.
☞ Keith Scholey, producteur et réalisateur, voulait faire Le Roi Lion en vrai. Oui mais comment s’y prendre lorsque dans le même temps, lorsqu’on veut en même temps faire du vrai. En effet, aucune image, aucun comportement n’a été transformé. « On a écrit un scénario plausible, explique-t-il. En effet, pour raconter une histoire, il faut qu’il y ait une action, un changement de dominant par exemple. C’est, en effet, un tournant décisif dans la vie d’une troupe de lions quand le vieux roi est renversé. Ce phénomène relativement rare plonge la vie du groupe dans le chaos. Après nous avons procédé au casting. »
Keith Scholey était bien placé. Ce zoologue britannique est né et a grandi en Afrique de l’Est et il connaît bien le Masai Mara où a été tourné le film, un des endroits au monde où il reste le plus de félins. Et puis, il a su s’entourer de vraies compétences tant du côté de la co-réalisation que des caméramans, tous spécialistes de la faune sauvage, sans oublier Sarah Durant, une scientifique spécialiste des félins. Côté lions, l’équipe chargée du casting a d’abord découvert le clan des Marais mais à l’évidence, il était bien stable. Comme il était peu probable qu’un changement de pouvoir arrive, les recherches ont continuée. De l’autre côté de la rivière, il y avait ce vieux lion encore superbe malgré sa dent cassée. Il y avait aussi une femelle âgée qui boitait et qui était la mère d’une jeune lionne. Décision fut prise rapidement: Fang, Layla et Mara allaient devenir trois des principaux personnages.
Côté guépard, l’équipe découvrit pratiquement tout de suite cette femelle accompagnée de cinq petits. Son nom d’actrice, Sitta signifie six en swahili. Elle était connue pour avoir déjà réussie des portées, ce qui est une vraie gageure pour une mère célibataire, condition inhérente à l’espèce.
« Elle a fait preuve d’un courage et d’une ténacité incroyables face à tous les périls, explique Sophie Darlington. Elle est allée jusqu’à attaquer des lions pour protéger ses petits. Je l’ai suivie durant deux ans. Jamais je n’avais fait ça auparavant. Elle est devenue mon héroïne. »
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Un seul mâle dominant ne peut pas garder sa place longtemps. Ce qui devait arriver arriva. Un mâle vivaient de l’autre côté de la rivière. Il était superbe, dans la force de l’âge, et accompagné de ses quatre fils, quasi adultes, ce qui lui conférait une force quasi invincible. Baptisé Kali ce qui veut dire « dangereux » en swahili, ce magnifique félin endosse le rôle du méchant. « Nous étions sur place pour filmer Kali défiant Fang, se souvient Keith Scholey C’était époustouflant ».
Le film repose sur des images fabuleuses qui ont pu être réalisées grâce à des moyens techniques exceptionnels: caméra haute définition à 450 images par seconde, caméra ciné flex qui permet des prises de vues sans bougés depuis un hélico ou une voiture en marche, et surtout du temps. De fait, sur les deux ans de tournage, il n’y a eu qu’une vingtaine de jours où il s’est vraiment passé des choses comme par exemple l’attaque des jeunes guépards par une bande de hyènes. Les animaux du parc du Masaï Mara sont habitués à la présence des voitures des touristes. L’équipe de tournage a pu s’approcher parfois incroyablement près. Les félins poursuivaient leur vie sans leur prêter attention. Et lorsqu’il y avait un drame, il n’était pas question d’intervenir, le B.A.BA de tout naturaliste. Et c’est ce qui donne toute sa valeur à ce film. Des situations encore jamais filmées, notamment les interactions entre différentes espèces, nous en apprennent beaucoup sur le comportement de ces magnifiques animaux.
Ainsi le film est tout à la fois un récit – Pascal Elbé en est le narrateur – et un documentaire. Mais ce qui fait la différence avec ce dernier genre, c’est que les spectateurs découvrent la vie des félins d’une manière émotionnelle et non pas didactique. Personnellement je crois beaucoup à la force de l’histoire pour faire passer un message.
☞ le site du film
☞ voir la bande annonce
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02/02/2012 © Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte est soumise à autorisation